Synthèse Rire Et Culture

ceux que l’on veut faire rire.

Deuxièmement, pour que l’humour ait un impact, il faut parfois l’adapter à la culture justement. En effet, C. Elzière nous montre que le travail des personnes chargées de traduction pour Astérix par exemple est énorme. Il ne s’agit ainsi pas de simple mot à mot mais bien de recherches quant à d’éventuels équivalents culturels qui seront ensuite réinvestis et adaptés pour pouvoir faire rire. Pareillement avec son essai, G. Minois nous montre que le rire a évolué avec le temps et que certaines blagues qui pouvaient être très drôles autrefois seraient aujourd’hui considérées comme assez légères et non-approfondies. Pour conserver le risible, une adaptation serait donc, ici aussi, nécessaire. En donnant plus de relief aux blagues par exemple.

Enfin, il existe certaines formes d’humour qui restent propre à certaines cultures, prouvant que culture et le rire sont deux éléments indissociables. C’est donc le cas pour les bouffons et la bouffonnerie : comme le montre La controverse de Valladolid, c’est une forme d’humour très appréciée par les européens, et plus précisément par les espagnols dans le roman. C’est également le cas dans l’Histoire du rire où le fait même de l’existence de manuels de blagues depuis des dizaines de siècles démontre que les bouffons ont toujours eu une place importante dans la culture latine, notamment vis-à-vis de l’humour.

On peut donc distinguer à travers ce corpus que culture et rire sont très liés, simplement pour comprendre les raisons pour lesquelles on rit.

D’un autre côté, et de par de nombreuses ressemblances indépendantes des cultures, on peut également penser que le rire a tout d’un phénomène universel.

Premièrement, beaucoup sont d’accord quant au fait qu’il existe de nombreux thèmes qui font rire, peut importe la culture que possède la personne qui en rit. C’est ce que prouve G. Minois en nous montrant que malgré les nombreuses différences qu’il existe entre deux époques, des thèmes risibles demeurent inchangés, la paresse et l’alcoolisme par exemples. De la même manière, et malgré ces indiens qui ne rient pas des bouffons espagnols chez J.-C. Carrière, une simple chute du légat du pape va provoquer l’hilarité de l’assemblée entière, indiens comme européens ; la chute physique étant un élément tout à fait commun à toutes les cultures. On retrouve une autre illustration de ces éléments universels dans le document iconographique puisque les autochtones et les missionnaires d’Europe se moquent les uns des autres dans des situations similaires, puisqu’en train de prier. L’humour est ici rattaché à la religion, peu importe la nationalité.

De plus, il existe des techniques littéraires qui sont universelles et totalement indépendantes de la culture dans laquelle on baigne. C. Elzière nous montre ainsi qu’en estonien ou bien en français, il ne faut pas négliger la construction des calembours, éléments faisant rire peu importe le pays dans lequel on lit Astérix. On retrouve cette idée également dans l’essai Le rire puisque E. Smadja nous prouve le rôle déterminant qu’ont les différentes techniques et figures de style telles que l’hyperbole ou la métaphore, indépendamment de sa culture.

Pour terminer, il existe des utilisations communes aux cultures du rire. C’est le cas de la dénonciation comme le montre G. Minois. En effet, quelques très vieilles blagues concernant les devins ou autre astrologues montrent que depuis longtemps on exprime le scepticisme en humour. Il est en cela soutenu par J.-C. Carrière qui présente une controverse dans laquelle on dénonce avec humour les agissements du roi ainsi que ceux d’autres personnels religieux. Pour finir, ces deux textes sont appuyés par le document iconographique qui tourne en véritable dérision le sujet de la religion