Composition francaise : le roman
Dissertation : Composition francaise : le roman. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar dextone2 • 14 Mars 2016 • Dissertation • 7 523 Mots (31 Pages) • 1 356 Vues
COMPOSITION FRANCAISE : LE ROMAN
Sujet : A propos du roman, le romancier Pascal Quignard s’exprime en ces termes : « Il est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est qui dégénère, ce qui dégénéralise. Là où il y a un toujours, mettez un parfois, là où il y a un tous, mettez un quelques et vous commencez d’approcher du roman. » (Le Débat, n° 54, mars-avril 1989, p.77-78) Commentez et discutez cette réflexion.
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ANALYSE DU SUJET
Pascal Quignard est essayiste et romancier. Dans la citation proposée, relative au roman comme genre, il prend pour hypothèse la rupture, la solution de continuité existant entre le roman et les autres genres littéraires.
Les deux premières phrases décrivent une identité négative : on peut dire ce que le roman n’est pas, mais non ce qu’il est. Selon Pascal Quignard, qui le pose dans son irréductible différence (« l’autre de la tous les genres »), le roman échappe à toute tentative de définition (« l’autre de la définition »). Sans contours précis, il se présente sous un jour toujours neuf, imprévu, irrégulier, singulier, qui lui permet de s’affranchir des codes, des règles qui président aux autres genres. En ce sens, « il est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise », c’est-à-dire qu’il oppose sa singularité à la généralité présupposée par la notion de genre.
La dernière phrase rompt avec cette approche négative, oblique, indirecte du roman, mais on notera la formulation extrêmement prudente de l’auteur (« vous commencez d’approcher du roman »), qui suggère l’impossibilité de parvenir à une définition assurée, pleinement satisfaisante du genre romanesque. On observera les antithèses opposant les adverbes temporels (« toujours » / « parfois ») et les adjectifs indéfinis (« tous » / « quelques »). A l’inverse des autres genres, qui visent l’un, l’absolu, l’universel, le roman est du côté du relatif, du divers, du multiple.
Commentaires :
La thèse proposée semble aller de soi. Le roman est en effet souvent défini comme un genre sans loi, à la différence des autres genres. Si le théâtre suppose un code spectaculaire (mise en scène de la parole), si la poésie sert le langage d’une façon qui lui est propre, à l’aide d’outils d’expression spécifiques, le roman ne possède aucune contrainte thématique, il ne semble non plus obéir à la moindre contrainte formelle : non seulement on rencontre des romans à la première comme à la troisième personne, voire à la deuxième (Michel Butor, La Modification, Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur), mais le roman est apte à intégrer toutes les formes possibles de l’écrit littéraire ou non littéraire (prose poétique, dialogue théâtral, débat philosophique…). Il est donc caractérisé par une absence de règles, et l’on peut à première vue l’associer à ces marques du relatif que sont « parfois » et « quelques ».
Interrogations suscitées par la thèse proposée :
1) On peut être surpris par le caractère très tranché de l’opposition établie par la citation entre le roman et les autres genres. Si le roman est associé à la diversité et à la singularité, c’est donc que les autres genres sont une fois pour toutes fixés, immuables et qu’il faut les rattacher à un « toujours » et à un « tous ». Il semble donc que la thèse proposée ignore l’inscription des genres dans une histoire et donne de la littérature une image réductrice et figée, qui correspond schématiquement à cet état d’équilibre qu’a réalisé le classicisme. Mais les genres évoluent (diversité des pratiques poétiques et théâtrales). Le roman est même devenu le premier de tous les genres, si bien qu’il apparaît nécessaire de renverser la perspective. Le roman, aujourd’hui, n’est pas « l’autre de tous les genres » : les genres sont l’autre du roman, devenu la norme.
2) En outre, ne mettre en avant que la dimension exceptionnelle du roman fait courir un risque majeur à l’existence du roman comme genre. La notion de genre suppose en effet l’existence d’invariants dont se nourrissent toutes les œuvres particulières inscrites dans une même catégorie générique. Gérard Genette appelle « architexte » ou « architextualité », « l’ensemble des catégories générales ou transcendantes – types de discours, modes d’énonciation, genres littéraires, etc. – dont relève chaque texte singulier ». Si l’on situe toujours le roman du côté de l’exception, du « parfois » et du « quelques », si on lui dénie toute règle, tout code, s’il est impossible de trouver le moindre dénominateur commun à La Princesse de Clèves, au Père Goriot et à Moderato Cantabile, alors c’est la notion même de genre romanesque qui se trouve menacée. Pourtant, il existe bien un objet textuel que le lecteur perçoit et reconnaît comme roman… A quels codes obéissent donc les romans ?
Démarche adoptée dans le devoir :
A l’explication de la thèse opposée fera suite une discussion de cette thèse, conformément à la consigne donnée dans le libellé. Cette discussion fera l’objet de la deuxième et de la troisième partie. Dans la deuxième partie, on réintroduira la dimension historique dans le débat en montrant que, dans un certain sens, la poésie et le théâtre sont eux aussi du côté du « parfois » et du « quelques » et qu’ils dont désormais l’autre du roman en raison même de l’hégémonie de ce dernier. Il restera alors à poser dans la troisième partie le problème majeur, celui de l’existence – ou non – d’un code romanesque, et à se demander quelle relation ce code, s’il existe, entretient, avec la signification.
- Explication de la citation et de la position adoptée par Pascal Quignard.
- L’oubli de la dimension historique : critique de la thèse proposée (1)
- introduction partielle
- et c) filiation du roman et de l’épopée
d) méconnaissance de l’évolution des genres
e) méconnaissance de l’évolution du roman
f) transition
- Le roman, un genre sans code ? : critique de la thèse proposée (2)
- introduction partielle
- mise en péril de la notion de genre romanesque
- prosodie poétique et rêve d’une prosodie romanesque
- poétique du récit
- poétique des formes romanesques
- relation entre forme et sens : écriture romanesque et vision du monde.
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DISSERTATION REDIGEE
Dans la Poétique d’Aristote, la notion de genre permet une classification des divers modes d’expression littéraire. Sur un plan formel, le théâtre laisse directement s’exprimer les personnages tandis que les genres narratifs mêlent au récit d’un narrateur la représentation indirecte, toujours médiatisée des propos. Sur le plan thématique, les personnages sont soient de véritables héros (tragédie, épopée) soit des caricatures (comédie, parodie). Strictement réglementés, les genres répondent donc à un idéal de la définition, à une exigence de précision et de clarté. Cela ne semble pourtant pas être le cas du roman, ce tard venu de la littérature dont le romancier et essayiste Pascal Quignard déclare en 1989 dans un numéro du Débat : « Il est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise. Là où il y a un toujours, mettez un parfois, là où il y a un tous, mettez un quelques et vous commencez d’approcher du roman. » Pascal Quignard pose donc le roman dans sa différence, il le présente comme une exception se dérobant à tout essai de définition et offrant au théoricien épris de lois générales sa désolante singularité. Dans la mesure où « il est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise », il se situe du côté du « parfois » et du « quelques » : à l’inverse des autres genres, qui visent l’un, l’absolu, l’universel, il vise le relatif, le divers, le multiple.
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