La pauvreté au profit de la division internationale du travail
Cours : La pauvreté au profit de la division internationale du travail. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Lou Vincent • 1 Novembre 2022 • Cours • 2 030 Mots (9 Pages) • 335 Vues
Fiche Géographie : La pauvreté au profit de la division internationale du travail
« L’état de la terre vivante peut-être défini par un système d’inégalité entre les régions habitées de sa surface »
Paul Valéry (Variété)
La mondialisation est inscrite aujourd’hui dans notre quotidien de différentes manières, et son influence peut prendre de multiple forme (économique, sociale, culturelle, …). C’est du point de vue économique que nous allons étudier en quoi la mondialisation permet une relation entre les territoires basés sur leurs avantages (populations disponibles et ressources notamment), et comment cette relation économique entre les différents territoires agis sur la pauvreté. Nous nous baserons donc sur la relation économique qu’est la division internationale du travail, afin d’appréhender la façon dont les acteurs (populations, territoires, entreprises, …) et les territoires agissent sur la pauvreté dans le cadre de la production. Ainsi, nous allons voir en quoi la Division Internationale du Travail joue sur la pauvreté de certains territoires et ainsi y contribue. Pour ceci, nous étudierons tout d’abord la notion de délocalisations afin de comprendre le rôle des territoires et de leurs spécificités. Nous aborderons ensuite des exemples afin d’aborder les conditions de travail des populations pauvres dan le cadre de la DIT. Enfin, nous aborderons les conséquences de la DIT dans les territoires traditionnels avant de terminer sur la question de l’essor d’un droit du travail applicable à tous les territoires et leurs populations.
1/ La délocalisation d’activités : de quoi parle-t-on ?
Les entreprises qui délocalisent s’inscrivent dans la mondialisation dont la délocalisation est l’une des composantes (comme le montre l’étude de Mouhoud, Mondialisation et délocalisation des entreprises, 2006) et cherchent ainsi à profiter de l’attractivité de certains territoires. Dans son acception la plus courante, il s’agit le plus souvent d’une situation où une firme décide de supprimer une unité de production ou d’assemblage dans son pays d’origine pour la transférer vers un autre pays avec comme finalité la réimportation des produits fabriqués à l’étranger et leur écoulement sur le marché domestique.
En règle générale, ce mouvement touche avant tout les secteurs industriels intensifs en main d’œuvre avec comme schéma dominant le transfert d’activité à faible valeur ajoutée vers des pays émergents tandis que les fonctions stratégiques ou de production plus qualifiées sont maintenues dans le pays d’origine.
Il y a donc une délocalisation stratégique selon les avantages des territoires. Les fonctions qui nécessitent des employés qualifiés et du matériel de pointe sont situées dans les territoires développés (Amérique, Europe du nord, …) et les fonctions de production ou le besoin est une main d’œuvre peu qualifié mais importante sont situés dans les territoires en développement où cette dernière est abondante à un faible prix (Afrique, Inde, Chine, …)
Exemple des différences de cout de la main d’œuvre en Europe et dans le monde :
[pic 1][pic 2]
La délocalisation se présente ainsi comme une des manières « pour un groupe de pouvoir fractionner l’ensemble du processus de financement/conception/production/distribution des biens et services qu’il fournit, en maximisant son profit et en minimisant ses risques, avec pour théâtre d’opération la planète entière »
Henriot et Lahille dans Au-delà des délocalisations : globalisation et internationalisation des firmes, 1995
Cette recherche de l’avantage géographique est considérée comme une source essentielle de profit pour les entreprises qui consiste à savoir répartir internationalement ses activités de manière à exploiter la spécificité productive de chaque lieu d’accueil. Les coûts plus faibles permettent notamment d’augmenter les marges réalisées sur les produits importés dans le pays d’origine.
2/ Exemple des délocalisations des produits de luxe :
Le « Made in Chinitaly »
Le pays s'est construit une légitimité dans le prêt-à-porter et le travail du cuir. Pour réduire les coûts, les Italiens ont fait venir des Chinois. Plus besoin de délocaliser en Chine, c'est la Chine qui vient en Italie : à Prato, au nord de Florence, on estime que 46 000 Chinois travaillent dans ce secteur, dont 25 000 clandestins, sur une population de 180 000 habitants. Payés 20 euros par jours, ils viennent pour la grande partie de la région de Wenzhou (voir luxe&co). En 2008, des marques comme Versace, Bottega Veneta et Prada avaient été prises en flagrant délit de recourir aux sans-papiers.
LVMH en Pologne
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est un groupe français d'entreprises fondé par Alain Chevalier et Henry Racamier, aujourd'hui chef de file mondial de l'industrie du luxe en termes de chiffre d'affaires. Aujourd’hui, l’essentiel de leur production provient de la banlieue de Cracovie, en Pologne. (Voir tableau du prix de la main d’œuvre).
Le Salaire moyen des ouvrières polonaises : 200 euros par mois. 6,7 par jours (10,25 minimum en France).
Le luxe en Chine
Dans son livre Luxe & Co, l’Américaine Dana Thomas va plus loin : elle révèle comment une usine chinoise de Dongguan, au nord de Shenzhen, débite du sac de luxe à la chaîne.
Entassées sur cinq étages, des centaines de jeunes femmes pâle répètent les mêmes tâches plus de douze heures par jour, avant de rejoindre leur dortoir en face du bâtiment.
Production mensuelle : entre 15 000 et 20 000 articles, dix fois plus, par exemple, que les ateliers Chanel de Haute-Vienne. (L’auteure n’a pas eu le droit de révéler les noms des marques, confidentialité sous contrat).
3/ Les conditions de travail dans les secteurs délocalisés
Le géant de la pile et l’empoisonnement des employés
En 2007 la CSI appelle à de nouvelles pressions contre l’entreprise Gold Peak Batteries International Limited en ce qui concerne l’empoisonnement de travailleurs par le cadmium, un élément cancérigène.
La campagne mondiale de la CSI, concerne les opérations de trois filiales chinoises de Gold Peak, qui fabriquent et vendent des piles, des composants électroniques et d’autres produits connexes pour des clients comme Canon, Casia, Fuji, JVC, Kodac, Konica Minolta, Nikon, Olympus, Panasonic, Pentax, Ricoh, Sony et Toshiba.
Des expositions prolongées au cadmium, sont reconnues depuis longtemps comme des risques cancérigènes. Or la FIOM (Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie) rapporte par exemple que Gold Peaks humilie volontairement les travailleurs qui souhaitent un contrôle médical : pour un test d’urine, les travailleurs doivent se déshabiller entièrement et prendre leur douche sous surveillance. La CSI s’inquiète des informations selon lesquelles Gold Peak a sous-contracté la fabrication de piles contenant du nickel et du cadmium à d’autres sites dans la province de Hunan, où les normes concernant la santé et la sécurité au travail sont plus basses.
Le prêt-à-porter, un bas-prix mais pour combien de vies ?
(https://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/CYRAN/49152)
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Le Bangladesh : « La machine à coudre du monde » : le pays est le deuxième exportateur mondial de prêt-à-porter après la Chine. Les incitations à investir dans le textile sur ce territoire sont irrésistibles : main-d’œuvre à bas prix, affaiblissement des syndicats du fait de la privatisation des entreprises d’Etat, suppression des taxes douanières sur les importations de machines destinées à l’industrie d’exportation, corruption et puissance du groupe BGMEA (Bangladesh Garment Manufacturers and Exporters Association),[pic 3]
L’incendie de Tazreen du 24 novembre 2012 :
Situé dans un faubourg au nord de la capitale bangladaise, faisant cent douze morts et un millier de blessés, selon le bilan officiel. Dans les neuf étages du Tazreen s’entassaient trois mille salariés, majoritairement des jeunes femmes venues des campagnes les plus pauvres en quête d’un gagne-pain pour leur famille. A raison de 3 000 takas par mois, l’équivalent de 30 euros, elles confectionnaient dix heures par jour et six jours sur sept des vêtements destinés à des marques prestigieuses, parmi lesquelles Disney, Walmart et le groupe français Teddy Smith.[pic 4]
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