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Dissertation de littérature générale et comparée Phèdre Racine Frankenstein Mary Shelley

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Par   •  7 Octobre 2016  •  Lettre type  •  2 882 Mots (12 Pages)  •  1 696 Vues

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Dissertation de littérature générale et comparée

Phèdre Racine

Frankenstein Mary Shelley

Sujet : « Le tragique n'est pas dans le malheur réel et imprévu […] mais au contraire dans

le malheur attendu dont on entend les pas, qui arrivera, qui est déjà arrivé, qui fera son

entrée comme un acteur. » Alain Vingt leçons sur les beaux arts , 1931

En quoi cette remarque éclaire-t-elle votre lecture de Phèdre et de Frankenstein en

relation avec le monstrueux ?

Le registre tragique implique nécessairement la mise en scène de caractère hors du

commun. Il est vrai que un « caractère hors du commun » ne signifie pas obligatoirement

d'avoir pour personnage principal un monstre mais cela peut être le cas comme nous le

présente les deux oeuvres étudiée. *présentation des oeuvres et lien* Depuis Aristote, le

but des oeuvres ayant un registre tragique était bien de frapper les esprits par la terreur et

la pitié et pour se faire, l'auteur doit placer dès le début de son oeuvre le personnage dans

une situation extraordinaire qui l'obligera malgré lui à poursuivre son destin tragique. Les

premières définition de la tragédie incline donc Alain à affirmer dans Vingt leçons sur les

beaux arts que : « Le tragique n'est pas dans le malheur réel et imprévu […] mais au

contraire dans le malheur attendu dont on entend les pas, qui arrivera, qui est déjà arrivé,

qui fera son entrée comme un acteur. » Ainsi, d'après Alain, la tragédie n'est possible que

lorsque celle-ci est attendu du lecteur. Or, Phèdre et Frankenstein qui tous les deux une fin

tragique, rentrent peut être dans la catégorie des tragédies dont parle Alain. Le thème du

monstrueux qui marque ces deux oeuvres peut déclencher le même procédé tragique.

Ainsi, a monstruosité des personnage permet-elle d'annoncer une fin tragique ? Il est

évident, que le monstre ne peut, d'une certaine manière, qu'appeler la tragédie. Mais sa

nature monstrueuse n'est pas la seule origine de la tragédie, d'autant que les êtres étudiés

sont complexes et ne peuvent pas se limiter à leur monstruosité.

L'étymologie première du mot « monstrum » renvoie au verbe monere qui signifie

« avertir » en latin. En effet, le monstre a longtemps été considéré comme un

avertissement des dieux, un présage. Le monstre est donc dans son essence, une

incarnation des règles divines. Il serait celui que l’on montre en tant qu’illustration des

dangers que l’on encourt à s’écarter d’une norme. La monstruosité se trouve donc dans le

fait d'être différent de la norme, aussi bien physiquement que moralement. Les deux

oeuvres étudiées présentes la monstruosité sous cet aspect. Dans Frankenstein ou le

Prométhée moderne, il y a évidemment la créature elle-même :

His yellow skin scarcely covered the work of muscles and arteries beneath; his hair

was a lustrous black, and flowing; his teeth of pearly whiteness; but these

luxuriances only formed a more horrid contrast with his watery eyes, that seemed

almost of the same colour as the dun-white sockets in which they were set, his

shrivelled complexion and straight black lips.

Mary Shelley Frankenstein or the modern Prometheus Part I Chapter V p 58 in Penguin Classic

Edition

La créature a toute les caractéristique d'un monstre. Mais Frankenstein lui même apparaît

comme un monstre : son intelligence hors du commun et son comportement effrayant font

de lui un être à part. Il a défié la nature en créant la vie de façon innaturelle : son acte met

en évidence les dangers du prométhéisme. De plus, Mary Shelley l'utilise pour avertir le

lecteur de certain comportement. Dans Phèdre, la monstruosité apparaît de façon

physique lorsque le monstre marin dévore Hippolyte mais aussi de façon plus morale à

travers le personnage de Phèdre même : la nature incestueuse de ses sentiments ainsi

que ses actes criminels font d'elle un monstre. Donc les personnages étudiés incombent

bien à la catégorie monstrueuse. Mais dans ces deux cas, pour que le personnage soit

réellement un avertissement pour le lecteur, il est nécessaire de montrer que leur

monstruosité est à l'origine de leur perte. Ainsi, cette définition étymologique nous montre

que le monstre a nécessairement un destin tragique. Dans ce cas, c'est non plus le

monstre qui est un avertissement mais la tragédie elle-même. L’oeuvre tragique montre

comment fonctionne l'âme humaine, comment peut-elle se tourner vers le Mal, comment

oeuvre-t-elle dans le Mal et devient ainsi un avertissement pour les lecteurs. Le monstre

ne peut donc pas exister pleinement en littérature comme étant « celui qui averti » s'il ne

s'articule pas dans une tragédie. Ainsi, puisque le rôle de la monstruosité est d'avertir, et

qu'ainsi il est nécessaire que le monstre s'articule dans une tragédie, le personnage

monstrueux sait, dès le début de son histoire que par sa nature il est voué à un destin

tragique. Ainsi, il est vrai que dans le cadre d'une oeuvre qui a pour thème le monstrueux,

le tragique est bien un « malheur attendu dont on entend les pas » puisque c'est la

définition même du mot monstre.

Nous avons donc vu que le monstrueux et la tragédie sont implicitement liés. Mais il

apparaît aussi en surface des éléments plus concrets qui lient Phèdre et le monstre de

Frankenstein à un destin tragique. Dans les deux cas, les personnages sont pris dans un

engrenage sur lequel ils n'ont aucune emprise. Il existe dans Phèdre une fatalité

antérieure à l'action même du personnage. Si l'on regarde premièrement l'arbre

généalogique de Phèdre nous nous apercevons qu'elle a pour demi-frère le Minotor

(monstre mi-homme, mi taureau). De plus, Phèdre est en elle-même un oxymore

puisqu'elle a la fois solaire de par sa mère Pasiphae et infernale par son père Minos. Ces

liens de parenté, qui font d'elle dès la naissance un être plus enclin à la monstruosité,

posent déjà au préalable certains points d'appui pour l'arrivée d'une tragédie. L'arrière plan

mythique sur lequel Racine développe sa pièce a déjà des prémices tragiques. De plus, la

passion qu'elle entretient pour Hippolyte n'est pas un acte qu'elle a choisi délibérément. Il

n'est pas de son ressort de choisir d'aimer ou de ne pas aimer. Même si Phèdre aime un

homme qu'elle ne devrait pas aimer, celle-ci n'en a pas fait le choix. Donc dès le début de

l’oeuvre, Phèdre a non seulement une essence monstrueuse en elle mais la situation dans

laquelle elle se trouve lui échappe complètement : « Grâces au ciel, mes

mains ne sont point criminelles.

Plût aux dieux que mon coeur fût innocent comme elles ! »

Acte I scène 3 v221-222

Par ses origines et par ses sentiments, deux éléments qui constituent sont être mais

pourtant qui ne lui appartiennent pas, Phèdre montre déjà son côté monstrueux et laisse

entrevoir une destiné tragique. De la même façon, dans Frankenstein ou le Prométhée

moderne nous pouvons voir que la créature porte en elle des éléments qui appellent au

tragique avant même que le personnage ait pu faire ses propres choix. En effet, la

créature est un être contre-nature, qui ne devrait pas exister. Non seulement il est par sa

nature rejeter de la société mais en plus il est rejeté par son propre créateur qui ne peut

supporter sa laideur : « Unable to endure the aspect of the being I had created, I rushed

out of the room » (Chapter V p 58) . Frankenstein rejette son propre chef d’oeuvre à tel point

que celui-ci ne lui donne même pas de nom. Ce rejet, dès le début de son existence, le

place dans une situation déjà de malheur qui ne pourra qu'accroître si la situation de ne

change pas. Or le lecteur sait très bien que la situation ne peut pas changer. De la même

...

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