Est-ce que Marie Stuart, reine d’Écosse, était une menace réelle pour la reine d’Angleterre Élisabeth I ?
Dissertation : Est-ce que Marie Stuart, reine d’Écosse, était une menace réelle pour la reine d’Angleterre Élisabeth I ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar francois.chagnon • 10 Mai 2022 • Dissertation • 2 554 Mots (11 Pages) • 440 Vues
François Chagnon
Dissertation historique sur la question : « Est-ce que Marie Stuart, reine d’Écosse, était une menace réelle pour la reine d’Angleterre Élisabeth I ? »
Présenté à :
Claudine Schmidt
Initiation à l’histoire de la civilisation occidentale
HIS-H01-04 gr. 0003
Collège Jean-de-Brébeuf
Sciences humaines
20 avril 2022
Table des matières
Table des matières i
Bibliographie 9
Les prétentions de Marie Stuart
La deuxième moitié du 16e siècle en Angleterre est surtout reconnue pour le règne d’Élisabeth I (1553-1603), fille de Henri VIII. Suivant la quête de son père à fonder une Église anglicane, indépendante de Rome, Élisabeth est celle qui la consolide véritablement. La situation religieuse reste cependant précaire. Au nord, la reine d’Écosse, Marie Stuart (1542-1587), fait agiter la situation. Sous des prétextes de légitimité et de religion, Marie Stuart se dit l’héritière présomptive au trône anglais. Élisabeth I fait face à un soulèvement possible. Cette menace est cependant débattue. Cette dissertation cherche à répondre à la question suivante : Est-ce que Marie Stuart, reine d’Écosse, était une menace réelle pour la reine d’Angleterre Élisabeth I ? Je crois que oui, Marie Stuart, était une menace réelle pour Élisabeth I. Premièrement, Marie Stuart réussit à gagner le support d’acteurs catholiques très influents, dont Philippe II et la maison des Guises, de laquelle sa mère est issue. Ensuite, son association aux nombreux complots d’assassinat à l’égard d’Élisabeth I faisait d’elle une menace constante à la vie de la reine d’Angleterre. Dernièrement, l’insistance d’Élisabeth I à chasser le catholicisme du royaume et les différentes décisions qu’elle prenait pour le faire est une preuve qu’on percevait réellement la montée de Marie Stuart comme un danger.
L’avènement de Marie Stuart, qui fut la reine au roi de France, François II, aux yeux d’Élisabeth I, lui était sans doute une source de préoccupation. Marie Stuart, par son mariage, s’était alliée avec une des familles les plus influentes de la France, les Guises. En France, les Guises ont vite établi leur sphère d’influence catholique[1] et petit à petit Élisabeth craint la guerre à deux fronts. Selon Bernard Cottret, Élisabeth ne perd pas de temps à essayer de rallier les français à se soucier des intentions de la noble famille. Les alliances se montraient de plus en plus hostiles à la pérennité du règne d’Élisabeth[2]. Continuant sur la pertinence des alliés catholiques, René Guerdan supporte la thèse que l’Espagne joue un rôle indirect, mais tout de même important. Philippe II (1528-1598), roi d’Espagne a longtemps prôné le catholicisme sur l’ensemble du territoire européen et de rattacher l’Angleterre à Rome. L’Angleterre était devenu un obstacle. Ensemble, la France, l’Espagne et par la même mesure l’Église catholique à Rome, composait un front commun à une cause qui aurait pu asseoir Marie Stuart sur le trône anglais[3]. Heureusement pour Élisabeth I, l’Écosse, pendant l’absence de Marie Stuart, qui régnait en France, était devenu majoritairement protestant. Marie Stuart régna tout de même, avec certaines difficultés[4]. La menace se concentrait maintenant au sud. Bernard Cottret et René Guerdan s’entendent sur le fait que Marie était la personne, qui entre autres, liait l’Église catholique et les pays comme l’Espagne et la France catholique à leur opposition contre l’Église anglicane. La légitimité d’Élisabeth I a longtemps été refusée par les catholiques. Le divorce de son père avec Catherine Aragon aurait été illégal, ainsi que son mariage avec Anne Boleyn, duquel elle est issue[5]. Ils ont placé en Marie Stuart, l’héritière légitime, surtout en raison de sa foi, leurs espoirs d’unifier l’Europe en tant que continent catholique. Il est juste de dire, qu’indirectement, les espagnols, les français et les différents papes de Rome, dont Pie V, encourageaient le soulèvement des anglais catholiques contre la reine Élisabeth[6]. La France, de son côté, a joué un plus grand rôle dans les disputes religieuses. À la maison, elle faisait face à une montée graduelle du protestantisme. La montée d’un mouvement huguenot, supportée par la couronne anglaise qui craignait encore une fois la consolidation de l’influence des Guises et leur alliance avec les espagnols[7]. Plus tard, en 1584, les soucis de la reine se sont accentués lorsque l’alliance s’est renforcée avec le traité de Joinville. Les deux partis se sont entendus officiellement à débarrasser l’Europe des protestants. Ce n’est qu’en 1588, après la mort de Marie Stuart, lors de l’Invincible Armada, que l’Espagne s’engage dans une campagne militaire, un échec total de la part de Philippe II, contre l’Angleterre[8]. Les craintes de la reine se sont manifestées, mais Marie Stuart n’est plus en jeu. Tout de même, le doute est resté jusqu’à cet évènement. Le danger de ce doute était réel tout au long du règne d’Élisabeth I.
Deuxièmement, il faut attribuer une bonne partie du danger que posait Marie Stuart à la couronne, aux séries de tentatives d’assassinat qui se sont surtout produites dans les années 70 et 80. En effet, un grand nombre de complots ont grandement contribué à la situation dangereuse d’Élisabeth I. Important est-il de noter qu’à ces moments précis, Marie Stuart a été chassée de l’Écosse et a été emprisonnée en Angleterre. Revenons un peu avant cela pour mieux dresser la situation. En 1565, elle marie Lord Dunley, une décision qui s’est avérée désastreuse pour la suite des choses. Peu de temps après, Lord Dunley a réalisé qu’il avait rendu mécontente la reine Élisabeth, prétendant que Marie Stuart n’avait pas d’affaire à marier ce dernier, un descendant de sa propre famille, les Tudors. Dunley, souhaitant remédier à la situation tumultueuse, décide de s’en prendre au confident de Marie Stuart, David Rizzio. Ce dernier est tué et vite, Marie réalise que sa sécurité est incertaine. Durant les huit prochains mois, Marie fréquente le lord Bothwell avec qui on croit qu’elle complote pour tuer Dunley. Le 9 février 1567, Dunley est tué. Immédiatement, la noblesse écossaise, pointe du doigt Bothwell et Marie. Elle n’essaye pas de donner l’impression qu’elle est innocente et poursuit une relation encore plus intime avec Bothwell. En juin 1567, Marie est incarcérée, pour la première fois sur une île en Écosse et puis en Angleterre, sous ce qu’Antonia Fraser considère comme une « série d’excuses liées au meurtre de Darnley » employé par Élisabeth pour la condamner à 18 ans de prison[9]. C’est à ce moment que les tentatives d’assassinat se multiplient. Les historiens : Bernard Cottret, John S. Morrill et Michèle Escamilla s’entendent sur trois tentatives principales. En ordre chronologique, le complot Ridolfi (1571), puis le complot Throckmorton (1583) et enfin, le complot de Babington (1586), celui qui a scellé le sort de Marie Stuart[10]. Cependant, les trois historiens mentionnés ne s’entendent pas tous sur sa culpabilité. Escamilla nous assure que le premier complot ait été concocté avec l’aide du porte-parole de Marie Stuart, l’évêque Ross. Ici, on peut supposer que Marie Stuart ait eu son mot à dire dans l’élaboration de ce plan. Elle poursuit avec le celui de Throckmorton, ne la rattachant pas directement, mais insistant tout de même sur la fréquentation de Throckmorton avec les partisans de Marie Stuart et la famille française, les Guises. Avec Babington, finalement, elle supporte qu’il soit fort probable que ses correspondances avec Marie Stuart aient été interceptées avant même qu’elle les reçoive. Les autorités anglaises les auraient manipulées, modifié leurs contenus pour susciter une réponse qui favoriserait la condamnation de Marie Stuart. Outre ce fait, Marie Stuart aurait, en écrit, donner le feu vert à l’assassinat [11]. Cherchant à rattacher Marie Stuart avec des preuves écrites, Bernard Cottret soutient que les anglais, sous les ordres d’un certain Francis Walsingham, ont imité l’écriture de la reine amoindrie. Semble-t-il que Bernard Cottret soit l’historien parmi les trois qui défend le plus ardemment l’innocence de Marie Stuart dans les trois complots[12]. John S. Morrill, pour sa part, met beaucoup l’emphase sur la volonté dangereuse à Marie Stuart à atteindre le trône. Selon lui, Marie Stuart était engagée d’une façon, directe ou indirecte, au premier complot. En ce qui concerne les lettres qu’elle aurait supposément envoyées à Anthony Babington (1561-1586), Morrill ne mentionne pas la possibilité qu’elles auraient pu être manipulées afin de prouver sa culpabilité et de la condamner à mort[13]. Finalement, pour ma part, je crois qu’un point important peut être défendu quant au danger que posait l’idée, et non la personne physique, de Marie Stuart. En effet, il est évident que ses partisans, qu’on pourrait considérer comme des fanatiques, aient recouru à des plans extrêmement menaçants qui ont, sans doute, mis la vie d’Élisabeth I en péril. Physiquement, Marie Stuart ne posait aucun danger réel, mais bien les désirs de ses partisans à la voir comme reine, à la tête d’un royaume, à nouveau, catholique[14].
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