L'Espagne En 1936
Note de Recherches : L'Espagne En 1936. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresdu nouveau régime, d’une part cette république arrive en pleine récession économique mondiale, conséquence du crack boursier de 1929, d’autre part si l’Espagne se dote d’un régime démocratique et d’un gouvernement de gauche, une bonne partie des états européens sombrent dans des dictatures plus ou moins fascistes (Italie de Mussolini, Allemagne d’Hitler 1933) et l’Amérique Latine est submergée par une vague populiste. Malgré l’enthousiasme de la population pour l’avènement de celle-ci, la jeune République de part ce contexte économique et politique est limitée dans ses actions.
En quoi l’année 1936, pour l’Espagne, est-elle représentative de l’extrême polarisation des tensions politique de la IInde République et l’apogée des différentes crises socio-économiques?
Pour cela nous verrons dans un premier temps en quoi les multiples crises, que subit l’Espagne, tant par leur aspect social, économique, ou encore national sont la cause de tensions politiques qui amènent à l’effondrement de la IInde République en juillet 1936 que nous traiterons dans une seconde partie. Enfin dans un dernier temps nous expliquerons comment le terme de guerre civile peut-il être représentatif de la guerre d’Espagne lors de l’année 1936.
I) Des crises espagnoles multiples à leur apogée en 1936
A) Une relation conflictuelle entre Etat, religion et armée
La politique de la seconde république représente un effort de modernisation de l'état d'une politique économique et sociale qui devait répondre à de nouvelles orientations. Cependant dans ce domaine, les choses se présentent très vite sous des auspices peu favorables. Ainsi la tension croit dans la rue, des conflits éclatent et se développent souvent en dehors de tout cadre institutionnel. Dans son réformisme prudent, la république se heurte à une gauche incluant anarchistes et communistes qui dénoncent la "république bourgeoise" et lui opposent une hypothétique révolution sociale. Et à une droite nostalgique de la monarchie. En effet afin de protéger cette jeune République, le gouvernement adopte très vite une loi de Défense de la République restreignant certains droits comme celui de réunion. Le répression de la grève générale à Séville en juillet 1931 se solde par plusieurs morts choquant l’opinion publique.
Le gouvernement de la raison passe d'abord par une volonté de laïcisation de la société espagnole (expulsion de jésuites, limitation du pouvoir des congrégations, développement de l'école publique…) qui modifie le paysage culturel. Mais la séparation radicale de l'église et de l'état annoncée par la constitution « l’Espagne n’a pas de religion officielle » est accueillie comme une déclaration de guerre par les catholiques.
De plus une réforme de l’armée est lancée par le 1er ministre Manuel Azaña, le gouvernement veut en finir avec le grand nombre d'officiers en mettant en place une système de retraite anticipée (qui en 2 ans fait passer de 20576 à 12981 officiers),en initiant aussi la clôture de l'académie générale militaire (commandée a cette date par Franco et jugée obsolète), la réorganisation du recrutement, ou encore l’ébauche d'un corps d'officiers de réserve. Cette réforme tend à écarter les militaires du domaine civil.
L'ensemble de ces mesures car on peut rajouter les réformes de l’éducation, la modernisation de la réglementation du travail et la mise en place de l’autonomie effective de certaines régions répond à une volonté de rationalisation. L'essentiel de ces réformes ne fut pas remis en cause lorsque la droite revient au pouvoir en 1933.
Mais la république ne parvient pas à gagner la confiance des militaires inquiets pour leur avenir professionnel, la majorité des officiers était heurtée par cette volonté politique d’unité nationale.
Cependant si ces réformes là avancent bon train, l’une des mesures qui semble la plus urgente se fait attendre.
B) La réforme agraire de 1932 et ses conséquences sociales
L’Espagne en 1931 n’est plus un pays à dominante agricole ni dans la structure de sa production ni dans la répartition de sa population active, mais c’est encore un pays agraire par la proportion de résidents en milieu rural d’abord et ensuite par les caractères des classes dirigeantes composées de propriétaires fonciers conservant une mentalité préindustrielle et des valeurs oligarchiques. A cela s’ajoute la persistance d’un fort déséquilibre dans la distribution des revenus : 17349 propriétaires (soit 0,97% du total) réunissent à eux seuls 42,04% du revenu imposable. Soit la prédominance des ruraux dans la société espagnole s’accompagne de très bas niveaux de vie pour la majorité d’entre eux. Dans une perspective économique cette inégalité des richesses réduit le pouvoir d’achat des Espagnols et bloque le marché intérieur des biens de consommation. Du point de vue sociopolitique, elle empêche la diffusion et l’exercice de la citoyenneté active dans un milieu soumis à l’analphabétisme et à l’autorité des hauts dirigeants.
Une réforme agraire s’impose donc, promise depuis les élections du 14 avril 1931, la réforme agraire se fait attendre jusqu’en septembre 1932. Elle provoque cependant malgré tous les espoirs placés en elle, notamment les perspectives d’améliorations pour les journaliers sans terre, la désillusion du monde rural espagnol, en particulier dans les latifundios (petites parcelles de terre) du Sud et du centre de l’Espagne. En effet de part la nouvelle réglementation du travail des jurys mixtes (représentants syndicaux des ouvriers) auraient du être implanté par les grands propriétaires terriens. Cependant ceux-ci y sont hostiles et accordent même des salaires plus bas que ceux indiquer par le gouvernement. Ces espérances déçues des paysans génèrent des tensions et des incidents avec de graves conséquences : décembre 1931 une manifestation à Castilblanco se solde par la mort d’un garde civil et le massacre de quatre autres par la foule. Cet évènement donne suite à une série d’affrontements entre paysans et forces de l’ordre surnommé par Julian Casanova « d’une sorte de semaine tragique » et se solde par l’évènement d’Arnedo à la Rioja suite aux licenciements abusifs que l’entreprise entreprend où la répression de la République fait 11 morts, dont 5 femmes et quasi 30 blessés.
A partir de la on assiste à une montée des conflictualités avec une série de grève et de jacqueries que eurent toujours en arrière-fond ce problème de l’accès à la terre et au travail. Des mouvements syndicaux insurrectionnels furent mis en place en janvier 1932, 1933 à travers la CNT. Le plus répressif fut celui de 1933 à Casa Viejas en Andalousie. Une énième crise ministérielle en octobre 1934 déclanche la réaction du mouvement ouvrier connu sous le nom de « Révolution d’Octobre », en même temps en Catalogne se livre une rébellion institutionnelle en rapport direct avec la réforme agraire. Mais les évènements les plus graves ont lieu aux Asturies où dans un paysage social dominé par les ouvriers la grève générale prit la forme d’une insurrection armée. Des groupes armés s’emparent d’Avilés, principale ville minière, et font le siège d’Oviedo, capitale provinciale. Les combats et la répression qui s’en suivit sont durs, les pertes humaines s’estiment entre 1000 à 4000, et les destructions matérielles sont immenses, surtout à Oviedo. Suite à ces évènements d’Octobre 1934, 30000 prisonniers politiques s’entassent dans les prisons espagnoles.
Sur le plan national la République a donc hérité des grands facteurs de clivages de la société espagnole : les problèmes agraire, militaire, religieux, éducatif mais aussi nationaliste.
C) La question nationale et la montée du fascisme
Les solutions que la République tente d’apporter n’ont pas le succès escompté car il aurait fallu plus que l’appui des classes moyennes urbaines. En effet la République sur bien des points symbolise la victoire de la ville mais aussi de la population urbaine et de la petite bourgeoisie bien qu’elles soient encore minoritaires dans le pays. Ainsi entre 1931 et 1936 le système est marqué par une atomisation de la vie politique animée par une multitude de petits partis. Il symbolise aussi une inégale acceptation du régime : débat qui traduit encore les contradictions de la petite bourgeoisie et de son attitude d’attraction répulsion à l’égard du monde ouvrier et paysan et de toute masure politique révolutionnaire.
C’est dans ce contexte que se pose la question d’une identité nationale espagnole, en effet la République ne veut elle pas remettre en cause l’unité nationale en accordant un statut spécifique à la Catalogne en Septembre 1932 ? Les catalans proclament dès le lendemain des élections la République et son caractère catalan, ils mettent en place un gouvernement spécifique « Generalitat de Catalunya » et est vite reconnu par l’adoption en 1932 de ce statut d’autonomie qui transfère une marge importante du pouvoir national au pouvoir régional. Cependant, la politique analogue pour d’autres « nationalités historiques » comme les basques fut plus longue dans sa mise en place. Ainsi le statut basque n’est adopté
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