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Des principes de guerre pour une ère nouvelle

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arries, ancien ingénieur militaire, est directeur du programme de maîtrise ès arts en gestion et politique de défense au Collège militaire royal du Canada. Il participe à des activités internationales de prévision stratégique en matière de sécurité et de gouvernance.

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RÉVISION DES PRINCIPES DE GUERRE

Ta b l e a u d e G e r a r d Te r b o r c h , 1 6 4 8

Les principes sous pression

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u départ, il s’agissait de conflits délibérés et rapprochés, de courte durée, qui étaient fondés sur des règles et gérés sur le plan politique, même s’ils constituaient des prises de bec sanglantes. À la longue, ces conflits se sont transformés pour devenir le carnage qui a caractérisé la Grande Guerre, celle-ci longue et massive mais généralement contenue sur un continent. Cette saga et ses contrecoups ont conduit à la Seconde Guerre mondiale, celle-là encore plus longue, unique et se déroulant sur deux plans : toute la planète y a participé et elle a connu une fin atomique. Le produit des hostilités et de la gestion concomitante de la « victoire » est une guerre froide qui a duré cinq décennies; cette guerre s’est avérée un oxymore géopolitique où le principal obstacle à l’anéantissement général a été, en fin de compte, le concept de la destruction mutuelle assurée. Aujourd’hui, le scénario prédominant est une guerre de volontés, qui a des répercussions sur tous les habitants de la planète. La nouvelle guerre contre le terrorisme est unique, comme le sont toutes les guerres, parce qu’on ne peut prévoir ses résultats, mais aussi parce qu’elle ressemble tellement plus à la guerre contre les narcotiques qu’aux combats ayant eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple. Il ne faut pas perdre cette caractéristique de vue lors de discussions générales sur les principes de guerre.

généralisée au nouvel environnement de sécurité, élargi et d’ampleur plus mondiale, il est triste de noter le manque de préparation des politiciens, des sociétés civiles et des militaires et le fait que beaucoup, individuellement ou collectivement, ne sont pas prêts ou ne sont pas de taille à s’adapter aux nouvelles et puissantes réalités sur le plan de la sécurité. Les réalités du XXIe siècle sont nouvelles. Elles sont à l’image de l’étendue et du caractère envahissant du paradigme contemporain relatif à la sécurité, paradigme qui est à la fois multidimensionnel et sans contrainte. Cette situation s’explique principalement par le commerce et la sécurité humaine. Nombreuses sont les relations internationales qui sont maintenant conçues et entretenues par des « États-marchés » plutôt que par des « États-nations », et puissants sont leurs besoins, leurs désirs et leurs efforts de commercer partout où il existe un marché. La demande de plus en plus importante en matière de sécurité humaine (au point de vue individuel), qui est justifiée par un nombre croissant de déclarations, de traités et de tribunaux, est devenue pénétrante, au point où très peu de gens ignorent ou contestent que la sécurité, maintenant et dans un avenir prévisible, est une question qui va bien au-delà de la souveraineté du territoire d’un État. De toute évidence, les principes de guerre issus du XVIIe siècle ne suffisent plus aujourd’hui; ils ne conviennent même plus aux conflits d’ordre économique ou touchant à la sécurité humaine, qui sont plutôt fréquents à l’heure actuelle. Ces principes s’adaptent encore moins à la résolution des conséquences de ces guerres.

Les activités liées à l’armement des forces – les complexes militaro-industriels – procurent davantage de biens et de services pour la conduite de la guerre. De fait, elles exploitent sans répit les progrès technologiques combinés à l’obsession presque universelle de la souveraineté, qui était autrefois réclamée par En effet, les besoins et les demandes en matière de quelques États à peine et qui est maintenant revendiquée sécurité – planétaire ou individuelle – étant devenus si par plus de 200 entités nationales. Cependant, depuis plus de vastes, si visibles et si déterminants, on peut affirmer que trois siècles et après une dizaine de guerres différentes, la souveraineté des États ne devrait plus représenter des centaines de défaites et de victoires, petites ou grandes, des la question fondamentale en matière de millions de personnes tuées, blessées ou sécurité et qu’on devrait lui accorder moins dépossédées et des dépenses de billions de « Les principes d’importance – en fait de temps, d’efforts dollars, les principes de guerre sont restés et de ressources – par rapport aux autres sensiblement les mêmes. codifiés au dimensions de la sécurité contemporaine. XVIIe siècle se Une telle redéfinition des priorités en En effet, nous voici dans la cinquième sont révélés matière de sécurité conduirait, à tout année de la guerre contre le terrorisme, un le moins, à l’adoption de principes très conflit planétaire très différent des guerres remarquablement différents en ce qui a trait à la guerre, mondiales antérieures, et on continue d’exiger robustes. » dans son contexte le plus large. que tous se conforment aux principes datant du XVIIe siècle, même si la doctrine des forces Les principes et la guerre armées change rapidement. Cette tendance devrait constituer encore une autre raison de réexaminer les principes de guerre. ette affirmation se fonde sur l’expérience de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à la guerre du Viêt Nam. Pendant Nous ne devrions pas être surpris que ces mêmes principes cette période, certains des principes traditionnels de guerre n’ont aient été respectés universellement pendant des siècles jusqu’à pas été appliqués du tout, alors que d’autres se sont avérés ce que l’Union soviétique implose à la fin des années 1980. inadéquats ou carrément désastreux dans certaines circonstances. Pendant toute cette période, la sécurité relevait uniquement Par ailleurs, depuis la fin de la guerre froide, dans des conflits de l’État, qui s’en occupait. Mais ce n’est plus le cas. Voilà tels que ceux qui se sont déroulés en Somalie au début des probablement la raison la plus probante pour considérer de années 1990, ceux, plus récents, qui ont eu lieu dans les Balkans nouveaux principes de guerre. et ceux qui sévissent actuellement en Irak, lorsque l’on applique ou tente d’appliquer plusieurs des vieux principes « éprouvés » En 15 ans seulement, les causes et les effets de la de guerre, les résultats obtenus sont, au mieux, infructueux mondialisation ont engendré à l’échelle planétaire un nouveau ou constituent, au pire, des gaffes militaires ou politiques. paradigme de la sécurité. En dépit de la sensibilisation plus

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Les conflits contemporains sont souvent ponctués de circonstances où des soldats très subalternes ou des civils de nombreux secteurs peuvent ou doivent poser des gestes qui engendrent des conséquences stratégiques. Soldat et chercheur dans le fond, soldat et sauveur dans la pratique, le soldat-guerrier se transforme aujourd’hui en soldat et diplomate. La technique ne représente plus pour le soldat un outil impartial et neutre. Son progrès est si rapide qu’elle accroît les inégalités dans les capacités militaires et les solutions en matière de sécurité. La technique a effectivement amplifié le souci d’interopérabilité et les enjeux qui y sont associés, à une époque où l’interopérabilité est la clé du succès dans tout conflit. De plus, non par hasard, l’explosion technologique a presque détruit toute raison d’espérer en arriver à une normalisation à l’échelle mondiale. La guerre est à la fois un art, dans l’esprit de ceux qui la livrent avec courage et espoir, et une science, en raison de la nature des armes, des produits et des services dont les parties concernées disposent. La superpuissance américaine a appris, à grands frais qu’elle continue de payer en Irak, que la guerre moderne dépasse les confins du combat et que la sécurité englobe bien plus que la technologie. Les nouveaux principes de guerre doivent être formulés de façon à reconnaître et à inclure l’art militaire. Il est aujourd’hui possible d’obtenir des avantages asymétriques. Au point de vue de la sécurité, un « manque d’imagination » chez les combattants d’une partie peut annuler pratiquement tout avantage que lui procurent ses moyens traditionnels, dans une guerre contre un adversaire engagé, consciencieux et ingénieux. Les guerres n’ont pas de fin. Il n’y a plus de défaite ou de victoire définitive. Le monde vit plutôt une série d’expériences de guerre, dans diverses localités, sous diverses formes et selon diverses circonstances, produisant divers résultats et des conséquences imprévisibles et géographiquement illimitées. Les armées de conscrits sont en voie de disparition. Si l’on reconnaît que même les grandes armées nationales,

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