Primo Levi - Si c'Est Un Homme

reste étrangement calme par rapport à ses bourreaux. Il répète à plusieurs reprises qu’il n’est pas ici pour faire leur procès ou bien les juger. La vision qu’il nous donne d’eux, se rapproche de la théorie d’Anna Arendt sur la banalité du mal. On le constate rien qu’au premier chapitre, quand les agents de police trient les Hommes qui arrivent du convoi, il est dit qu’ils le font sans jamais se départir de la tranquille assurance de qui ne fait qu’accomplir son travail de tous les jours. Cela est repris au chapitre 15, quand la Kapo lance une brique dans le tas de prisonniers pour accélérer l’allure. Il est dit que « c’est un geste de routine qui se répète tous les matins, et qui ne suppose pas toujours, de la part du Kapo, l’intention délibérée de nuire ». Les Allemands sont presque vus comme des bonnes personnes : au moment du réveil, le garde de nuit ne va pas aboyer mais parler d’une voix basse et unie (ch. 5), dans la journée, quand les prisonniers doivent transporter des charges lourdes, les Kapos vont les frapper avec une nuance de sollicitude (ch. 6).

* Après la publication de ‘Si c’est un homme’, Primo Levi a reçu de multiples lettres, accompagnées de multiples questions. Les plus importantes sont incorporées à la fin du livre. Dans une de ses réponses, Levi dit que selon lui, s’il a survécu, cela tient surtout à la chance. Mais en lisant les 272 pages de ce roman, on peut deviner que s’il a survécu c’est grâce a son métier de chimiste qui l’a légèrement avantagé sur les derniers mois, aussi grâce à sa volonté de survivre. Levi voulais survivre pour pouvoir raconter les choses auxquelles il avait assisté et celles qu’il avait subies. Levi voulais survivre dans un but précis.

* Selon moi, oui les relations humaines existaient aux camps malgré la déshumanisation. Certes sur certains prisonniers, on pourrai croire que leur âme les a désertés. Mais ce livre comporte des lueurs d’espoirs concernant ce sujet. Levi entretenait par exemple des rapports avec un certain Lorenzo : partage de pain et de soupe, … Plus tard il créera une amitié forte avec Alberto. Le soir dans les baraques, les hommes se parlaient, et se souvenaient, ils se racontaient leurs histoires, c’est selon moi une forme de partage. Dans le dernier chapitre, les survivants dans l’infirmerie font don d’une tranche de pain aux trois hommes qui ont étés cherché un poêle, c’est de la gratitude, un sentiment, donc l’homme n’est pas perdu.

* - Supplice de Tantale : ne pas être en mesure de réaliser ses souhaits alors que ceux-ci sont à portés de main. Ceci vient de la mythologie grecque. Tantale était en quelque sorte un protégé du dieu Zeus. Il décida d’affronter Zeus en faisant gouter deux mets divin aux mortels et en servant a la table divine un fils de Zeus. Celui-ci, répondis à son affront en le condamnant a la faim et a la soif alors qu’il n’en manque pas. Ce supplice apparait dans Si c’est un homme, les prisonniers meurent de faim et souffrent de la soif, seulement parce qu’ils sont rationnés. L’eau ne manque pas au camp, et la nourriture non plus, la preuve, les Allemands eux n’en souffrent pas.

- Dante (Alighieri) : auteur de la Divine Comédie. C’est un poème en trois parties : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Le texte décrit le parcours à travers ces trois univers, parcours qui se finira sur la vision de la trinité.

Selon moi le texte décris le voyage des prisonniers qui sont passés au camp. Le camp, c’est la personnification de l’enfer elle-même. Ceux qui réussiront à en sortir devront se réhabituer à vivre pleinement, ils devront faire le deuil des évènements vécus, c’est le Purgatoire. Une fois passé toutes ces épreuves, c’est le Paradis.

Tout le chapitre 11 est consacrée a cette Divine Comédie.

* Au début de la lecture, on est fortement tenté de juger les actes horribles et bestiaux qu’il s’y passe. Cependant le calme et les pensées de Primo Levi nous envahissent. On comprend qu’il ne sert à rien de juger ce qu’il se passe dans le monde, un jugement naturel