Médias et opinion publique
Cours : Médias et opinion publique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Jaouen Neyraud • 3 Février 2017 • Cours • 1 571 Mots (7 Pages) • 1 227 Vues
Médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France depuis l'Affaire Dreyfus
Quelles sont les interactions entre les médias et les opinions publiques lors des grandes crises politiques en France depuis l'Affaire Dreyfus à nos jours ?
I- Les médias et la formation d'une opinion publique
A) L'âge d'or de la presse écrite (1880/1914)
XIX° siècle, une presse accessible au plus grand nombre. Les journaux se multiplient avec la loi du 29 Juillet 1881 sur la liberté de la presse. Les progrès des transports (ex : train) et des communications (téléphone) permettent un meilleur accès à l'information. Des progrès techniques avec la rotative, permettant de produire à un plus grand nombre d'exemplaires et une baisse des prix, tandis que les progrès de l'instruction (par les lois Ferry en 1881-1882) accélère la démocratisation de l'accès à l'information.
La presse, seul moyen d'information, devient un média de masse qui permet l'émergence d'une opinion publique. En 1914, la presse française est la presse la plus lue au monde (on y compte plus de 600 titres)
Plusieurs types de presse coexistent, la presse populaire (très bon marché) touche un large public en insistant sur le sensationnel : Le Petit Journal ou Le Petit Parisien tirent un million d'exemplaires la concurrence est féroce et les sujets sont volontiers racoleurs ou polémiques. La presse engagée (ou d'opinion) est très vive dans ses propos : L'Humanité de Jean Jaurès est politiquement de gauche, La Croix est un journal catholique politiquement de droite, L'Action Française de Charles Maurras est politiquement d'extrême droite.
B) L'Affaire Dreyfus et l'émergence d'une opinion publique
La presse révèle le scandale et en fait écho, l'affaire éclate le 1er novembre 1894, quand la Libre Parole journal d'extrême-droite de Drumont révèle qu'un officier Juif est accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne. La presse et l'opinion publique condamnent unanimement Dreyfus.
A partir de 1897, l'affaire rebondit, la culpabilité de Dreyfus est remise en cause. L'affaire prend l'allure d'un feuilleton et les journaux prennent parti (la plupart sont anti-dreyfusards → La Croix), d'autres servent de tribunes aux Dreyfusards que l'on nomme pour la première fois « intellectuels ». Le 13 Janvier 1898, E.Zola publie « J'accuse » dans L'aurore. La même année, Jaurès publie « Les preuves » dans La petite République. L'opinion se divise violemment entre dreyfusards et anti-dreyfusards
Bilan :
La presse est le reflet des fractures de l'opinion, la société s'interroge sur les valeurs de la république : honneur de l'armée et Raison d’État* (intérêt supérieur de l'Etat qui tolère certaines actions) contre droit de l'Homme et justice.
La presse est l'instrument du débat d'idée, des intellectuels comme Zola ou Drumont entrent dans le débat grâce à elle.
Après 1906, la presse est devenue une véritable actrice de la démocratie.
II- Les médias : une arme pendant la Seconde Guerre Mondiale
A) Diversification des médias dans l'entre-deux-guerres
De nouveaux journaux paraissent, les premiers reportages font leur apparition avec par exemple Albert Londres. La presse très engagée reflète les fractures politiques et accentuent les méfiances de l'opinion vis-à-vis de la politique. A l'extrême-droite, l'Action française s'affirme, à gauche l'Humanité est devenue communiste. La radio est nouveau moyen de communication qui se diffuse au milieu des années 1920, la moitié des foyers français en possède une en 1936. L'influence de l’État est très grande : l’État contrôle les stations publiques et soumet les stations privées à des autorisations. En 1939 est créé une administration chargée du contrôle de la radio.
B) 1940-1944 : instrumentalisation des médias
Dès le début du conflit, le gouvernement censure les médias. Après l'armistice signée par le gouvernement du Maréchal Pétain le 22 Juin 1940, la France est coupée en deux et le contrôle des média est total. Les allemands interdisent tout les journaux en 1940, la presse écrite contrôlée par l'occupant et Vichy devient un instrument de propagande. La pénurie d'encre et de papier permet de faire pression aux rédactions. La presse collaborationniste (collaborateurs à l'extrême) diffusent les thèses des plus farouches défenseurs (ex : Gringoire, Je suis partout). La résistance développe une presse clandestine où toutes les tendances sont représentées (ex : Résistance, Libération, etc...).
En 1944, on compte environ 1200 titres clandestins édités à 2 millions d'exemplaires.
C) 1940-1944 : « la guerre des ondes »
La radio, devenue un média de masse est un vecteur privilégié de la lutte. C'est à la radio que Pétain annonce la défaite le 17 Juin 1940 et que Charles De Gaulle annonce le lendemain son appel à la Résistance sur les ondes de la BBC.
L'écoute de radio étrangère est rapidement interdite et la « guerre des ondes » fait rage :
- Radio-Stuttgart émet pour démoraliser les Français
- Radio-Paris est sous le contrôle des allemands
- La BBC depuis Londres diffuse des émissions adressées aux Français, notamment « Les Français parlent aux Français ». Par la suite Radio-Brazzaville puis Radio-Alger deviennent les radios de la France libre De Gaulle.
III- Les médias : du contrôle à l'autonomie
A) Renouvellement
Après la guerre, la presse renaît : des journaux de la Résistance se maintiennent (ex : Combat ; France Soir), d'autres sont créés (Le Monde créé par Hubert Beuve-Méry). La presse d'opinion se modernise avec les premiers magazines (L'Express, Le Nouvel Observateur, Paris-Match, etc...) Mais cette presse est concurrencée : la radio se généralise avec le transistor qui la rend mobile. 90 % des foyers sont équipés dans les années 1960. La télévision apparaît après-guerre : premier JT en 1949, il n'y a que 3 000 postes en 1950 mais devient un média de masse dans les trente glorieuses (5 % des foyers en 1958, 86 % en 1973) Pour Charles De Gaulle, ce nouveau média est un instrument au service du pouvoir. Le monopole de l’État sur la radio s'étant à la télévision. En 1964, le ministère de l'information d'Alain Peyrefitte créé un office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) en 1964. Toutefois des radios privées (radios périphériques) comme Radio Luxembourg ou Europe 1 émettent depuis l'étranger.
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