Métrique, Rythmique De La Poésie [Synthese]

ourquoi me faire ce sourire,

Qui tournerait la tête au roi ?

(Victor Hugo)

embrassées : abba

Je suis venu, calme orphelin,

Riche de mes seuls yeux tranquilles,

Vers les hommes des grandes villes :

Ils ne m'ont pas trouvé malin.

(Paul Verlaine)

Les mots qui riment ensemble ne sont pas dus au hasard : le poète choisit soigneusement les mots qu’il fera rimer car la rime les met en valeur (et souvent aussi les rapprochent les uns des autres, en créant des relations entre eux)

B. L'assonance :

retour d’un son vocalique (voyelle) au sein d’un vers (dans l'exemple ci-après, le poète veille de surcroît à placer ses assonances sous les accents rythmiques)

Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire.

(Jean Racine)

C. L'allitération :

retour d’un son consonantique (consonne) au sein d’un vers (dans l'exemple ci-après, l'allitération en «f» est renforcée par la parenté de «v» avec «f» et l'allitération secondaire -- voisine de celle en «f» -- en «s» ; l'effet recherché est clairement imitatif, ici : bruit de la faux)

L’or des pailles s’effondre au vol siffleur des faux

(Paul Verlaine)

3/ RYTHMES

Trois principaux facteurs de rythme :

A. La régularité de la longueur des vers (ou leur irrégularité)

vers les plus courants :

octosyllabe [8 syllabes]

décasyllabe [10 syllabes]

alexandrin [12 syllabes]

B. Le groupement des vers en strophes

strophes les plus courantes :

distique [2 vers]

tercet [3 vers]

quatrain [4 vers]

sizain [6 vers]

C. Les rythmes internes d'un vers

- Ils se fondent sur les accents qui affectent les groupes grammaticaux. Ces accents se trouvent toujours sur la dernière syllabe prononcée du groupe (donc sur l’avant-dernière si le groupe s’achève par un "e" muet).

Plus simplement, porte l'accent la syllabe se trouvant juste avant une petite pause (coupe) qu’on fait ou pourrait faire avec naturel après un groupe donné de mots.

- La répartition des groupes rythmiques ainsi mis en évidence est l’une des principales préoccupations des poètes. Certaines répartitions sont imposées par des règles :

L'alexandrin classique comporte 2 groupes de 6 syllabes (et donc deux positions d’accents imposées) ; la pause qui se trouve entre les deux groupes s’appelle la césure (les 2 groupes sont chacun un hémistiche).

(alexandrin classique)

Prêchez-moi ses vertus, || contez-m’en des merveilles.

(Malherbe)

L’alexandrin, à partir de Victor Hugo, se libérera de cette règle et pourra être construit, par exemple, selon 3 groupes de 4 syllabes (donc avec 3 positions d’accents imposées).

(alexandrin romantique)

Tout vient et passe ; || on est en deuil, || on est en fête.

(Victor Hugo)

4/ ENJAMBEMENT ET REJET

L'un et l'autre rompent quelque peu la rythmique du vers, puisque celui-ci perd son caractère d'unité.

Si un vers se poursuit dans le vers suivant de manière complètement indistincte, on parle d’enjambement.

Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux

Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.

(Vigny)

Si le vers se termine par le sens et la grammaire au début du vers suivant, on parle de rejet.

(…)