La France Périphérique Christophe Guilluy
Fiche de lecture : La France Périphérique Christophe Guilluy. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar pierrelp • 8 Juin 2022 • Fiche de lecture • 892 Mots (4 Pages) • 339 Vues
Pierre LARGET-PIET
Fiche de lecture : la France Périphérique, Christophe GUILLUY.
Biographie de l’auteur :
Christophe GUILLUY est né en 1964, il est un géographe consultant pour les collectivités territoriales --après avoir obtenu une maitrise de géographie urbaine à l’université Paris-1 Panthéon Sorbonne--, à l’élaboration d’une nouvelle géographie sociale. Ses travaux en géographie sociale abordent les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine. Il s'intéresse à l'émergence d'une « France périphérique » s'étendant des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes aux espaces ruraux, en passant par les petites et moyennes villes.
Résumé :
L’idée principale de son livre présenté sous forme d’essai, intitulé La France Périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires, et paru en 2014, est que si la mondialisation a entrainé un processus de métropolisation du territoire français, très bénéfique d’un point de vue économique puisque les métropoles génèrent une large majorité des richesses au niveau national (+ de 80% du PIB), cette dynamique ne fait pas société et met à l’écart une large partie du territoire , notamment les classes populaires, qui n’ont pas la même perception de la mondialisation. Cette partie de la population et du territoire constitue la « France Périphérique ». la France Périphérique se traduit par un vote pour des partis contestataires (FN par exemple), et se caractérise par un certain nombre de problèmes communs, dont la fragilité et la vulnérabilité économique, géographique et sociale, mesurables par un indicateur composé de sept outils. C’est un « continuum socioculturel » de catégories de population diverses, mais partageant la même vision de la mondialisation, perçue comme une menace qu’ils doivent subir, tel l’immigration par exemple. Ces populations diverses ont toutes un sentiment commun, celui de faire partie des « perdants de la mondialisation ». En effet, l’auteur met en en lumière l’effacement des classes moyennes et l’invisibilité des classes populaire d’un point de vue géographique, avec des cartes de l’INSEE qui valorisent seulement le développement de métropoles, mais aussi d’un point de vue politique remarquable par la faible représentation de députés issus de classes populaires à l’Assemblée Nationale (seulement 0,4%). Enfin, le modèle socio-économique du village apparait alors comme un contre-modèle de la société mondialisée.
J’ai trouvé particulièrement intéressant la contradiction qu’a soulignée l’auteur sur le fait que les métropoles, malgré que ce soient les territoires les plus inégalitaires de la France, sont ceux qui fonctionnent le mieux économiquement. En effet, la métropole de Paris produit à elle seule un tiers du PIB national. De plus, il y a une forte mobilité des classes sociales supérieures mais également des classes sociales populaires immigrées puisqu’elles bénéficient , contrairement aux classes populaires « anciennes » (non immigrées), d’un atout géographique : en étant accueilli dans des quartiers de logements sociaux de grandes métropoles, elles bénéficient de ce que le sociologue Pierre Veltz appelle une « assurance résidentielle » , c’est-à-dire que la diversité de l’offre sociale et scolaire garantit une certaine stabilité sociale et permet même une ascension sociale. C’est ainsi que les banlieues intégrées produisent des classes moyennes issues de l’immigration maghrébine et africaine.
D’autre part, j’ai trouvé très intéressante l’idée que soutient l’auteur, selon laquelle l’analyse de l’évolution du profil des votants et des abstentionnistes permet de prévoir les mutations sociales, démographiques et culturelles de la société et donc l’avenir de différents partis politiques. Christophe GUILLUY distingue tout d’abord 2 blocs, d’une part les partis soutenant le modèle en place (UMP et PS) et d’autre part, le FN qui le contredit. Ainsi, grâce à cette analyse, on observe que la base électorale de l’UMP est principalement composée de retraités et que le parti est donc voué à gagner des voies puisque nous nous situons dans une société vieillissante. Quant au parti socialiste, s’appuyant principalement sur les votes de la classe moyenne, il a tendance à disparaitre en même temps que l’implosion des classes moyennes, tout comme le parti communiste qui a disparu en même temps que les grandes industries, du fait de la mondialisation qui implique la décentralisation. Ces deux partis, formant un même bloc, sont majoritaires dans les métropoles. Enfin, le Front National a su capter la majorité des nouvelles classes populaires (précarisation des classes moyennes, actifs employés et ouvriers) qui subissent les effets de la mondialisation et de l’émergence d’une société multiculturelle due à l’immigration c’est un vote qui s’inscrit principalement dans les territoires de la France Périphérique. Cette analyse sociale se fait donc également géographique.
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