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Le livre synodal de l'Eglise de Nîmes

Dissertation : Le livre synodal de l'Eglise de Nîmes. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Mars 2023  •  Dissertation  •  4 946 Mots (20 Pages)  •  219 Vues

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Bataille – Michaud – Mollot

Livre synodal de l’église de Nîmes, an du seigneur 1252

I) L’organisation interne de l’église de Nîmes

1) Un prêtre à instruire

2) Une clarification de la hiérarchie et des droits 

3) Le salut de l’âme à tout prix 

II) Une distinction entre clercs et laïques renforcée

1) La menace du bannissement de l’âme des laïques

2) Des luttes dans le contrôle des territoires

3) Le rôle des lectures publiques

III] Un meilleur encadrement des fidèles

1) Une séparation entre le prêtre et le fidèle

2) Le fidèle à la paroisse 

3) La paroisse comme administration 

Le document d’étude est un extrait d’un livre d’Odette Pontal qui publie en latin et français les divers statuts synodaux de France du XIIIe. Le document est justement le livre synodal de l’église de Nîmes de 1252 (On est donc bien dans cette période d’explosion des statuts synodaux). Odette Pontal consacre 3 tomes aux statuts synodaux de France du XIIIe. C’est donc une documentation conséquente qui montre l’importante numérique conséquente. On a en effet une multiplication des statuts synodaux à partir de 1215 avec le 4e concile de Latran qui instaure un synode diocésien annuel avec son sixième canon. Le synode diocésien réunit l’entièreté du clergé d’un diocèse en une assemblée pour traiter des décisions de l’ensemble de l’Eglise dans le diocèse. On a donc une forme de gouvernance par la collégialité à l’échelle des diocèses. On est également dans le contexte plus global de la réforme grégorienne avec une indépendance du clergé affirmée face aux laïcs et un nouveau statut des prêtres. De plus, c’est aussi sous le règne de Louis IX et le pontificat d’Alexandre IV, qui soutiennent la réforme. Les décisions prises dans ces synodes vont être reprises et copiées et regroupées dans des livres synodaux qui regroupent ces statuts synodaux. Ce livre traite ici de 2 sujets principaux : le traitement du baptême et des sépultures. On a donc les décisions prises sur ces pratiques qui sont jugées mal appliquées par l’évêque de Nîmes Raymond. On s’entendra pendant l’exposé sur cette mauvaise application. Mais on est bien en une réaffirmation du pouvoir ecclésiastique de la continuité de la réforme, qui se présente dans ce texte en opposition aux laïcs. Mais plus que ceci, ce document nous offre une fenêtre sur l’administration des diocèses avec ici l’exemple concret de Nîmes pendant la réforme grégorienne.

Ainsi, avec ce que nous venons de vous présenter, nous essaierons d’expliquer comment le livre synodal de 1252 organise l’Église de Nîmes dans la mouvance de la réforme grégorienne.

Pour tenter d’apporter une réponse à ce questionnement nous tenterons de montrer qu’il y a une volonté de mieux organiser la structure interne au sein de l’église de Nîmes, puis nous essaierons d’expliquer qu’il y a un renforcement de la distinction entre pouvoir clérical et pouvoir laïque. Enfin tout ceci nous permettra de présenter qu’il y a un meilleur encadrement du quotidien et des actions des fidèles.

Premièrement, on peut relever au sein de notre document une première idée très importante dans la réforme grégorienne que nous avons évoqué brièvement, l’instruction des prêtres. Effectivement l’un des objectifs de la réforme grégorienne était de donner une meilleure formation ainsi qu’une meilleure instruction aux prêtres afin de les éloigner des vices et des dérives auxquelles ils se donnaient. La deuxième partie du premier paragraphe insiste sur l’importance de cette formation comme on peut le voir avec les mots de l’évêque de Nîmes à partir de la ligne 12-13 « nous prescrivons strictement et enjoignons que les clercs de notre diocèse […] lisent fréquemment ces statuts, préceptes et interdictions synodales, qu’ils les comprennent et les observent avec soin, de sorte que s’il leur arrive d’être en défaut […] ils ne puissent, par la suite alléguer l’excuse d’ignorance ». En effet, la formation des prêtres voulues par la réforme avait pour objectif de détourner ces derniers des vices comme le nicolaïsme qui est rappelons le non-respect des mœurs spécifiques imposées aux membres du clergé (mariage, concubinage, commerce sexuel ou prêcher la luxure), mais encore la simonie consistant en l’achat, la vente de biens spirituels, de sacrements, de postes hiérarchiques, de charges ecclésiastiques ou de services intellectuels. En empêchant les membres du clergé de se satisfaire dans ces vices au dépend de l’Eglise et de la foi chrétienne, ils seraient ainsi en mesure de s’impliquer plus sérieusement dans l’instruction des laïques et des fidèles au sein de leur diocèse et donc faire davantage pénétrer dans les esprits et dans les âmes les obligations de vie découlant du dogme chrétien. La réforme n’est cependant pas respectée dès le début et on voit même qu’environ 2 siècles plus tard que la formation des prêtres n’est pas toujours égales ou centrales, on peut montrer cela par exemple de la ligne 3 à 4 avec le passage « la naïveté et l’insuffisance de certains prêtres de notre diocèse ». On peut voir dans ce passage une dénonciation des autorités de l’Eglise du comportement des prêtres, naïveté peut ici faire référence à des croyances contraires aux dogmes chrétien dû à l’absence de formation et d’instruction des prêtres, n’oublions pas que le XIIe est un siècle où l'Église est confrontée à de nombreux cas d’hérésies. A cela on peut ajouter le terme insuffisance pour critiquer la faible implication de certains membres du clergé pouvant affecter la santé morale de tous les fidèles. D’ailleurs cette insuffisance peut refléter un désintérêt pour la formation et le respect des règles de la réforme, ne pas chercher à s’instruire fait donc courir aux prêtres la menace des punitions de la part des ecclésiastiques hiérarchiquement plus importants, « Ils doivent tenir pour certain que nous punirons, de la peine encourue, de tels transgresseurs » comme on peut le relever de la ligne 17 à 18. L’utilisation du mot transgresseurs n’est d’ailleurs pas anodine car ne pas s’instruire, c’est manquer de respect à la réforme et donc par extension rejeter les directives de l’Eglise et du Pape. Avec des prêtres mieux formés, vient une amélioration de la compréhension de la pratique de la foi chrétienne, en somme vient la clarification de la hiérarchie ainsi que des droits.

En outre, avec une meilleure formation on assiste alors à une clarification de la hiérarchie mais aussi des droits.  Les prêtres et plus généralement les membres du clergé sont plus à même de comprendre ce qui est autorisé et ce qu’ils peuvent faire ou non dans la société par leur statut. De même avec une meilleure formation, ils envoient le message à la société qu’ils sont les seuls à pouvoir exercer et dispenser certains enseignements, rites ou sacrements comme on peut le voir avec le passage de la ligne 40 à 43 je cite « nous dénions même aux clercs […] le pouvoir de faire le catéchisme, de baptiser, d’exorciser l’eau le dimanche et d’ensevelir les morts ». On voit au sein de ce passage que les clercs et donc des membres de l’Eglise n’ont pas le droit de tout faire, insinuant par la même occasion que seuls les prêtres sont habilités à dispenser la connaissance théologique mais également effectuer les rites nécessaires au le salut de l’âme, dont nous reparlerons un peu plus tard. On peut appuyer un peu plus cette constatation avec ce passage, qui nous laisse entendre qu’une hiérarchie se dessine entre clercs et laïcs et entre clercs également, confirmé avec le baptême mentionné dans notre document. Grossièrement on pourrait ainsi schématiser les sujets du diocèse de Nîmes dans une pyramide afin de montrer la place de chacun et ce qu’il est en droit de faire ou non. Ainsi tout en haut de la pyramide se trouve les prêtres, et donc logiquement tous les membres du clergé qui lui sont hiérarchiquement supérieurs, car ils sont les seigneurs de leurs diocèses et de ses terres, des fidèles qui le composent et par ce statut mais également la formation dont ils disposent, peuvent donc leur dispenser les sacrements, les rites et la connaissance. Vient ensuite les clercs dans le cas où ces derniers « aient été ordonnés prêtres canoniquement » comme on peut le voir à la ligne 41. Puis viennent les sous-diacres et les diacres « Nous admettons toutefois que diacres et sous-diacres puissent accomplir les actes susdits » lignes 43 à 44. Enfin pour terminer, on constate que les laïcs forment la base de notre pyramide car il est expliqué je cite « nous interdisons à tout laïc d’avoir le pouvoir de baptiser » à la ligne 40. Avec ce que l’on vient de montrer on comprend que l’église de Nîmes et donc l’Eglise plus généralement vise à confirmer son importance et celle de ses membres formés. Par leur formation et la connaissance théologique qu’ils détiennent et transmettent ils sont ainsi les seules personnes autorisées à garantir le salut de l’âme, composante importante conditionnant la vie de chaque chrétien.

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