Culture générale Le Clézio
Fiche : Culture générale Le Clézio. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar nadyn_85 • 28 Janvier 2016 • Fiche • 3 561 Mots (15 Pages) • 1 040 Vues
Littérature et didactique du FLE
Dossier : J.M.G le Clézio extraits de la série « Nuits magnétiques. Mexique : dernier soleil »,
diffusé sur France Culture, du 26 au 30 janvier 1998 par Colette Fellous.
Colette Fellous est une écrivaine française. Elle vit à Paris depuis l’âge de 17 ans. Elle a fait ses études de Lettres modernes à la Sorbonne. Elle a créé et dirige au Mercure de France, la collection « Traits et portraits ». Egalement, elle est productrice sur la radio culturelle française France Culture. De 1990 à 1999 elle a présenté l’émission Nuits magnétiques, puis Carnet nomade. Nuits magnétique, émission créée par Alain Veinstein en janvier 1978, confiée à Laure Adler de 1983 à 1989 puis à Colette Fellous.
Nuits magnétiques, émission radiophonique, diffusée du lundi au vendredi, de 23h à minuit. Il n’y a pas de présentateur fixe, chaque émission est produite par un producteur différent. Colette Fellous, on l’entend que dans ses propres émissions. Dans cette émission le statut du producteur se rapproche néanmoins de celui du journaliste. Elle présente l’émission de façon neutre, ou engagée, et pose des questions liées à son thème aux interviewés.
L’extrait dure 25 min 49 secondes et le thème principal de cette émission et le Mexique. Le Mexique inconnu de Clézio mais qui lui laisse une très riche impression. En 1968 il est envoyé au Mexique pour son service militaire, auparavant il était en Thaïlande.
Transcription de l’interview
Colette Fellous : C’est votre première fois au Méxique Jean Marie le Clézio, est-ce que votre image c’est une image précise ?
J.M.G le Clézio : oui, c’est une image précise parce que j’arrivais de Thaïlande et je suis allé pratiquement directement de Thaïlande au Mexique. J’ai eu l’impression d’arriver dans le même pays, j’ai été assez étonné par le type physique des Mexicos qui sont des types assez asiatiques, il faut dire …et c’était un choc, je ne m’attendais pas à cette image de Mexique, Mexique asiatique. C’est ça qui m’a surpris.
Colette Fellous : Oui. C’est la rencontre aussi dès qu’on met le pied dans cette ville, ce pays avec surtout des visages des, … des contrastes de visages et en même temps la plus grande proximité et étrangeté, aussi liée.
J.M.G le Clézio : Oui, oui, je crois que …ce qui m’a frappé au Mexique c’est le côté sérieux des Mexicains. J’avais comme beaucoup de gens l’image d’un Mexique créole, avec de la musique, des fleurs, des rires, des filles et je suis allé dans un pays enfin … … ma première impression est d’ailleurs plus semblable à celle que j’avais eu en arrivant en Thaïlande. C’est que… c’était un pays rigoureux, austère, où les gens ne riaient pas facilement. Ils étaient … surtout le silence. Quand on revient d’Europe on est habitué à des gens qui parlent très fort et là les gens parlaient doucement. Il y avait un côté très effacé, très secret. Je crois que c’est ça qui m’a étonné d’abord.
(Silence)
Colette Fellous : C’était en quelle année ?
J.M.G. le Clézio : C’était en 1967, … c’était en ’67, après cela, évidement j’ai découvert l’autre Mexique, le Mexique créole et beaucoup plus riant, celui qu’on voit au Mexico, au sud à San Angel ou à Yucatan. Mexique fleuri, un petit peu indolent, mais je ne jamais perdu de vue l’autre Mexique, qui est le Mexique, je crois d’origine indienne. Qui est un Mexique très précis, avec de … qui donne une impression d’une cohésion sociale très forte… l’individu s’effaçant un petit peu devant la communauté. Et cette impression était confirmée après…lorsque j’ai eu des contacts avec la population indienne au Mexique et j’ai vu effectivement que le Mexique indien était un pays de … de cohésion sociale très forte avec des, des liens de parenté, des liens de cartier ; une sorte de structure égalitaire, un sens de l’égalité assez marqué.
Colette Fellous : Oui, peut-être ce silence aussi que vous avez perçu tout de suite est-ce que serait pas un silence qui aurait traversé les siècles et qui vient de cette incroyable aventure qui est la découverte de Mexique, la catastrophe de cette annulation des indiens. Est-ce que ce silence ne date pas de là, de ce … ce choc ?
J.M.G le Clézio : Oui, je crois, en fin, il y a l’évènement climatique et fait que Mexique est une ville à plus de 2000m d’altitude qui y fait très froid le matin. Les gens sont enveloppés de couvertures. Il y a un côté déjà assez austère mais je crois aussi, comme vous dites qu’il a eu ce choc de la conquête qui a donné une dimension tragique au Mexique et que c’est cela qu’on perçoit encore aujourd’hui. Cette impression d’un … des gens qui ont courbé la tête devant l’histoire et qui ont une sorte de … comment dire… de sens tragique qui est entrée en deuil et qui n’ont ait plus sortis. Et c’est vrai que quand on va, quand on s’éloigne de Mexico et qu’on va vers des régions ou des chocs de la conquête ont été moindres, comme Yucatan par exemple. Là c’est le … on voit réapparaitre l’insouciance et on entend d’avantage derrière il y a une vie plus ouverte, une communication plus grande, une curiosité plus grande, je crois … que Mexico est une ville tragique, qui est d’autant plus tragique aujourd’hui qui est une ville très male menait par le monde moderne, de grandes difficultés, des différences absolument inuit , qu’aucune capitale européenne n’a connu encore, des carences d’eau, de médicaments, de soins, de transports même parfois des carences d’air. Il y a des endroits où on étouffe (oui, oui tout à fait affirme la journaliste). On a le sentiment que l’air manque pas seulement pour ceux qui ne sont pas habitués, pourtant on entend tousser les enfants on sent bien que ce n’est pas un problème juste lié à un passage, c’est un passage , c’est quelque chose qui est très fortement présent.
Colette Fellous 5 min 28 : Est-ce qu’on peut traverser le Mexique pas forcement le Mexico mais tout le reste du pays mais en lisant l’histoire du Mexique ? Ce que j’aime beaucoup dans un …, dans votre récit, c’est justement que vous faites réapparaitre toujours les mythes, les grand mythes, les faits, les symboles, la culture… . En fait, est-ce qu’on peut passer de … justement …de manque d’air des bébés qui n’ont pas assez à manger, de la corruption, de tout cela sans perdre de vue, ce qui a fondé ce pays ?
J.M.G le Clézio 6 min 5 : Oui, je crois que l’histoire … c’est cela qui est intéressant au Mexique…c’est que l’histoire est lisible sur les visages des gens qu’on rencontre. Et je vous disais que ce premier choc en arrivant à Mexico c’était le choc devant une société que semblait très, très … austère, assez silencieuse, fermée, mais il y a aussi ce qu’on lit sur les visages…qui est la beauté de la société amérindienne, qui est encore très perceptive, très vivante dans visages des enfants. Sur les visages des femmes qu’on peut rencontrer, certaines de ces visages sont sortis de bas-relief que les touristes ont visités et la vie mexicaine est une vie qui est encore très proche d’un passé préhistorique. […] Dans tout cela est perceptible… au Mexique il y a les monuments anciens et les monuments préhispaniques qui sont là, debout, souvent à l’état de vie… et puis il y a la société même mexicaine qui est un monument par elle-même. […]
Colette Fellous 7min56 : Oui, c’est très, très fort quand on tombe, quand on découvre en venant d’Europe sur un marché indien, par exemple, et … toutes ces femmes qui ont fait des km à pied pour arriver et offrir une racine de citrouille ou de la viande grillé, enfin , avec les couleurs des vêtements et tout cela, et du coup on entre presque dans ce que vous appelez « le rêve », on entre dans une autre dimension et qui …ou est emporté, bousculé dans le temps… ( le rire de la journaliste).
J.M.G. le Clézio 8min 33 : Oui vous le dites bien. Oui c’est vrai parce que une des grandes émotions qu’on récent au Mexique c’est cette impression qu’on a de… parfois au marché au milieu du passé, comment dire, quand vous êtes en Europe, dans des endroits qui ont été fortement marqués par des cultures particulières comme la Bretagne, le Pays-Bas, au le Massif Central, vous saisissez cela par instant mais c’est très fugitif parce que c’est tellement loin, c’est … la distance … qui nous sépare de ces sociétés premières qui étaient liées au sol et à la terre au rythme des saisons tellement lointain qu’on a souvent beaucoup de mal à le sentir. Parfois on peut le sentir quand on va vivre près d’une ferme, qu’on voit comment fonctionne la ferme. Quand on va voir comment vivent les pêcheurs qui ont perpétué une tradition très, très ancienne. Et au Mexique cette tradition, elle est la pratiquement constamment. Vous avez sans cesse l’impression que ce que vous voyiez se rattache à ce qui existait il y a 500 ans, ce qui veut dire que cela se rattache à ce qui était vrai il y a beaucoup plus longtemps encore … les hommes, les femmes sont parfois… on a l’impression qu’ils sont juste sorti de la terre, peut être aussi qu’ils ont la couleur de la terre sur leur peau et qu’ils sont en parfaite harmonie avec ce qui les entoure. Il y a ce mélange de lisse et de dur qui est je crois… c’est ce qui se procure la terre, cette…c’est la redondance parce que il y a ces mouvements qui font pensés aux cycles des saisons, aux cycles de l’agriculture, aux cycles de la vie. Et puis aussi parfois cette violence qui éclate dans le mouvement.
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