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Carnet de lecture " Les Liaisons Dangereuses "

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Par   •  15 Juin 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 961 Mots (8 Pages)  •  591 Vues

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Les Liaisons Dangereuses

Quel est ici l’intérêt de la forme épistolaire ? Exposez au moins trois arguments en les illustrant au moyen de références précises au roman.

La lettre, en général, au XVIIIe siècle devient très à la mode. Tout un art de l’écriture se développe et, avec lui, ses règles et ses usages.

Dans Les Liaisons Dangereuses, la forme épistolaire permet toutes sortes de jeux, de stratagèmes ou de secrets. Par exemple, la lecture par le vicomte de Valmont des correspondances de Mme de Tourvelle ou la découverte par Mme de Volange des échanges entre sa fille et le chevalier de Danceny.

En tant que correspondance, la forme épistolaire est aussi intéressante, car elle met en scène un véritable dialogue écrit.

Comme le dit Horace, Verba volant, scripta manent : les lettres deviennent ainsi une preuve concrète de la vérité. C'est le cas du paquet de lettres appartenant à Mme de Merteuil qui la trahit à la fin du roman. C’est aussi un objet de contemplation, voire d'adoration, dans le domaine amoureux. Lorsque le chevalier de Danceny et Cécile de Volange sont séparés, le jeune homme veut garder les lettres de l’être aimé “elles sont l’unique bien qui me reste; elles seules me retracent encore un sentiment qui fait tout le charme de ma vie” (Lettre LXIV) - il garde presque une part d’elle. Dans ce contexte, les lettres sont aussi compromettantes car, si la mère de Cécile tient tant à les récupérer, c’est qu’elle craint que le chevalier ne les expose.

En outre, dans la mesure où Les Liaisons Dangereuses explore les correspondances de plusieurs personnages en parallèle, deux lettres rapportant le même fait offrent au lecteur différents points de vue sur cet événement. Dans la lettre XXI, le vicomte de Valmont raconte à la marquise de Merteuil comment il sauve une famille de la ruine et fait en sorte que celle qui lui plaît apprenne cet acte de générosité ; c’est ainsi que, plus tard, dans la lettre XXII, la présidente de Tourvelle, ignorant la supercherie, fait l’éloge du héro à Mme de Volange.

D’une autre manière, les lettres peuvent montrer les différentes facettes d’un même personnage. Ce contraste s'observe surtout chez la marquise de Merteuil, qui, dans la longue lettre LXXXV, explique sans masque les détails de son aventure avec Prévan au vicomte de Valmont et, dans la lettre LXXXVII, adopte un ton pathétique pour raconter la même histoire, en se plaçant cette fois-ci en victime, à Mme de Volange.

Le roman épistolaire met aussi en lumière le mode de fonctionnement des libertins du XVIIIe siècle : on comprend leurs machinations. Ce roman donne l’impression au lecteur d’être dans les coulisses du théâtre de la cour, celui-ci devient presque un voyeur. Grâce à ces jeux de confidents instaurés par Laclos, on connaît toutes les démarches de Valmont pour séduire Mme de Tourvelle. Par exemple, dans la lettre CXXV, le vicomte explique en détail à Merteuil comment il a porté le coup de grâce pour “vaincre” la présidente ; on y voit comment il règle ses discours et ses gestes, comment il examine le cadre de son entrevue avec celle qu’il cherche à séduire et en tire parti pour arriver à ses fins.

La forme particulière du roman épistolaire permet au lecteur d’avoir un point de vue privilégié sur les personnages. Dans La Princesse de Clèves, au contraire, on juge les protagonistes à travers le prisme du narrateur. Tandis que Les Liaisons Dangereuses permettent de connaître les personnages chacun par sa voix intérieure, La Princesse de Clève porte sur eux un regard univoque.

Malgré tout ce que la forme épistolaire apporte aux Liaisons Dangereuses, la richesse du roman permet qu’une partie des échanges par lettre soit abandonnée comme cela a été le cas dans l’adaptation cinématographique de Stephen Frears.

Quels sens donnez-vous au titre ? Vous vous appuierez sur votre lecture pour justifier vos différentes interprétations.

Les mots du titre sont utilisés à plusieurs reprises dans le roman et il semblerait que celui-ci puisse être interprété de différentes façons. Si nous nous reportons à la 4ème édition du Dictionnaire de l'académie française publiée en 1762, contemporaine du roman, le terme liaison “se dit figurément de l'attachement et de l'union qui est entre des personnes particulières, ou des États et Communautés, soit par amitié, soit par intérêt. Liaison étroite, d'amitié (...) d'intérêt. (...) liaison ensemble par le commerce. (...) Liaison de parenté.”

Dans un premier sens, les “liaisons” des protagonistes sont celles qu’ils ont avec les personnages de la cour, qu’ils voient à l’opéra ou dans les salons. Ces liaisons sont "dangereuses" car elles pourraient conduire à la perte du vicomte de Valmont ou de la marquise de Merteuil. On voit ces derniers toujours soucieux d’être bien considérés. La marquise de Merteuil, par exemple, pour se venger de rumeurs que M. de Prévan commence à répandre à son sujet, l’accuse de l’avoir rejointe chez elle contre son gré. De même, dans la lettre CXIII, elle prévient le vicomte Valmont: “on commence à s’occuper de vous à Paris (...) on y remarque votre absence, et (...) déjà on en devine la cause”. Ces personnages sont extrêmement soucieux de leur image à la cour.

Le mot prend un second sens, plus précis et plus intime, par exemple sous la plume de Mme de Volange lorsqu’elle dit : “Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse ?” Ici, elle parle bien de la liaison charnelle que sa fille a eu avec le vicomte de Valmont.

Le terme de “liaison” peut aussi faire référence aux correspondances elles-mêmes. En effet, ces échanges de lettres se révèlent très dangereux puisqu’ils iront jusqu’à causer la perte de certains personnages, Cécile de Volange et, plus tard, Mme de Merteuil. Comme cette dernière l’écrit elle-même, “ces Lettres si douces, mais si dangereuses à écrire” (Lettre LXXXI).

En prononçant à voix haute le titre des Liaisons Dangereuses n’entend-on pas une allitération en “z” évoquant le glissement d’un serpent, animal symbole de danger, de perfidie ?

Ce titre est comme un mauvais présage qui rappelle au lecteur, pendant qu’il parcourt le roman, la destinée des personnages qui s’adonnent à des liaisons dangereuses.

Dans la relation Merteuil/Valmont, quel est selon vous le personnage dominant ? Sur quoi se fonde ce pouvoir ?

La relation entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont est très complexe et oscille entre l’amitié, l’amour romantique et la rivalité.

A priori, Valmont est un séducteur, ce qui est connu de toute la cour. Il est admiré et jalousé par de nombreux hommes et aimé par beaucoup de femmes. En tant que femme, la marquise de Merteuil ne peut se permettre d’afficher ses conquêtes de manière aussi ouverte. Sur ce point, Valmont domine donc Merteuil.

Dans le même temps, dans leur relation, Merteuil domine Valmont : elle lui donne des ordres et se fait maître chanteur en lui promettant de s’offrir à lui “aussitôt que vous aurez eu votre belle Dévote, que vous pourrez m’en fournir une preuve, venez, et je suis à vous” (Lettre XX). La marquise de Merteuil est consciente de son empire

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