Discours à madame de la Sablière, l’homme et la couleuvre, discours à monsieur de la rochefoucauld, les souris et le chat huant
Cours : Discours à madame de la Sablière, l’homme et la couleuvre, discours à monsieur de la rochefoucauld, les souris et le chat huant. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar salulaiga • 17 Avril 2020 • Cours • 3 305 Mots (14 Pages) • 1 772 Vues
Reprise : Discours à Madame de La Sablière, L’Homme et la couleuvre, Discours à Monsieur de La Rochefoucauld, Les Souris et le chat huant > questions posées (cf planning autonomie) > Thème : l’homme et l’animal ds LF, entre autres.
Intro > Les Fables sont le fruit de 30 années d’écriture. LF y interroge les actions, tous les comportements hu (les vices et les défauts en particulier co Molière ds la comédie), mais aussi, de façon plus philosophique, la place de l’ho ds l’univers (ds la ligne de pensée de Gassendi). Tout le ramène à interroger ce qu’est l’homme et ce qui le caractérise. On le voit donc tout naturellement se livrer ds le Discours à Madame de La Sablière à une réflexion sur les idées qui circulent ds son époque sur l’Ho, et, en particulier ds ce texte, revenir sur la définition que 50 ans plus tôt Descartes a faite de l’animal pour mieux le distinguer de l’Ho. C’est la fable la plus longue du recueil > 237 v composés de considérations philosophiques entrecoupées d’exemples/courtes fables.
Plan/déroulement du discours :
- Il commence par rendre hommage à MDLS , v 1-28 ou 29, (elle a hébergé LF pendant 20 ans, de 73 à 93, date de sa mort). Cet hommage est la clôture/la clausule donc, du livre IX ; femme d’esprit, de science et de culture, son salon reçoit tout ce que son temps compte de grands esprits ; elle encourage la libre conversation à bâtons rompus, sans pédanterie contraire à la conduite d’un « honnête ho », sur tous les sujets qui occupent son temps et son milieu ( cf : « D’autres propos chez vous récompensent ce point,/ Propos, agréables commerces,/où le hasard fournit cent matières diverses,/jusque-là qu’en votre entretien/La bagatelle a part (…) La bagatelle, la science, les chimères, le rien, tout est bon. », v 12-19 ), dont aussi la question centrale de la spécificité/de la nature de l’ho. Cette façon d’aborder les sujets les plus savants en femme(s) et homme(s) du monde et non en doctes philosophes ou scientifiques, on la retrouve ds cette fable où LF s’emploie à « égayer » son lecteur et non à lui faire un exposé doctrinaire.
L’éloge de LF a un caractère paradoxal et tient de la prétérition > il souligne le refus des éloges de MDLS ( = « Iris »), l’opposant sur ce point à ttes les autres femmes (« les mortelles ») et, ce faisant, soulignant sa singularité (en dispensant une pique au passage sur le goût des monarques pour les « fades adulateurs »). Les vers ensuite rendent grâce à l’esprit de son salon et à la libre conversation qui y règne, dt LF va s’inspirer ; quel meilleur hommage ?
Les v qui suivent expriment l’intention de LF d’«entremêler des traits de certaine Philosophie », ie celle de Descartes, que 3 adj, « subtile, engageante, hardie », présentent co propice à penser, novatrice et audacieuse, complexe. LF à partir de là va déployer les grdes lignes simplifiées de la thèse de Descartes sur l’animal.
- Les v 30 à 68 développent un débat contradictoire avec la théorie cartésienne des animaux-machines, dt LF décrit la théorie > l’animal est fait de ressorts, comparé à une montre (Desc lui utilise l’image de l’horloge), donc à un mécanisme, qui obéit à des réactions en chaîne qui n’ont que l’apparence de sentiments, n’ayant en réalité ni volonté ni passion pour commander ces mouvements, purement sensoriels ou nerveux, dénués de tte pensée réfléchie. LF prend soin de rendre à Desc un hommage admiratif, v 53 sqq. On verra plus loin (question ultérieure) que LF ne manque pas de malice polémique pour parler de Desc ; il prend soin cependant de célébrer co un « Dieu » ce grand esprit de son temps.
- A partir du v 68, et de l’adv « cependant », jusqu’au v 137, survient un contre-argumentaire où LF oppose à Desc des observations tirées de son expérience de la nature et des animaux, pour pouvoir distinguer l’animal de la machine > 1er ex : celui des cerfs qui, lors de l’hallali, cherche par cent ruses, détours et stratagèmes, à échapper aux chiens, avt de s’abandonner à la mort et à la curée ; 2ème ex : celui de la perdrix qui détourne l’attention des chiens et des chasseurs de sa couvée encore incapable de voler, en faisant mine d’être blessée, puis s’envole soudain à la barbe des chiens ; 3ème ex : celui des castors au Canada qui édifient des ouvrages d’architecture complexes, ds une communauté de travail, d’ingéniosité et d’émulation ; LF oppose dc à Desc le spectacle du monde et de la Nature, l’expérience concrète et l’exemple, ie les fables, pour contredire l’idée cartésienne selon laquelle les animaux n’auraient pas de pensée > cf v 114-115 ; enfin LF se saisit d’un 4ème ex rapporté par le roi de Pologne concernant les guerres de territoire que les bouback, une espèce de renards, se livrent avec un art consommé de la stratégie (v 116-137), recourant au registre épique en particulier.
- A partir de là, v 137 et sqq, LF revient avec ironie à la théorie cartésienne et redit les articles de cette théorie :
- Que l’animal est une machine qui a ds sa mémoire des sortes de logiciels de comportements répétitifs ds lesquels n’intervient nulle pensée.
- Que l’homme lui est totalement opposé, v 152 à 170, sans pouvoir nommer pour autant ce qui anime cette intelligence, sinon un principe divin (que tous les ho ignorent également, ce n’est en somme qu’une hypothèse, v 163-170) ; quant au lien entre la partie âme et la partie corps, au cœur de ce dualisme, LF ne répond pas. C’est sur cet article de foi cartésien, à savoir que l’homme est la seule créature de l’univers apte à penser (v 59-60 + v 174), que LF s’inscrit en faux par les ex qu’il vient de donner (cerf, perdrix, clans d’animaux) et par la fable suivante – qui joue donc le rôle d’un argument par l’ex, concret.
- Ds « les deux rats, le renard et l’œuf », v 179-198, LF met en scène 2 rats qui cherchent le moyen d’échapper à un renard, tout en sauvant l’œuf qu’ils ont trouvé pour leur déjeuner, et inventent de transformer l’un des rats en brouette que l’autre tire par la queue. Pour ce stratagème, LF utilise le terme « invention », v 191, qui est un argument décisif contre Desc > les rats ont su s’adapter à une situation nouvelle et non pas répéter mécaniquement un comportement. Ils offrent donc l’évidence d’un « art de penser » > cf « Qu’on aille me soutenir après un tel récit/Que les bêtes n’ont point d’esprit. », v 197-198.
- A partir du v 199 et jusqu’à la fin, LF établit une analogie entre les enfants et les bêtes, et cherche à apporter à la théorie cartésienne des précisions et des hypothèses (« j’attribuerais à l’animal non point une raison selon notre manière mais bcp plus qu’un simple ressort », v 204-206), donc pas des preuves scientifiques mais l’argument d’observation de la nature, à la manière du naturaliste qui donne ses observations pour vraies par expérience. Plus haut, v 60-64, LF avait déjà précisé sa pensée en déniant à l’animal la capacité de réflexion (ie la possibilité d’opérer un retour réflexif sur soi en se dédoublant de soi en tant que sujet pensant : « Sur tous les animaux (…) j’ai le don de penser et je sais que je pense (…) Quand la bête penserait, elle ne réfléchirait ni sur l’objet ni sur sa pensée »), mais pas la faculté de penser, en quoi il s’oppose à Descartes : « Descartes va plus loin, et soutient nettement qu’elle ne pense nullement », v 65-66)
>> Autrement dit, LF précise le passage entre l’ho et l’animal ; il montre que si l’ho n’est pas un animal, ni l’animal un ho (v 217 : « Sans qu’un Singe jamais fît le moindre argument »), il n’y a pas de rupture absolue entre eux, mais une transition subtile. Ils sont faits tous deux, v 207-215, de matière, d’atomes, de lumière, d’énergie, ds une expression particulièrement poétique des choses, v 207-214, et pas du tout scientifique, qui cherche à rendre sensible l’inexprimable (conception matérialiste de la nature et des êtres typique des Libertins et de Gassendi, qui lui-même reprend le matérialisme atomiste d’Epicure, philosophe de l’Antiquité grecque vulgarisé en langue latine par le poète Lucrèce au 1er s av JC).
>> Ds l’ensemble du Discours et encore à la fin, LF établit dc une sorte d’échelle du vivant, une hiérarchie du vivant (Il faudra attendre la fin du XIXè s pour que cette intuition trouve un fondement scientifique, avec Darwin). L’observation de la Nature a dc conduit LF à des positions/conclusions/hypothèses extrêmement audacieuses pour son temps, un siècle éminemment catholique, qui déconstruisent les présupposés de l’humanisme anthropocentriste. C’est le spectacle du monde qu’il oppose à Desc, spectacle qu’il expose et raconte co des fables mais qu’il pose co vrai et qui fait vaciller la position cartésienne. L’échelle qu’il propose place en bas les végétaux, puis l’huître, puis l’homme inférieur, puis les animaux supérieurs, puis l’homme moyen, puis le génie, puis la divinité ou esprit pur. Nulle rupture, nulle position centrale pour l’homme, nul anthropocentrisme.
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