Commentaire de la nouvelle " Sur l'eau ", Guy de Maupassant
Commentaire de texte : Commentaire de la nouvelle " Sur l'eau ", Guy de Maupassant. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Francesca00 • 21 Octobre 2021 • Commentaire de texte • 1 362 Mots (6 Pages) • 4 637 Vues
Ghiglia Francesca
Commentaire de l’extrait de la nouvelle « Sur l’eau » de Guy de Maupassant
- Contextualisation
Le texte est un extrait de la nouvelle « Sur l’eau » de Guy de Maupassant, parue en 1881 et centrée sur le récit d’une mésaventure arrivée à un canotier de la Seine, dans laquelle il reste seul sur la rivière, au milieu de la nuit, parce qu’il n’arrive pas à tirer son ancre pour s’en aller. Tout d’abord, il s’agit d’une description, car le narrateur s’arrête et raconte ce qu’il voit de ses propres yeux. On peut remarquer en effet la présence de plusieurs sensations visives (« je ne voyais plus le fleuve, ni mes pieds, ni mon bateau, mais j’apercevais seulement les pointes des roseaux… »), ainsi qu’une richesse d’images et des détails (« la plaine toute pâle de la lumière de la lune, avec de grandes taches noires qui montaient dans le ciel, formées par des groupes de peupliers d’Italie »). Le narrateur raconte en première personne, vu qu’il se situe à l’intérieur de l’histoire. Il est en effet le canotier lui-même qui, à travers un récit dans un récit, relate son aventure avec un point de vue interne. A propos des temps verbaux, on trouve au début l’imparfait qui caractérise la description (« la rivière s’était peu à peu couverte… » ; « J’étais comme enseveli… » ; « Je me figurais… » ; « J’éprouvais… »). Ensuite, dans la partie finale, le passé simple fait son apparition en continuant le récit de la mésaventure (« je pensai à me sauver à la nage » ; « cette idée me fit frissonner d’épouvante » ; « je me vis, perdu… »), pour redevenir imparfait juste à la fin (« et il me semblait que je me sentirais tiré… »). Il s’agit donc d’un choix qui s’insère dans le style réaliste d’un texte descriptif, mais qui, en même temps, veut le subvertir pour introduire des éléments subjectifs faisant référence aux sensations du narrateur lui-même.
- Décontextualisation
Le premier élément qui rend l’extrait original est donc la grande subjectivité qui le traverse, et qui le détache d’une description réaliste et objective de la nature, présente dans d’autres parties de la nouvelle. Le texte se caractérise en effet pour une richesse de détails concernant le fleuve, les roseaux, le bateau et le ciel, mais en même temps ils sont transformés par les sensations du narrateur, notamment la peur et l’inquiétude. Par conséquent, le « brouillard blanc très épais » bloque la vision du personnage, qui se sent « comme enseveli jusqu’à la ceinture dans une nappe de coton d’une blancheur singulière », comme s’il était englouti par l’eau tout autour. Il s’agit d’une comparaison et d’une image qui donnent une sensation d’anxiété, si bien que le narrateur est en proie à des « imaginations fantastiques ». A partir de ce moment, il voyage avec la fantaisie et sous ses yeux la rivière se transforme dans un lieu dangereux et sinistre, « cachée par ce brouillard opaque » et « pleine d’êtres étranges » qui semblent nager autour de lui. Ensuite, le canotier se sent tourmenté et il commence à décrire toutes ses sensations physiques à travers une succession hyperbolique, construite grâce à des phrases courtes et paratactiques, liées par asyndète : « J’éprouvais un malaise horrible, l’avais les tempes serrées, mon cœur battait à m’étouffer ». Il pense alors de se sauver « à la nage », mais c’est une idée qui le remplit de terreur, et il construit encore une fois un scénario de peur, dans lequel il cherche à se débrouiller dans ce contexte effrayant : « Je me vis, perdu, allant à l’aventure dans cette brume épaisse, me débattant au milieu des herbes et des roseaux que je ne pourrais éviter, râlant de peur, ne voyant pas la berge, ne retrouvant plus mon bateau, et il me semblait que je me sentirais tiré par les pieds tout au fond de cette eau noire ».
Dans ce petit passage, la syntaxe contribue de nouveau à souligner sa sensation d’angoisse, à travers des phrases courtes qui créent un rythme coupé et une accélération du mouvement narratif accompagnant tous ses états physiques. On peut remarquer également la présence de l’hypotypose, surtout au moment où le narrateur arrête le flux de son imagination pour décrire les sensations évoquées par cette pensée (son « malaise horrible »). En effet, il veut donner une représentation de la scène comme vécue à l’instant de son expression, en frappant le lecteur qui a l’impression que ce soit une scène réelle. Il s’agit donc d’une représentation très subjective de la nature, qui subit une sorte de métamorphose à travers les yeux et les états d’âme du personnage. Le rapport entre l’homme et la nature, si au début était perçu comme plutôt positif (« Le fleuve était parfaitement tranquille, mais je me sentis ému par le silence extraordinaire qui m’entourait »), maintenant devient problématique, comme si l’homme était surmonté et opprimé par une nature soudain dangereuse et inquiétante.
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