La cocaïne, un produit mondialisé
Étude de cas : La cocaïne, un produit mondialisé. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Juliette Rain • 29 Mars 2016 • Étude de cas • 2 460 Mots (10 Pages) • 2 598 Vues
La cocaïne, un produit mondialisé :
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Rain Juliette
Terminale Littéraire
Introduction :
Le commerce international de drogues est l’un des domaines les plus actifs de l’économie mondialisée, puisqu’il génère annuellement entre 350 et 500 milliards de dollars. Le marché de la cocaïne est le plus lucratif pour les criminels, représentant ainsi environ 84 milliards de dollars en 2009 d’après L’ONUDC (office des nations unies contre la drogue et le crime).
Le trafic de drogues illicites à l’échelle mondiale ne date pas du XXIème siècle et de l’arrivée de la mondialisation. Au 16ème siècle, les colons espagnols ont eu un rôle déterminant dans la diffusion des feuilles de coca utilisées depuis le troisième millénaire avant J-C par les pays andins. Ils découvrent en effet qu’elle représente un véritable enjeu, puisqu’elle rend le travail plus productif pour celui qui la consomme. En la mastiquant, les Indien qui avaient des métiers difficiles voir éreintants, comme ceux qui travaillaient dans les mines, devenaient ainsi plus résistants et tenaces. Cependant, la feuille de coca, si elle était souvent utilisée, ne semblait pas créer de dépendance. La technique pour produire la cocaïne fût mise au point au 20ème siècle, accélérant encore sa diffusion. Cependant, les évolutions du monde contemporain ont favorisé la venue de nouveaux acteurs et l’accentuation d’un phénomène dorénavant entièrement mondialisé.
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Sachets de cocaïne.
La cocaïne est un stimulant psychoactif important, qui accentue l’effet de la dopamine et qui peut entraîner une importante dépendance psychique. L’usage de la cocaïne provoque une euphorie, un sentiment de puissance intellectuel puis place souvent le consommateur dans un état dépressif appelé « la descente ». Cependant, qu’elle soit plus ou moins « pure » ou coupée, qu’elle se présente sous la forme d’une poudre blanche ou de cailloux (crack) ou qu’elle soit fumée, sniffée ou injectée, elle entraîne de graves conséquences sur l’organisme, comme des troubles du rythme cardiaque, des troubles de l’humeur et des pathologie psychiatriques… Si les effets de la cocaïne furent loués par de nombreux intellectuels comme Sigmund Freud et qu’elle faisait auparavant partie de la recette du Coca-cola ; responsable de nombreux décès, elle est interdite depuis le début du 20ème siècle.
Quelles sont les particularités de la mondialisation de la cocaïne ? En quoi la mondialisation légale sert-elle ou désert-elle le commerce de la cocaïne ?
Nous verrons d’abord comment la cocaïne est fabriquée et diffusée mondialement, avant d’en étudier les principaux acteurs pour finir par analyser la partie financière de cette mondialisation de la cocaïne.
I/ Mondialisation et diffusion :
1/ De la fabrication à la diffusion :
La feuille de coca est principalement cultivée en Colombie, au Pérou et en Bolivie. En effet, si elle est maintenant commercialisée de façon mondialisée, la coca fait avant tout partie des fondements de la culture andine, où son usage date de plusieurs millénaires. Cette plante ne pousse d’ailleurs que dans la cordillère des Andes, entre 300 et 2000 mètres d’altitude. Sa culture est locale et se fait principalement manuellement. Elle est particulièrement utilisée pour ses vertus thérapeutiques et dans des rites religieux pour ses capacités stimulantes.
Après avoir récolté les feuilles de coca, il faut tremper celles-ci dans du kérosène durant 3 jours en les piétinant assez fréquemment. Le jus ainsi obtenu est ensuite mélangé avec de la chaux et filtré, pour obtenir une pâte brunâtre qu’il faut laisser exposer au soleil durant 8 heures. On obtient alors ce que nous appelons la « pâte de base ». Grâce à l’amélioration et l’affinement des techniques de production, la quantité de feuilles de coca utilisées pour obtenir un kilogramme de pâte a beaucoup baissé : il faut environ 250 kilogrammes de feuilles pour 1 kilogramme de pâte. La « pâte de base » est après cela mélangée avec une quarantaine de produits chimiques (dont l’ammoniaque et l’acétone), et filtrée de nouveau avant d’être séchée plusieurs fois au soleil afin d’obtenir une poudre blanche : la cocaïne. Avec 2kg de cette pâte, on obtient environ 1kg de cocaïne.
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Plantations de coca.
En Bolivie, au Pérou et en Colombie, des campagnes anti-drogue ont été menées depuis les années 1990 par le gouvernement. Pourtant, même si la superficie globale des champs de coca a diminué, une meilleure maîtrise des techniques de fabrication a empêché la baisse de la production.
2/ Les routes de la cocaïne :
Le trafic de la cocaïne vers les Etats-Unis est extrêmement structuré, et ce particulièrement par des cartels de drogues colombiens et mexicains qui organisent des cargaisons gigantesques qui valent plusieurs millions d’euros, et utilisent parfois des moyens novateurs, tels que le sous-marin. Parfois, ils empruntent la voie aérienne par le biais de petits avions reliant la Colombie ou le Mexique aux Etats-Unis, ou grâce à des passeurs (les mules) qui empruntent des avions de ligne. Les cargaisons européennes, africaines ou océaniennes sont quant à elles transportées surtout par voie maritime, dans de grands chalutiers.
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Conteneurs sur un chalutier.
Dans le trafic illicite de la cocaïne, l’escalade des profits est essentielle. En effet, à chaque étape de la fabrication et du cheminement de la cocaïne, les marges bénéficiaires augmentent, et ce particulièrement lors de la traversée d’obstacles physiques (océans, chaînes de montagnes…) ou policiers (frontières, aéroports, ports…). Après le franchissement de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique par exemple, qui fait l’objet d’une surveillance vigilante de la part des Etats-Unis, le prix d’un kilogramme de cocaïne triple.
L’Afrique, et plus particulièrement celle de l’ouest, si elle est en retard par rapport aux Etats-Unis ou à l’Europe dans le marché de la cocaïne, est devenue dans les années 2000 une plaque tournante de la drogue, dont le marché est favorisé par l’instabilité et la corruption de nombreux gouvernements.
Dans ce trafic, la dimension Nord-Sud est essentielle, puisque la culture et fabrication se fait en grande partie au Sud, tandis que la demande est particulièrement importante au Nord. Ainsi, nous retrouvons un schéma économique assez commun. La drogue est effectivement consommée principalement en Amérique du Nord et en Europe, alors qu’elle est bien sûr produite dans des pays du « Sud », dont l’IDH est beaucoup plus faible. Le prix de la cocaïne est aussi beaucoup plus élevé dans ces pays développés du « Nord ». A New-York, le gramme de cocaïne est 10 fois plus cher qu’à Sao Paulo !
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Planisphère issu d’un rapport de l’ONUDC.
II/ Les acteurs
1/ La criminalité liée à la cocaïne : les cartels et la mafia.
Aujourd’hui, le trafic de la cocaïne est largement contrôlé dans les pays andins par les cartels et trafiquants colombiens qui, grâce à leurs bénéfices, se fournissent des armes et deviennent indépendants. Les cartels mexicains se sont quant à eux imposés comme intermédiaires entre les Etats-Unis et la Colombie. Frontaliers des trois pays producteurs, le Brésil détient un rôle essentiel dans l’acheminement des drogues par le Pacifique. Là aussi, la mafia s’est imposée.
La mafia corse fait le lien entre l’Europe et l’Afrique, où les trafiquants profitent du faible contrôle des Etats pour acheminer la cocaïne via le Sahara vers l’Europe. Avec le développement de ce trafic, la criminalité a d’ailleurs explosé dans l’île française qui fournit une bonne partie du pays en cocaïne. (Bien qu’avec les différents conflits récents en Afrique, le trafic ralentisse un peu.)
Les mafias, cartels et acteurs de la corruption prospèrent dans les milieux urbains, où les connivences entre les criminels et les forces de police sont souvent répandues et connues, comme dans les métropoles d’Amérique latine. La corruption est l’un des principaux obstacles à la lutte contre le trafic de la cocaïne. Par celle-ci, l’intimidation ou encore la violence, les groupes criminels sont parvenus à affaiblir passablement les services de détention et de répression policière et les douanes. Si cette corruption est surtout présente en Amérique du Sud et Afrique de l’ouest, les pays développés n’y échappent cependant pas.
2/ Les acteurs politiques : de la police à une coopération internationale.
L’Office des Nations Unies Contre la Drogue et le Crime se dit à la recherche permanente des marchés internationaux frauduleux de stupéfiants, dont ils veulent comprendre les dynamiques et mécanismes. Pourtant, nous savons que le développement du trafic de la cocaïne est lié en partie à l’incapacité des organisations internationales économiques, politiques et financière à faire face à cette « face sombre » de la mondialisation. Ils n’ont en effet pas su agir efficacement face à l’appauvrissement soudain des Etats du Sud durant les années 1970-80. Ces organisations internationales ont amplifié au contraire l’exposition de ces pays au narcotrafic, en préconisant des lois néolibérales. (Moins d’impact sur certains territoires, plus de politiques corrompus…) D’autre part, les coopérations internationales ont accentué la militarisation de la lutte antidrogue sous l’influence des Etats-Unis, sans pour autant que la consommation ou la production baisse.
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