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Citoyennete et inegalites en europe et dans les colonies au xixème siecle

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Par   •  1 Février 2020  •  Dissertation  •  2 318 Mots (10 Pages)  •  637 Vues

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CITOYENNETE ET INEGALITES EN EUROPE ET DANS LES COLONIES AU XIXème SIECLE

        À la fin du XIXème siècle, le socialiste Jean Jaurès déclamait « à mesure que l’égalité politique devenait un fait plus certain, c’est l’inégalité sociale qui heurtait le plus les esprits ». Le XIXème siècle voit l’Etat nation s’affirmer de plus en plus, peu à peu les peuples européens gagnent des droits fondamentaux : l’égalité politique est en construction. Mais, comme le souligne Jean Jaurès, l’ouverture des droits politiques et la transformation de la société n’a fait que renforcer le besoin souligner et de limiter les inégalités..

        Pendant longtemps, les inégalités sociales étaient fortement présentes sans marquer les esprits. La société d’Ordres était ainsi construite sur la base des inégalités et des privilèges. On peut définir les inégalités dans une situation où « une personne ou un groupe de personne détient des ressources, exerce des pratiques ou à accès à des biens et services qu’une partie des autres ne détient pas ». De plus le mot inégalités au pluriel nous invite à réfléchir sur les formes plurielles d’inégalités qu’elles soient sociales, politiques ou économiques. Au XIXème siècle les inégalités sont nombreuses, droit des femmes, face à l’éducation ou encore dans les colonies.

La définition de la citoyenneté est également controversée, elle peut être juridique, statutaire ou effective mais elle comporte deux dimensions principales.  Tout d’abord, du point de vue juridique le citoyen est porteur de droits et de responsabilités, il participe à la vie des institutions politiques. Sur le plan identitaire la citoyenneté implique une nationalité et l’appartenance à une patrie. Ainsi il est nécessaire de s’interroger sur les bénéficiaires de cette nationalité au XIXème siècle en Europe et dans les colonies. Qui en est exclus ? Qui se bat pour l’obtenir ?

Il convient donc de se demander en quoi la citoyenneté imparfaite au XIXème siècle est créatrice d’inégalités en Europe et dans les colonies et implique des mouvements protestataires pour son élargissement ?

Dans un premier temps il s’agira de montrer l’inégalité de la citoyenneté dès sa naissance de la citoyenneté de la révolution française aux révolutions atlantiques, puis que de nombreux mouvements vont naître afin qu’elle soit étendue et enfin qu’après 1848 on observe une diffusion de la citoyenneté en Europe malgré des limites

Le concept de citoyenneté en Europe comporte dès sa naissance une dimension inégalitaire quant aux bénéficiaires de celle-ci.

La Révolution française et la chute de la monarchie absolue en France mais également dans les pays européens voisins marque véritablement le début de la citoyenneté. En effet la mise en place de la déclaration des droits de l’homme en 1789 et de la République en 1792 vont entrainer la participation de la population à la vie politique notamment par le vote. De ce fait on observe en 1789 en France au passage pour les individus du statut de sujet à celui de citoyen. Néanmoins il convient de nuancer cet événement puisque dès lors les citoyens sont inégaux face au vote. En 1791 les élections législatives ont lieu afin d’élire les députés qui constitueront l’Assemblée des représentants. Les citoyens sont donc appelés aux urnes mais les conditions de vote sont strictes. Au premier tour, seuls les citoyens dits « actifs » ont la possibilité de voter soit les hommes de plus de 25 ans, payant des impôts et pouvant payer une contribution. Ces citoyens élisent des électeurs parmi les hommes les plus riches (car il faut posséder un bien immobilier) et ce sont eux qui élisent les députés. Dès lors sont exclus du vote les femmes et les hommes les plus pauvres qui ne paient pas d’impôt. Olympe de Gouges est notamment célèbre pour avoir rédiger en septembre 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, texte qui souligne l’exclusion des femmes dans la vie citoyenne et sociale en France

Les révolutions atlantiques (dans lesquelles s’inscrit la Révolution française) sont menées afin de conduire à une citoyenneté universelle. Dans les colonies européennes transatlantiques comme Saint Domingue et Haïti, la société mise en place est profondément inégale notamment entre les populations locales et les colons. En effet, les hommes européens instaure une hiérarchie sociale où ceux-ci se considèrent comme réels citoyens de ces colonies et réduisent les populations locales dîtes indigènes à un statut inférieurs et ne disposant pas de droit, loin des idéaux des lumières et de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Dès lors les populations locales dont beaucoup d’esclaves se soulèvent afin d’en finir avec la supériorité des citoyens blancs ce qui conduit en 1804 à l’indépendance d’Haïti et donc à la naissance des citoyens Haïtiens suite entre autres à l’abolition (provisoire) de l’esclavage en 1793.

Si l’application de la citoyenneté est inégale dès sa mise en place, dans la première moitié du XIXème siècle de nombreux mouvements naissent afin de réclamer son élargissement

Au début du XIXème siècle, le Congrès de Vienne et l’instauration de L’Empire en France marquent un retour en arrière vis-à-vis des acquis de la Révolution. En 1815, le Congrès de Vienne où sont représentés la quasi totalités des pays européens, se tient face aux menaces révolutionnaires notamment exportées de la France. De nombreuses mesures sont prises qui élargissent les inégalités de l’accès à la citoyenneté où qui mettent en péril celle-ci. Ainsi, l’Europe est redécoupée afin de conforter la puissance des grands empires (Russe et Autrichien notamment) ce qui entraîne l 'établissement de nouvelles frontières qui ne tiennent pas totalement compte des peuples présents et compromet leur sentiment d’appartenance à une nation. De plus le Congrès rétablie la légitimité dynastique en remettant au pouvoir les héritiers des dynasties historiques comme les Bourbons en France, en Espagne et à Naples. Le rétablissement des démocraties met ainsi fin à certains régimes constitutionnels comme en Piémont Sardaigne où Vittorio Emmanuele Ier supprime la constitution alors en place. Or la constitution est un élément essentiel à la préservation des droits des citoyens et constitue une garantie de l’exercice de la citoyenneté. En France, l’arrivée au pouvoir de Napoléon Ier suite au coup d’état du 9 novembre 1799 et à son sacre en tant qu’empereur le 2 décembre 1804, marque une profonde rupture avec les libertés et les droits acquis suite à la Révolution Française. L’exercice de la citoyenneté est notamment mis en péril par le plébiscite qui consiste en un scrutin lors duquel le peuple est amené à se prononcer par oui ou par non afin de manifester sa confiance en Napoléon et à légitimer son pouvoir. Toutefois le vote n’était pas secret et les citoyens était amené à signer sur un registre en dessous de la colonne du oui ou de celle du non. Cet outil est donc un moyen pour Napoléon Ier d’assoir son pouvoir sur le consentement du peuple qui n’a d’autres possibilité d’exprimer son véritable avis. Le plébiscite est donc un danger pour l’exercice de la citoyenneté et le constitution de listes électorales restreigne également la masse des citoyens en mesure de voter creusant les inégalité entre les citoyens.

Face à ces restrictions de la pratique de la citoyenneté des nouveaux mouvement apparaissent afin de réclamer son élargissement et le respect des droits sociaux.

Dans la première moitié du XIXème siècle de nombreux états restent dotés d’une constitution. Toutefois, cela ne signifie pas forcément que l’exercice de la citoyenneté est égal pour tous et que les citoyens peuvent pleinement participer à la vie des institutions politiques de États. Au Royaume Uni le mouvement Chartiste né dans les années 1840 afin d’instaurer une citoyenneté effective proche d’un régime démocratique par la signature de pétitions. Parmi les six revendications du mouvement, figurent notamment la volonté d’instaurer le suffrage universel pour l’ensemble des hommes de plus de 21 ans ainsi que l’éligibilité de tous les citoyens et l’instauration d’un scrutin secret. Le mouvement Chartiste est donc un exemple concret de revendications populaire pour l’élargissement de la citoyenneté au XIXème siècle. De plus dans les pays non dotés de constitutions, des mouvements libéraux voient le jour afin de réclamer la mise en place d’une constitution garantissant le respect des droits fondamentaux et l’établissement d’une égalité entre les individus. En juillet 1920, la société secrète de la Charbonnerie en Italie, mène une insurrection dirigée par le général Pepe à Naples afin de pousser Ferdinand 1er à mettre en œuvre la rédaction d’une constitution. Enfin en France, un mouvement réclamant l’élargissement du corps électoral et la mise en place et la préservation des droits sociaux apparait, c’est la campagne des banquets. Bravant l’interdiction des réunions publiques, des banquets étaient organisés au cours desquels des discussions avaient lieu où l’on réclamait des réformes électorales et parlementaires

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