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L'idée de réforme dans le royaume de France (XI-XV s.)

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Par   •  28 Novembre 2017  •  Dissertation  •  5 017 Mots (21 Pages)  •  1 144 Vues

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L'idée de réforme dans le royaume de France, XIè-XVè siècles

        La réforme est un changement radical apporté à une institution. L'idée de réforme se divise en deux : l'idée de réforme du point de vue religieux et l'idée de réforme du point de vue de la royauté. Pour l’Église, la réforme est le moyen de retourner aux valeurs primaires de la religion dictées par les Pères. Ce n'est donc pas, au premier abord, une amélioration de son fonctionnement. La réforme est donc perçue par l’Église comme un moyen de recouvrer un idéal religieux par l'application de ses règles primitives. Pour la royauté, c'est un moyen d'asseoir son autorité, cette fois-ci par l'amélioration des institutions. Le royaume de France connaît de nombreuses réformes durant la période. Tout d'abord, ce sont des réformes religieuses qui s'opèrent, notamment la réforme grégorienne, entamée au milieu du XIè siècle. Puis la royauté s'empare de l'idée de réforme et l'applique sur l'administration du royaume au cours du XIIIè siècle et aux siècles suivants.

        Comment l'idée de réforme permet-elle l'affirmation des différents pouvoirs qui l'utilise ? Comment permet-elle, au cours des siècles, d'étoffer et d'imposer le pouvoir des différentes institutions ?

        L'idée de réforme est tout d'abord représenté par un acte juridique. Ainsi, les sources qui la mentionnent, sur le plan religieux, sont des conciles, tel le concile de Reims de 1049 qui marque le commencement de la réforme grégorienne. Pour la royauté, elle prend la forme d'ordonnances comme la Grande Ordonnance de Louis IX écrite en 1254. On peut aussi voir son application sur le royaume grâce à différentes chroniques, ou encore les enquêtes lancées par Louis IX en 1247 par exemple, qui montrent la manière dont les officiers royaux exécutent l'ordre de réforme royal.

I)Les réforme de l’Église : une réaffirmation de l’Église et son institutionnalisation

A)La réforme du monachisme : le renouveau monastique

        La réforme du monachisme s'entame au début du Xè siècle et perdure jusque dans la première moitié du XIè siècle. Elle permet la multiplication des communications entre les moines dans tout le royaume, tout en augmentant l'influence des monastères du point de vue sociale et une meilleure emprise domaniale. Ainsi, la réforme amène un renouvellement de la disciplina monastique et de son rôle dans le monde. C'est donc une redéfinition du rôle et de la pratique monastique.

        C'est donc un mouvement de réforme qui a pour but un retour aux règles fondamentales qui organisent la vie monastiques dans un premier temps. Jusqu'au milieu du Xè siècle, la réforme est donc en continuité directe avec la pensée de Benoît d'Aniane et donc de la règle bénédictine. Puis elle tend vers des inflexions tirées de modèles érémitiques fondées notamment sur le livre des Actes ou des exemples tirés des Vies des Pères. La réforme voit donc apparaître de nouvelles coutumes venues de quelques communautés monastiques importantes qui viennent se compléter aux règles en matière de pratiques liturgiques par exemple. Ainsi, l'abbaye de Cluny, fondé en 910, introduit sa pratiques des prières et messes en faveur des défunts. Ces règles sont souvent mises par écrit pour faciliter leur diffusion, comme en témoigne le Livre du chemin écrit à Cluny sous l'abbatiat d'Odilon (1027-1040). Cependant, malgré ces apports de différentes communautés monastiques, qui expliquent la variété du monachisme, les règles sont toutes fondées sur la règle bénédictine.

        Les grands seigneurs jouent un rôle dans le développement de la réforme du monachisme ainsi que les évêques. Ainsi, Hugues Capet (987-996) puis Robert II (996-1031) font appel à Maïeul et à Odilon, abbés de Cluny, pour réformer l'abbaye de Saint-Denis entre 994 et 1005. Il y a donc une action commune entre les différents pouvoirs.

        C'est une réforme qui n'est pas institutionnelle. Elle s'appuie surtout sur les relations personnelles des abbés réformateurs et leur liens de parenté, de fidélité et d'amitié avec la noblesse. Ainsi, l'abbaye Saint-Bénigne de Dijon est réformée par le comte Otte-Guillaume avec l'aide de son beau-frère Brunon, évêque de Langres (980-1016).

        Cette réforme permet d'entretenir un lien entre les différentes abbayes par l'adoption de pratiques communes. Cela permet donc de favoriser la circulation des moines et des textes entre les différentes communautés. Certaines abbayes constituent ainsi un réseau dense dans tout le royaume, comme Cluny ou Cîteaux. Au XIè siècle, les modes de vie promu par les grandes abbayes tendent à se doter d'une identité propre. Ils sont mis par écrits dans des coutumiers, ce qui permet une diffusion facilitée de la réforme monastique. L'abbaye de Fleury met ainsi ses coutumes par écrit en 1015, l'abbaye de Cluny fait rédiger quatre coutumiers entre 990 et 1015.

        La réforme permet aux moines d'avoir un plus grand rayonnement sur les laïcs. Ils apparaissent comme plus exemplaires par leur mode de vie suivant rigoureusement la règle bénédictine. Ils sont donc pour les laïcs de meilleurs intercesseurs dans le domaine religieux. Les moines représentent donc une articulation entre la sphère spirituelle et la sphère sociale. Cette réforme permet aussi d'écarter de la tutelle des laïcs les abbés. En effet, les abbés réformateurs veulent rétablir un idéal de la vie monastique mais aussi restaurer le patrimoine des abbayes qui est important de par les nombreuses donations faites par les seigneurs laïques. Ceux-ci sont donc hostiles à l'abbatiat laïque et ont permis l'abandon de cette pratique, allant même pour certains cercles à exiger une autonomie complète par rapport aux seigneurs et aux évêques. Ils revendiquent donc une indépendance juridictionnelle. Celle-ci est obtenue par deux abbayes notamment, Fleury en 997 et Cluny en 998. Ils obtiennent une exemption totale de leurs monastères de la tutelle épiscopale.

        La réforme du monachisme permet donc un fleurissement des monastères dans le royaume de France. Elle redéfinit le rôle des moines et permet la création d'un vaste réseau entre les différents monastères, permettant la circulation des textes et des moines.

B)La Réforme Grégorienne : le moyen pour l'Eglise de recouvrer son influence dans la chrétienté

        La réforme grégorienne commence au milieu du XIè siècle et son développement s'arrête au début du XIIè siècle. Cependant, elle a des répercussions importantes lors des siècles suivants. Cette réforme a pour but, comme toutes réforme de l’Église, de revenir aux valeurs de l’Église primitive. C'est une manière pour elle de s'imposer de nouveau et elle amène une institutionnalisation et une réaffirmation du pouvoir papal.

        Le premier acte qui entérine la réforme grégorienne est le concile qui se déroule à Reims en 1049 sous la direction du pape Léon IX. Le roi Henri I (1031-1060) ne s'y rend pas et s'oppose à ce que les évêques  qui lui sont fidèles y assistent. Le début de la réforme se fait donc en opposition avec le roi. Lors de ce concile, les différents acteurs commencent par réprouver la simonie et rétablissent la norme cléricale en terme d'union. Ainsi, plusieurs clercs puissants sont déposés, dont certains sont présents au concile. Il y a par exemple les évêques de Beauvais et d'Amiens. De plus, le concile excommunie quelques laïques pour union « incestueuse ». La réforme s'entame donc par la redéfinition des unions des clercs et des laïques. Ceci a pour but de rétablir un idéal religieux, mais permet aussi au pape de s'entourer de cadres de confiance. Plusieurs conciles se tiennent ensuite pour combattre la simonie, le nicolaïsme et l'inceste. On en compte 170 dans le royaume de France entre 1049 et 1130. Ces conciles permettent la propagation des idées de la réforme car ils se tiennent dans diverses régions du royaume. Émerge alors un fonctionnement centralisé de l'institution religieuse sous l'autorité suprême du pape. Le pape réaffirme donc son pouvoir sur l'ensemble de la chrétienté et sur l’Église elle-même.

        L’Église tente alors de reprendre le contrôle des investitures des évêques pour faire en sorte de contrôler ses cadres. Ainsi en 1078,  les réformateurs condamnent les investitures des évêques par le roi.

        Le voyage d'Urbain II (1088-1099) dans le royaume de France entre 1095 et 1096 représente l'apogée de la réforme. En effet, c'est la première fois depuis le IXè siècle que le pape séjourne si longtemps dans le royaume de France. Durant son voyage, il consacre des églises, des cimetières, rencontre des évêques. De cette manière, il montre qu'il a recouvré son autorité. Le sommet de son voyage est le concile de Clermont, qui se tient à la fin de l'année 1095. L'assemblée reprend la législation du concile de Reims (1049) sur les unions entre laïques et condamne le roi Philippe I et Bertrade de Montfort à l'excommunication pour bigamie. L'autorité ecclésiale est donc en mesure de s'attaquer directement au roi. L'appel à la croisade formulé au même moment est une mise en pratique de l'autorité du pape sur l’Église, mais aussi sur la chrétienté. Il est en mesure d'initier la croisade, il est donc écouté, son autorité est reconnue.

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