Qui gouverne l'espace mondialisé?
Cours : Qui gouverne l'espace mondialisé?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Scep79 • 19 Octobre 2016 • Cours • 3 590 Mots (15 Pages) • 1 131 Vues
Les acteurs de la mondialisation contemporaine : qui gouverne l’espace mondialisé ?
Depuis 1945, la configuration internationale (échanges entre Etats), la configuration multinationale (dès les années 1970, de plus en plus de F.M.N, qui deviennent des acteurs majeurs avec une logique productive : la naissance de la mondialisation) et la configuration globale (celle du XXIème siècle, une logique financière : le retour sur investissement devient le plus important) se sont succédées. Les entreprises prennent de plus en plus d’importance : le pouvoir des Etats diminue. Le développement des logiques économiques signifie-t-il la « misère du politique », pour reprendre l’expression consacrée de Daniel Cohen ?
I-Dans une économie sans frontières, les multinationales ne sont-elles pas devenues les nouveaux Empires du XXIème siècle ?
1) Les FMN ou FTN, un formidable outil d’intégration de l’espace économique mondial
Servan-Schreiber publie en 1969 « Le défi américain » : il avertit l’Europe sur la puissance grandissante des FMN américaines. Ces dernières ont en effet besoin de s’implanter à l’intérieur de la forteresse Europe. La première définition est proposée par la CNUCED en 1973 pour une FMN : elle comprend des critères chiffrés de CA et du nombre de pays où la société est implantée. Aujourd’hui, c’est une entreprise de grande taille, qui effectue une part importante de ses activités de production grâce à des filiales présentes dans plusieurs pays. Pour Laurent Carroué, une entreprise est une FMN si elle a la « capacité à maîtriser l’organisation d’activités complexes dans une échelle multinationale ».
On distingue les filiales réseaux des filiales relais. Les filiales relais sont des copies conformes de l’entreprise mère qui fonctionnent sur un marché local. Les filiales réseaux sont un élément de la chaîne de production, et qui fonctionne avec toutes les autres filiales.
Le terme de FTN a l’intérêt de montrer que la majorité des FMN a effectivement une seule nationalité. Ceci étant, qu’est ce-que la nationalité d’une entreprise ? Robert Reich, conseiller économique de Clinton, disait : Honda est-il Japonais ou Américain ? En effet, Honda produit plus de voitures aux Etats-Unis qu’au Japon.
Vladimir Andrev en 1996 dans son ouvrage « Les multinationales globales » explique que les firmes globales sont celles qui conçoivent le monde comme un marché, où l’on peut exploiter les avantages de chaque territoire. Akio Morita, de Sony, disait : « Il faut penser global et agir localement. » Cela a donné naissance à la « glocalisation ».
Les Hollow Company sont des entreprises qui n’assurent pas la fonction de production. Elles ne font que le périproductif. Nike, entreprise créée en 1969 dans l’Oregon, s’occupe de faire vendre : elle employait 18.000 personnes aux Etats-Unis, qui s’occupaient essentiellement du marketing. Elle comptait en revanche 650.000 salariés chez les sous-traitants en 2000.
Une entreprise devient une FMN soit par stratégie interne, soit par stratégie externe. La première, c’est BIC qui crée des filiales à l’étranger. La stratégie externe est une politique de rachat : c’est Renault qui rachète Nissan. Jusqu’aux années 1980, les stratégies internes prédominaient : aujourd’hui, c’est essentiellement des stratégies externes.
Mais pourquoi vouloir toujours grandir en taille ? Jusqu’aux années 1980, les objectifs étaient commerciaux : on veut gagner de nouveaux marchés, et abaisser les coûts de production. Par exemple, la Standard Oil s’installe en Arabie Saoudite pour accéder à de nouveaux marchés. Depuis les années 1990, les opération de rachat ou de fusion répondent à de nouveaux objectifs : il s’agit des économies d’échelle. La taille permet ces économies d’échelles et donc de plus gros profits: « Small is beautiful but big is powerful. »
De plus, le monde est à l’époque dominé par la Triade : on a l’impression qu’une firme n’est vraiment puissante que si elle est implantée dans les trois pôles. En étant implanté partout, on est moins vulnérable à la conjoncture : lorsque le Japon va moins bien, les Etats-Unis vont bien par exemple.
Enfin, la logique des actionnaires est de racheter les concurrents : le profit passe par la fusion et donc des licenciements. On se délaisse des activités annexes. Les flux d’IDE ont explosé. En 2000, ils étaient de l’ordre de 1200 milliards de dollars, puis 2000 avant la crise : en 2012, ils sont de 1350 milliards de dollars. Le commerce intra-firme représente aujourd'hui 40% du commerce mondial.
2) Les FMN, des entreprises dominant l’espace économique mondial ?
En 1967, selon les chiffres de la CNUCED, on comptait 6.000 FTN. En 2011, on compte 80.000 multinationales, ayant 800.000 filiales. En 2013, sur les 500 premières entreprises mondiales, les Etats-Unis en avaient 132, la Chine 89, le Japon 62, le Royaume-Uni 37, la France 31 et l’Allemagne 29. En 2012, Apple avait une capitalisation boursière de 620 milliards de dollars. Peu à peu, les firmes des pays émergents apparaissent régulièrement : sur les 500 premières, un quart appartient aux pays du Sud.
Aujourd’hui, les FMN sont créatrices de richesse pour les territoires. De ce fait, elles imposent leurs règles du jeu. Elles créent des emplois, donc de la consommation et à terme des classes moyennes. Les Etats veulent attirer les FMN : elles apportent de l’emploi, des technologies, et valorisent les ressources. Par exemple, le Niger ne peut pas exploiter son uranium : Areva s’en charge pour lui. Cependant, la logique oligopolistique crée une concurrence redoutable pour les producteurs locaux. De plus, les FMN peuvent migrer: elles créent des emplois, mais peuvent aussi les retirer. Ainsi, les FMN sont vues comme des instruments de dépossession de la souveraineté étatique. L’Etat devient soumis à ces entreprises.
Les FMN sont-elles les nouveaux maîtres du monde ? Les FMN créent souvent des lobbies (groupes de pression), qui cherchent à infléchir la loi, en toute légalité: ces lobbies cherchent à défendre leurs intérêts, mais n’édictent pas de règles. De façon assez classique mais illégale, les entreprises peuvent créer des cartels : ces ententes sur les prix et les marchés faussent la concurrence.
Cependant, il existe des contre-pouvoirs : ces FMN ne sont pas les Empires du XXIème siècle. Le commissariat à la concurrence donne des amendes à ceux qui sont en situation de monopôle.
En 1998, l’OCDE tente de mettre en place un Accord Multilatéral sur l’Investissement : l’A.M.I avait pour but de ne pas restreindre les investissements des multinationales. Le projet a échoué, notamment du fait de la France, qui défendait le cinéma, et l’exception culturelle.
Les F.M.N sont souvent montrées du doigt. En 2001, la société américaine Enron (à l’époque la septième entreprise américaine, née en 1985) spécialisée dans le courtage en énergie, n’avait jusqu’alors cessé de progresser. Mais à la fin du siècle dernier, le PDG Kenneth Gray floue les comptes à l’aide de la société d’audit Arthur Andersen : en 2001, la situation apparaît au grand jour, et la société dépose le bilan. Les 20.000 employés sont laissés sur le carreau, sans aucune pension. De plus, beaucoup de fonds de pension avaient des parts d’Enron : la faillite a lésé beaucoup d’Américains. Entre temps, on s’est rendu compte que Kenneth Gray avait touché plus de 200 millions de dollars entre 1999 et 2001. Goldman & Sachs est aujourd’hui l’entreprise où les rémunérations sont les plus élevées. Son P.D.G Blankstein a touché 68 millions de dollars en 2008. Ces très hautes rémunérations ont contribué à donner une mauvaise image des FMN, et en particulier du monde de la finance.
La société civile a elle aussi du poids. Par exemple, la capitalisation boursière de BP a été diminuée par deux après la marée noire dans le Golfe du Mexique au printemps 2010. Si l’image d’une FMN se dégrade, ses ventes se dégradent.
II- Quelle place pour les Etats dans la mondialisation ?
« Misère de la politique » ou « retour des Etats-nations » ?
1) Mondialisation libérale et « misère de la politique »
Les Etats-nations apparaissent affaiblis par la mondialisation. Pour Carroué, la mondialisation est « l’extension à l’échelle de la planète du capitalisme libéral ». Ce capitalisme dit qu’il y a trop d’Etat : il faudrait alors désaisir ces Etats du pouvoir. Ainsi, en adaptant le virage libéral, ce sont les Etats eux-mêmes qui se sont privés des moyens d’action. Ils ont perdu de l’influence notamment parce qu’ils ont accepté une contrainte extérieure de plus en plus grande. Ils dépendent de plus en plus de l’étranger : le taux d’ouverture mondial est aujourd’hui de 25%. Kenichi Ohmae, en 1995, publie « The End of Nation State » : ce politologue dit que la mondialisation tend à rendre obsolète le cadre de l’Etat. Quatre forces transfrontières expliquent la perte de pouvoir des Etats: le capital, les FMN, la communication et les consommateurs. Ce qui compte n’est plus l’Etat, mais la région. Cette thèse n’a pas
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