Vénus Anadyomène, Rimbaud

Lecture linéaire 6 : « Vénus Anadyomène »

INTRO :

1. Situation du texte dans le recueil

• Avant : « Le châtiment de Tartufe » 🡪 critique religieuse + image vulgaire

Après : « Les reparties de Nina » 🡪 thème amoureux mais langage prosaïque (=banal)

1. Type de texte + présentation

• Sonnet : 1e quatrain : rime croisée

         2e quatrain : rimes embrassées

         Tercets : rimes suivies puis croisés

Description du physique d’une prostitué dans son bain.

1. Enjeux du texte

• * Jeu avec la tradition du blason : portrait généralement mélinatif ou on s’attarde sur une ou plusieurs parties du corps

* Jeu avec une figure mythologique : Vénus déesse de la beauté et de l’amour

1. Problématiques

• Comment ce sonnet détourne-t-il la figure mythologique de Venus pour s’émanciper des conventions du blason ?

1. Mouvements

• I] 1e quatrain : apparition du perso : description du visage : détournement du blason

II] 2e quatrain + 1 tercet : description péjorative de son dos

III] 2e tercet : chute ironique du poème

1e mouvement :

V1 :

• Comparaison avec « comme » cercueil/baignoire 🡪 association morbide avec le comme + une image négative
• Allitération [c] + [f] 🡪 son plutôt négatif
• Le rejet « une fête » 🡪 casse le rythme

V2 + 3 :

• Un enjambement qui présente le perso 🡪 une femme laide puisque les critères de beauté sont détournés à l’inverse à l’inverse de la condition du titre
• Adj « brun », « pommade », « lente », « bête »
• Rimes « bête »/ « tête » 🡪 renforce l’image négative tout comme l’adv « fortement » qui insiste sur « pommade » 🡪 cheveux très gras

V4 :

• CC de manière qui s’ajoute à la description péjorative
• Son dur et discordant [d], [f], [t]

• Le 1e quatrain insiste sur la laideur du personnage et utilise des images morbides pour jouer avec les codes du blason et donner une image effrayante/ répugnante.

2e mouvement :

V5 + 6 :

• Structuration avec « puis » 🡪 montre le dévoilement progressif du corps, le regard descend
• Champ lexical du corps « col », « omoplate », « dos »
• Le rejet souligne cette descente du regard, le lexique reste très péjoratif avec les adj « gras », « gris » (🡪 presque paronomase) et des sonorités désagréables
• PSR « qui … » « qui … »
• Sonorité en [r] + [s] 🡪 renforce le côté désagréable de la vision + donne l’impression d’un animal qui se meut (= bouge)

V7 + 8 :

• Jeu avec les rimes 🡪 embrassé alors qu’avant croisés 🡪 jeu avec la construction du sonnet
• La beauté et détourné et finit par disparaitre
• Répétition de « puis » pour structurer + la comparaison péjorative et repoussante🡪 ajouté a cette dissonance
• Image négative de la graisse avec la comparaison

V9 à 11 :

• Association du personnage à un animal avec le nom « échine »
• Construction moderne du sonnet avec un enjambement entre le quatrain et le tercet (🡪 sonnet libertin)
• Image subversive (=choquante) puisque normalement on n’associe pas un humain à un animal, ici un cheval
• Synesthésie négative 🡪 mélange du gout, de l’odorat et de la vue 🡪 contre blason : rien de poétique
• « Remarque » 🡪 réintroduit la vision pour se focaliser sur une dernière partie du corps
• Rimes avec « croupe » 🡪 réactive l’image du cheval, de l’animalisation
• « … » 🡪 R utilise beaucoup/ moderne 🡪 laisse le lecteur imaginer la suite 🡪 crée l’effet d’attente

• La suite de la description dénigre de + en + le corps, l’associant à un animal et jouant avec les codes du blason pour construire un contre blason en se moquant de cette tradition avec des images plutôt moderne et un jeu sur les rimes.

3e mouvement :

V12 :

• On s’attarde sur les reins 🡪 expression méliorative avec « Clara Venus » en latin [pic 1]

Tatouage qui peut faire penser au marquage des prostitués à une certaine époque

Latin 🡪 culture                                                                 

• Moquerie des éloges faites aux femmes par Rimbaud (🡪 normalement portait mélioratif)

V13 + 14 :

• Le tiret amène la pointe en continuant la métaphore du cheval  🡪 répétition du mot « large »
• Sonorité en [r] assez négative 🡪 « remue », « large »
• Poursuite de l’ironie 🡪 oxymore « belle hideusement »         + complément de l’adj « anus » 🡪 image repoussante 🡪 elle serait belle comme un anus
• Rimes « anus » / « venus » 🡪 provocation 🡪 oxymore/ antithèse 🡪 joue avec les codes de la poésie

• Rimbaud se moque de la tradition du blason. Il joue avec les codes de la poésie. La laideur peut entrer en poésie. Va à l’encontre de la tradition bourgeoise.

Conclusion :

A travers ce contre blason, Rimbaud nous offre une autre vision de la poésie à la fois structurelle et thématique, avec le langage familier, en parodient le symbole de la beauté et une muse poétique pour mettre en avant la laideur et en faire un objet poétique. « Allumage de la quête » de Baudelaire, part de la même thématique puisqu’il cherche dans les fleurs du mal la laideur pour en faire de la poésie. Le poète se joue des attendues pour renouveler la poésie.