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Le Génocide Arménien

Fiche : Le Génocide Arménien. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  20 Février 2018  •  Fiche  •  5 855 Mots (24 Pages)  •  825 Vues

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Le Scel Emile

Lepetit Lucas

L2 Histoire Parcours Europe

Le génocide des Arméniens vu par Ohannès Pacha Kouyoumdjian, gouverneur du Mont-Liban

Depuis la fin du Moyen-Age, l’Empire Ottoman est la puissance majeure du Moyen-Orient. C'est un empire hétéroclite dans lequel se mélangent divers peuples, cultures et religions. Au tournant du XXème siècle, ce dernier recouvre un ensemble de territoires allant d’Istanbul à Jérusalem, de l’Arménie à l’actuelle Syrie. Pourtant, et ce depuis près d’un siècle, l'Empire est surnommé

« L’homme malade de l’Europe » en raison des nombreux troubles qui l'agitent. Ceux-ci révèlent la nécessité de promulguer des réformes structurelles, parfois infructueuses. Ce début du XXème siècle est également le théâtre de la première Guerre Mondiale, un conflit long de quatre années dans lequel les grandes puissances européennes entraînent le monde entier. Le bilan est terrible pour les pays prenant part aux combats : des dizaines millions de morts et d'infirmes, des violences civiles et militaires et des dégâts matériaux immenses. L’Empire ottoman est l’un des grands protagonistes de la Grande Guerre, aux côtés de l'Autriche-Hongrie et de l'Allemagne, qui l'ont poussé à entrer dans le conflit. L'Empire est confronté aux troupes du tsar Nicolas II de Russie à l'est et au nord, ainsi qu'aux tentatives d’envahissements français et britanniques par la mer. Cela fragilise encore un État qui peine alors à se réformer. C’est dans ce contexte de guerre totale, entre 1914 et 1918, que se déroule un épisode tragique. Si le terme de génocide est aujourd'hui employé pour qualifier les actes de violences extrêmes à l’encontre de la population arménienne, il est toujours remis en cause, notamment par l’État turc. Les chiffres de cette extermination sont également contestés, et ce depuis 1919. Le lourd bilan est estimé à environ 1 200 000 personnes, sur une population arménienne totale d’environ 2 000 000 au début du XXème siècle. Pour étudier ce génocide, il existe un certain nombre d’archives, de textes et de documents officiels faisant part des événements ainsi que de leur déroulement. Ohannès Kouyoumdjian, né en 1856 et mort en 1933 est un arménien catholique, ayant occupé des fonctions au ministère des affaires étrangères de l’Empire Ottoman, puis comme premier secrétaire à l’ambassade présente à Rome durant neuf années, jusqu’en 1908. A son retour il devient membre du Conseil d’État et vice-président des Affaires Étrangères. Face à des contestations internes de la part des membres turcs du gouvernement, il démissionne de son poste en 1913 pour devenir gouverneur du Moutassarifat du Mont-Liban. En plus du soutien des différentes puissances européennes, il reçoit alors le titre de pacha ainsi que le rang de maréchal. Le statut semi autonome du Liban étant annulé en 1915, il est démis de ses fonctions, puis de retour à Constantinople devient élu au Parlement, où il refuge de siéger. C’est cette année qu’il découvre le sort réservé aux arméniens. A la suite de son refus de servir son pays à la conférence de la paix en 1919, il décide finalement de s’exiler à Rome. Son parcours rend d’autant plus intéressant son récit des événements. Ce dernier rédige en 1921 un ouvrage intitulé « Le Liban à la veille et au début de la guerre. Mémoires d’un gouverneur, 1913-1915 ». L'auteur y décrit sa perception du processus d’extermination de la population arménienne. On peut ainsi lire de quelle manière le Liban et la Syrie deviennent un point de passage pour les convois d'arméniens forcés à l'exil. Enfin on peut y comprendre les divisions entre les différents peuples de l’Empire, en particulier dans leur façon d’observer voire de participer au génocide. C'est un témoignage de premier plan et à ce titre, très riche en informations sur la situation. Il semble donc légitime de se demander quelles clefs de compréhension ce témoignage nous offre-t-il sur le génocide arménien ? Pour répondre à cette question nous diviserons notre analyse en trois parties, en commençant par la relation entre les arméniens et le pouvoir ottoman, puis en détaillant l'organisation de l'émigration forcée et enfin, terminer par analyser les caractéristiques de ce massacre généralisé.

Entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème se forme une inflexion : la mise en place progressive d’un nationalisme turc pousse les différentes communautés de l’empire à promouvoir leur culture et à affirmer leur identité. La principale différence entre les arméniens et les musulmans touche à leur statut de dhimmis, les laissant dans une situation d’inégalité à la fois fiscale et juridique, ce contre quoi ils luttent. La tension entre l’État turc et la minorité arménienne connaît un passif antérieur aux événements de 1915-1918. Une grande méfiance à l’égard de la population arménienne est observable, constamment surveillée par l’État. La raison vraisemblable de la grande méfiance que porte Abdülhamid II aux arméniens tient au fait qu’ils possèdent des comités révolutionnaires en Anatolie, c'est-à-dire dans le centre géographique de l’Empire. Des tensions, provoquées par les revendications politiques d’une partie des arméniens gagnés par les idées socialistes, ainsi que les troubles agraires dus à un modèle d’organisation archaïque pousse le gouvernement à apaiser la situation par la répression. En l’espace de deux années entre 100 000 et 300 000 arméniens sont tués, une partie d’entre eux remplacés dans leur village par des musulmans, généralement Kurdes. La persécution des arméniens n’est donc, à ce titre, pas un phénomène nouveau. Leur situation au sein de l’empire est complexe, une partie d’entre eux occupant tout de même des postes élevés dans la hiérarchie, comme c’est le cas de l’auteur, administrant une région qui doit être gérée par un chrétien ne provenant pas du Liban, et donc favorisant l’arrivée à sa tête d’arméniens. De plus, comme le dis l’auteur à la ligne 33 « Baron, l’hôtelier, est certainement l’homme le plus répandu et le plus populaire de la ville. »  Ainsi comme le précise l’auteur par la suite, ce dernier est lui-même un arménien à la position hiérarchique importante au sein d’Alep. De plus Baron est connu de l’histoire. Il appartient à la famille des Mazloumian, une famille s’étend arrêtée à Alep durant son pèlerinage à Jérusalem, donnant naissance à l’Hôtel Baron, plus vieil hôtel de la ville. L’hôtel est alors fréquenté de bon nombres d’espions anglais et français, venu sur place pour observer l’avancée des travaux du Bagdadbahn, chemin de fer allemand allemand reliant Berlin à Bagdad et alors en construction. La position des arméniens au sein de l’empire est ambiguë, quand bien même les autorités sont tentées de les écarter du pouvoir voire de les exterminer, leur place au sein de la société dans des régions telle que celle d’Alep les rend presque intouchables tant qu’ils restent fidèles aux autorités ottomanes. Comme l’auteur le met en évidence dans son texte, tout arménien se doit alors d’être méfiant dans sa relation à l’empire, et ne pas se faire remarquer par une opposition, ou encore par des opérations visant à aider des arméniens persécutés durant la première Guerre Mondiale.

        Si l’Empire ottoman impose une politique de répression si forte, de si grande envergure, c’est que l’empire connaît à cette époque une période complexe marquée par des séditions de toute part. Les différentes communautés composant cet ensemble veulent obtenir au minimum une plus grande autonomie ou encore une égalité des droits voire, dans le cas le plus extrême, réclament leur indépendance. Depuis un siècle l’empire a connu de larges pertes territoriales, notamment en Europe avec la Bulgarie et la Grèce, mais aussi au Moyen Orient, avec le passage de l’Égypte sous influence anglaise. La principale raison de cette dissension est l’avènement d’une ère durant laquelle est défendue, entre autre par de nombreux médecins militaires du régime, l’idée d’un darwinisme social, idée que portent les Jeunes-Turcs. Dès lors, l’ottomanisme, qui incorporait en son sein les peuples de diverses religions et cultures, laisse place à un « turquisme » estimant les arméniens, tout comme les serbes ou encore les bulgares comme des ennemis de l’intérieur, affaiblissant la patrie. L’ambition est alors de former une nation turque et musulmane. Cet idéal rapidement vient s’écraser contre les contestations des nationalismes, qu’ils soient arabes ou encore arméniens, pour finalement opposer les populations au sein même de l’empire. L’influence étrangère, notamment quant au sort des chrétiens complexifie un peu plus la situation, amenant à une radicalisation des pensées, notamment sur la manière dont doit être traité le problème arménien. De 1894 à 1915 la situation se délite petit à petit, pour finalement amener à une opposition stricte empêchant toute réconciliation. Pour le « sociologue » Ziya Gokalp il existe trois étapes à cette mutation de l’empire. En premier lieu la « turcification » des domaines sociaux, économiques et industriels, soit le monopole des populations turques musulmanes sur les affaires d’État et économique. Ensuite vient l’islamisation, soit la conversion forcée ou le remplacement des populations non musulmanes par celle musulmanes. Enfin l’étape de l’occidentalisation, soit un calque du modèle étatique européen à l’Empire ottoman. Cette refondation de l’empire en un nouvel État passe par le rapprochement et l’appui des turques avec des minorités qu’ils peuvent incorporer à leur projet. L’auteur met cela en évidence, notamment lignes 53 à 56 « la population musulmane de ces pays composée surtout de Kurdes, est plus féroce et plus âpres à la curée que les Seljoucides de l’Ouest. Elle achève ce que les bandes ont commencé. Aussi le courant l’émigration qui coule de côté n’arrive-t-il à Alep qu’excessivement réduit. ». Cet extrait, en plus de mettre en évidence la particulière cruauté des kurdes à l’encontre des arméniens prouve que les turcs ne sont pas seuls à participer à cette extermination. Ainsi on observe une participation active des kurdes musulmans au massacre des arméniens. Les relations de l’Empire à l’égard de ces derniers sont plus qu’amicales, cherchant à les incorporer au projet de « turcité » promut d’abord par les sultans depuis une trentaine d’années, puis par le Comité Union et Progrès. Les kurdes servent en effet de population de peuplement sur les terres laissées vides par la disparition ou la déportation des arméniens. Le gain territorial pour ces populations les poussent donc à participer au massacre arméniens, comme le met en évidence l’auteur en pointant du doigt leur cruauté. Ce massacre, cette politique d’extermination n’est pas un événement dû au hasard, mais bel et bien une politique appliquée par un organisme dénoncé par l'auteur à la ligne 51 : « le Comité Union et Progrès » (ou CUP).

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