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Olympe de Gougeet la démocratie

Dissertation : Olympe de Gougeet la démocratie. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  17 Février 2022  •  Dissertation  •  1 811 Mots (8 Pages)  •  3 674 Vues

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Dissertation : Selon vous, dans la DDFC, la réécriture est-elle un bon moyen de combattre pour l’égalité ?

DEVOIR REDIGE

Olympe de Gouge, femme des Lumières, réclame pour les femmes le droit de participer à la vie politique du pays et de devenir de véritables citoyennes. En réécrivant La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouge veut montrer que ce texte se soucie de la mise en œuvre des droits des hommes uniquement , excluant les femmes de la sphère publique. Toutefois cette réécriture n’impactera guère la Démocratie lors de sa publication. Ce texte restera dans l’oubli pendant quelques temps avant de ressurgir au XXème siècle et de faire enfin parler de lui. Il conviendra donc de se demander si la réécriture est un bon moyen de combattre pour l’égalité. D’abord nous verrons que, certes, la réécriture est un moyen efficace de militer pour une société plus juste ; nous montrerons ensuite que ce procédé n’est néanmoins pas infaillible.

Certes, la réécriture est un bon moyen de combattre pour l’égalité .

En effet cette modification de l’hypotexte , connu de tous, est efficace : elle permet une lecture rapide, qui met en exergue les changements et les paradoxes de la DDHC. C’est une forme de pastiche respectueux des valeurs de la DDHC, rédigée dans l’esprit des Lumières. On y retrouve la quête du bonheur chère à tous les philosophes du XVIIIème siècle, le culte de la raison, la lutte contre l’ignorance et la recherche de l’égalité pour tous. Ces principes ont mené à la révolution. Le préambule reprend ainsi mot pour mot la DDHC , en remplaçant systématiquement « homme » par « femmes » . O de G emprunte les codes écrits des hommes pour participer au débat législatif, affirme que les valeurs des Lumières qu’on y lit sont aussi les siennes, et surtout que ces valeurs de liberté et d’égalité doivent aussi s’appliquer aux femmes. Ainsi le préambule est modifié : « Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation demandent d’être constituées en assemblée nationale ». Cette énumération exclut volontairement les hommes pour insister sur la communauté des femmes qui doivent revendiquer leur place au sein de la société. O de G réclame par ce texte une tribune dans la vie politique.

La réécriture critique permet par ailleurs de souligner les problèmes, paradoxes, contradictions et manques de la DDHC : c’est aussi une parodie, un pamphlet qui vise l’homme, «boursouflé de sciences et dégénéré […], dans l’ignorance la plus crasse » en le caricaturant et réclame des droits pour les femmes. Dans l’article 9, il est dit : « toute femme étant déclarée coupable ; toute rigueur est exercée par la loi » : cette réécriture opère un constat ironique de l’injustice. La fin préambule est elle aussi ironique et montre aux hommes le paradoxe entre les valeurs des Lumières affichées dans la DDHC , telles que l’égalité, et la domination des femmes maintenues dans l’esclavage alors qu’elles sont tout aussi intelligentes: « il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles : il prétend jouir de la révolution et réclamer ses droits à l’égalité pour ne rien dire de plus ». Cette fin du préambule est lourde de sous-entendus et de reproches. O de G , en réécrivant la DDHC avec des modifications (remplacements) et ajouts montre les insuffisances de ce texte: c’est une remise en cause efficace de la suprématie masculine et un cri pour faire entendre la voix des femmes.

      Enfin, il s’agit d’une dénonciation des abus et de l’oppression des hommes, avec une forme personnelle, qui ne reprend pas « mot pour mot » la DDHC, mais traduit ses revendications et son indignation dans une brochure originale. Ainsi, dans l’article  10 ,« la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune »,  la formule forte s’appuie sur une métonymie pour mettre en parallèle les condamnations à mort et la revendication des femmes à la liberté d’expression. O de Gouges dénonce avec virulence l’iniquité de la justice dans le traitement des femmes. De même, à la fin du postambule, suivi de l’article sur le divorce , elle exprime un point de vue personnel, très novateur à cette époque, qui montre l’hypocrisie d’une société où certaines femmes dominent par leurs charmes, tandis que d’autres n’ont aucun recours pour survivre lorsqu’elles sont abandonnées et dans la misère : « une jeune personne sans expérience, séduite par un homme qu’elle aime, abandonnera ses parents pour le suivre ; l’ingrat la laissera » . Elle reprend ici le propos de Marceline dans Le Mariage de Figaro. Elle qui est une enfant naturelle et qui a connu le mariage forcé , libérée par le décès de son mari, milite de façon personnelle pour une meilleure répartition de la fortune dans le couple, pour le droit au divorce et pour la reconnaissance des enfants illégitimes dans des « conventions conjugales » . Son sens de la formule s’exprime encore dans cette phrase à valeur de sentence : « Le mariage est le tombeau de la confiance et de l’amour. La femme mariée peut impunément donner des bâtards à son mari ».

Nous avons pu constater que la force de cette réécriture tient à la reprise des idéaux des Lumières et à la mise en relief de l’absence inique des femmes dans un texte fondateur d’une nouvelle société. Pourtant, il faut avouer que cette DDFC est d’une lecture fastidieuse.

          D’abord , l’hypotexte est écrit dans un « jargon  juridique » peu littéraire , qui n’a pas de force oratoire.  C’est ennuyeux, peu passionnant à lire. Redondant, répétitif, avec quelques mots changés. On a compris que les droits des femmes sont réclamés, comme le montre le préambule et sa longue période, puis aussi certains articles qui sont quasiment repris à l’identique. Par ailleurs, c’est un texte illégitime, écrit par une personne non élue, qui a vite été oublié. Cette réécriture manque de force de conviction à cause d’un manque d’inventivité, c’est une copie du texte sans réelle nouveauté. La DDHC n’est pas connue de tous, et la confrontation nécessaire entre l’hypotexte et l’hypertexte est fastidieuse. La lecture des 17 articles est sans intérêt sans la confrontation avec ceux de la DDHC.

        Et puis c’est un écrit composite, avec des textes hétérogènes, qui appartiennent à des genres différents, qui ont des intentions et des destinataires multiples : à qui s’adresse cette DDFC ? Le destinataire est mal défini. La brochure nommée « DDFC » s’adresse-t-elle à des gens déjà éduqués ? à des hommes ou à femmes ? à la reine ? Il s’agit d’un amalgame de genres, qui manque de rigueur. Certes, la DDFC s’inscrit dans la tradition polémiste de cette époque où l’on imite pour mieux dénoncer. Mais O de G a ajouté une épitre dédicatoire à la reine, un postambule, une « forme de contrat social de l’homme et de la femme » : la réécriture ne suffit pas et elle a besoin d’ajouter d’autres textes pour se faire entendre. De plus, en variant les destinataires, elle perd en force persuasive : elle s’adresse à la fois à la reine, aux hommes qu’elle défie dans un texte liminaire très agressif débutant par « homme es-tu capable d’être juste ? », et aux femmes, qu’elle interpelle dans le postambule, pour les inciter à lutter et à faire reconnaître leurs droits : « femme, réveille-toi : le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’Univers ; reconnais tes droits. ». Cette brochure semble donc rédigée dans l’urgence de l’action, sans une grande maîtrise littéraire. Est-elle aboutie ?

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