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Le monde méditerranéen et ses dynamiques au XIIe siècle

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Par   •  10 Février 2020  •  Dissertation  •  1 768 Mots (8 Pages)  •  616 Vues

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Au XIIe siècle, c’est-à-dire, de façon large, de la première à la quatrième croisade, la Méditerranée est

l’espace de contact entre trois mondes différents. Les chrétiens latins, dynamiques et expansionnistes

occupent l’actuelle Europe occidentale et sont aussi présents en Terre Sainte. L’Empire byzantin, toujours

brillant mais en déclin domine la péninsule balkanique. Enfin, sur tout le pourtour méridional de la

méditerranée, du proche orient à l’Espagne, les musulmans sont affaiblis.

Aussi, en Orient, Byzantins et musulmans, civilisations rivales, ont en commun d'être sur la défensive tandis

que l'Occident prend l'initiative. Il est donc pertinent de se poser la question des dynamiques afin de

comprendre comme s'organisent les relations entre un Occident dynamique et un Orient (Byzance et le

monde musulman) en difficulté au XIIe siècle.

Dans un premier temps, nous étudierons les dynamiques propres à ces trois civilisations puis nous verrons

que leurs relations sont principalement guerrières et enfin, nous analyserons leurs échanges mutuels, qu'ils

soient culturels ou commerciaux.

Tout d'abord, les civilisations occidentales et orientales sont très contrastées: elles

profitent en effet de dynamiques différentes et inégales.

Byzance et le monde musulman sont des peuples brillants, mais sur le déclin.

L’Empire byzantin conserve, au XIIe siècle, un très grand prestige. Constantinople regroupe

300 000 habitants et regorge de monuments majestueux, tout particulièrement la basilique

Sainte-Sophie, construite par l'empereur Justinien au VIe siècle, et qui reste la plus grande

église de la chrétienté. Il en va de même pour le monde musulman. Cette civilisation marque

l'histoire, par la construction de villes qui sont les témoins d'une ouverture sur le monde et par

l’épanouissement de formes artistiques uniques. Les musulmans sont également très en

avance dans le domaine de la médecine, des mathématiques, ou encore de l'astrologie. A

contrario, les deux civilisations sont au crépuscule de leur puissance. L'Empire byzantin

connaît une croissance économique et démographique très faible au XIIe siècle. Son déclin se

manifeste aussi par la perte de territoires et de l'accès à la Russie et à l'Asie centrale en 1204

notamment, carrefours commerciaux et territoires stratégiques. Le monde musulman occupe,

pour sa part, un immense espace très disparate, fragmenté politiquement et religieusement.

Les deux courants de l'islam, le sunnisme et le chiisme, divisent en effet les populations, ce

qui contribue à diminuer la puissance de ce monde.

Tandis que les deux autres civilisations méditerranéennes déclinent, l'Occident

méditerranéen, lui connaît un véritable essor. Le XIIe siècle, s'il ne profite pas aux Byzantins,

a été essentiel dans le développement de la Chrétienté latine, qui était née, comme l'explique

Jacques le Goff, sur « les ruines de l'Empire romain » après le Ve siècle. Les progrès de la

métallurgie, causés par l'essor des moines cisterciens, pionniers de la fabrique du métal en

Europe, et une population qui a sans doute doublé en environ un siècle et demi, ont stimulé

une croissance grandissante. Le développement du clergé, et notamment la fondation de

l'abbaye de Cîteaux, en 1098 en France ont permis l'affirmation d'une identité religieuse

occidentale. L'essor spirituel s'est aussi accompagné d'un essor économique. Le système

féodal, construit sur une relation de domination mais de confiance entre le seigneur et son

vassal, a conduit aux grands défrichements de cette époque, et a grandement stimulé la

production agricole.

L'Orient et l'Occident sont donc très opposés, par leurs traits culturels mais surtout

par les dynamiques qui affectent ces civilisations. Si Byzance et le monde musulman

semblent stagner, voire décliner, l’Occident chrétien se met nettement en mouvement. Ces

dynamiques inégales déterminent les relations entre les trois civilisations ; elles conduisent

l’Occident latin à l’expansion.

Les relations entre Occidentaux et Orientaux sont donc d’abord, logiquement,

marquées par la guerre.

La péninsule ibérique constitue l’un des fronts les plus importants des conflits entre

l’Occident latin et le monde musulman. La Reconquista est amorcée dès le VIIe siècle par les

Européens. À ses débuts, elle est compliquée. Il s’agit en effet de reprendre l’Espagne, alors

occupée par les musulmans. Au XIIe siècle, la reconquête s’accélère. En 1212, la victoire

chrétienne à la bataille de Las Navas de Tolosa vient s’additionner à celle de 1085 à Tolède et

provoque une reprise rapide d’une grande partie de la péninsule. Cette guerre peut être

qualifiée de chronique. En effet, elle dure du VIIe siècle au XVe siècle. Elle révèle la tension

sous-jacente des relations entre Occident et Orient au Moyen Âge. Les musulmans répondent

aux victoires chrétiennes du XIIe siècle par l’appel au djihad, « guerre sainte contre les

infidèles », en arabe.

Le djihad est en effet un moyen d’action violent, utilisé par les musulmans pour

préserver leurs territoires et maintenir leur puissance. Le djihad est conçu comme une réponse

aux croisades et à la Reconquista. Les États latins d’Orient, établis au début du XIIe siècle

par Godefroy de Bouillon et des chevaliers européens au Proche-Orient, à la suite de la

première croisade, sont vite menacés. Gouvernés selon les lois de la féodalité occidentale, ces

territoires illustrent pourtant les énergies nouvelles animant la chrétienté latine. Ils sont

cependant assiégés dès leur création. Une deuxième croisade, en 1147, ne suffit pas à les

sauver. Après l’échec de la quatrième croisade de 1204, ils disparaissent progressivement

jusqu’au XIVe siècle.

Le XIIe siècle a aussi vu le déclin de l’Empire byzantin. Dès 1071, la défaite à la

bataille de Manzikert provoque la perte de la majeure partie de l’Asie mineure. La diminution

du territoire s'accompagne d'une stagnation de la croissance. L'agriculture ne fait pas de

progrès : par rapport aux autres mondes, Byzance produit donc moins et a une économie bien

moins florissante que jadis. Le ralentissement économique engendre une dégradation des

conditions de vie et donc une mortalité plus importante. Moins d'hommes sont disponibles

pour l'armée, et le territoire diminue encore. Concernant la puissance culturelle, on note la

difficulté pour cet empire, géographiquement proche des populations musulmanes mais

culturellement proche de la Chrétienté latine, à affirmer une identité spirituelle. Ainsi, dès

cette époque, ce monde entre dans son crépuscule, qui le conduit à sa chute en 1453.

Économiquement et culturellement, la domination sur la Méditerranée médiévale n'est

disputée très

...

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