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Dissertation Frankenstein de Mary Shelley, roman romantique ?

Dissertation : Dissertation Frankenstein de Mary Shelley, roman romantique ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  12 Octobre 2016  •  Dissertation  •  2 730 Mots (11 Pages)  •  5 264 Vues

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        Le romantisme est un courant littéraire apparu au XVIIe siècle, opposé au classicisme, qui privilégie le sentiment à la raison et explore des thèmes comme le rêve, la nostalgie, la recherche de la couleur locale, le pittoresque, le désir de fuite, le voyage, la spiritualité, le moi en souffrance, le fantastique, le mystère ou encore la mort. Il vise à la libération de l’imagination et de la langue. Les principaux précurseurs du romantisme sont Rousseau avec La Nouvelle Héloïse (1761), Madame de Staël, Châteaubriand avec les Mémoires d’Outre-Tombe (1848).

        Frankenstein est un roman écrit par Mary Wollstone Craft en 1818  alors qu’elle n’a que dix-neuf ans. Ce roman est à la base un défi entre amis, « écrire un conte terrifiant », qui est devenu plus qu’un conte. Mary Shelley est née de parents intellectuels, son père William Godwin est un philosophe, sa mère est une libre penseuse et femme de lettre qui meurt après avoir donné naissance à Mary. En 1815, elle donne naissance à une fille qui meurt prématurément qui meurt quelques jours après. Elle rêve qu’elle peut la ranimer le corps de son enfant en le frottant. On peut ici voir en Frankenstein une analogie avec son vécu, une certaine reproduction du fait qu’elle souvent confrontée à la mort et que dans le roman elle de faire infuser la vie à la mort (transmettre la vie n’est pas chose aisée même à l’écrit quand on a vécu la mort). Dès ce moment, on peut dire que Mary est marquée par la mort et le malheur. Frankenstein est une réelle rupture avec le fantastique gothique : il n’y a pas de surnaturel, le monstre est un être vivant. L’influence de la Nouvelle Héloïse se fait ressentir par le recours des lettres dans son roman commençant avec Robert Walton qui écrit à sa soeur, c’est-à-dire le genre épistolaire. Il est donc possible, après définition du romantisme, de se demander si Frankenstein est-il un roman romantique ?

        Nous commencerons par nous interroger sur l’extraordinaire, dans un deuxième temps sur le lyrisme et finalement sur la dimension métaphysique dans Frankenstein.

Dans Frankenstein, les voyages sont très présents, et le tout reflète une dimension hors-du-commun.

        Nous commençons l’histoire sur la banquise au bord d’un bâteau, au Pôle Nord... Ce n’est sûrement pas un fait anodin, les romantiques avaient à cette époque une éducation formelle, il était coutume de voyager pour élever l’âme et l’esprit. Ces aventures permettaient une matière pour l’écriture des romans et le fait de devenir plus mature, comme on peut le voir à travers Frankenstein. Robert Walton est le typique personnage exemple même du romantisme, il est ambitieux et souhaite découvrir un nouveau passage maritime, sa sœur réprouve sa soif d’aventure. Il a connu un échec poétique et s’est donc lancé dans cette péripétie, qui peut être aussi considérée comme une sorte d’exil. Il est intéressant de relever que l’histoire de Frankenstein se passe en Suisse, dans un cadre rassurant avec une nature active, au lieu de décors gothiques et effrayants. Cette situation est fantastique, puisque Robert, à la lettre IV, annonce qu’il aperçoit un homme à demi mort qui dérivait sur la mer, c’est quelque chose d’inimaginable, qui se doute qu’on pourrait rencontrer un homme abandonné à cet endroit ? D’un côté, Robert est un personnage qui désire avoir un ami et qui écrit à sa sœur car il ressent énormément de solitude, peut-être que l’homme qu’il va trouver peut répondre à sa solitude. Il néanmoins apprécie son capitaine et lieutenant qui sont pleins de courage et de noblesse mais il leur manque quelque chose pour avoir ce rôle d’ami. Nous faisons un voyage à travers le récit enchassé, les lettres de Robert Walton à sa sœur qui nous racontent elles-mêmes les récits de Frankenstein, commence le récit de cet homme abandonné… On voyage ensuite en Suisse, là où se passe l’histoire de la créature et de son créateur… Ses parents adoptent une orpheline, Elizabeth, qui sera plus tard sa future femme. Frankenstein a une enfance heureuse, avec ses parents mais depuis tout jeune il est « à la poursuite ardente de la science », il a une réelle passion envers la science et il admire les alchimistes comme Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, Paracelse (tout est poison, rien n’est poison : seule la dose fait le poison) ou bien Albert le Grand. Il rencontre Henry Clerval, un ami qui va être très important dans toute sa vie, passionné de la littérature et du folklore. Henry est un écrivain et poète qui est fasciné par les Chevaliers de la Table Ronde, de l’histoire des croisades… A l’âge de 15 ans, il assiste à un orage qui attise son intérêt pour l’utilisation qu’on peut faire de l’électricité, son application. Il voit notamment la capacité de destruction qu’a l’orage, on lui explique ce qu’est le galvanisme – de l’électricité produite par une réaction chimique. Mary Shelley rend clair l’intérêt qu’a Frankenstein pour cette science, on peut se douter qu’il se servira de cette science pour son but personnel plus tard. Malgré tout, à l’époque de Mary Shelley l’alchimie est discréditée et dans Frankenstein elle est prioritaire. L’alchimie est une forme prématurée de la chimie, avec des philosophiques et magiques associations Finalement, à 17 ans, Frankenstein entre à l’université d’Ingolstadt. Il y rencontre Krempe, professeur de sciences physiques qui trouve complètement absurde l’alchimie et un autre professeur Waldmann qui va lui l’encourager. Il fait des progrès fulgurants, et s’intéresse au corps humain. Son éducation a été spéciale, comme il est possible de le remarquer par cette citation :

 « Au cours de mon éducation, mon père avait pris le plus grand soin pour que nulle horreur surnaturelle n’impressionnât mon esprit. Je ne me rappelle pas avoir tremblé en entendant un conte superstitieux, ni avoir eu peur de l’apparition d’un fantôme. » Il va parvenir à animer la matière morte, et de là commence tout le problème…

Le style d’écriture de Mary Shelley est admirable, elle utilise la forme épistolaire et beaucoup d’autres figures de styles qui font de son roman plus construit et travaillé.

        

        La forme épistolaire est utilisée est propice à l’expression des sentiments, et donc à la forme lyrique. aucun narrateur ne vient expliquer ce qu’il se passe entre ces lettres, le lecteur découvre uniquement l’histoire par ces lettres. Le roman s’ouvre d’abord sur les lettres de Robert Walton, puis s’interrompt à la quatrième lettre pour faire place au récit de Victor qui est recueilli au bord du navire. Ce moment constitue ce qu’on pourrait appeler « la mise en abyme » du roman qui est un procédé qui consiste à représenter une œuvre une autre œuvre similaire, par exemple en incrustant dans une image cette image elle-même.  

        Les sentiments sont exacerbés comme souvent dans le romantisme, Frankenstein n’est jamais content ni jamais triste, Frankenstein est étrange : parfois fou, parfois illuminé de bienveillance et de douceur. C’est un « être merveilleux rongé par le malheur. » L’individu est exalté ainsi que le sentiment. On peut relier ces sentiments exacerbés au « mal du siècle » (ce trouble qui vient du décalage entre les espoirs et la réalité historique) ressentis par les poètes de cette époque, comme Lord Byron ami de Mary Shelley qui crie le mal de vivre.  C’est ainsi que Percy Shelley, le mari de Mary Wollstone Craft, cherche une consolation pour l’homme dans la nature avec son « Ode au vent d’Ouest » en 1820. D’ailleurs, le spleen baudelairien est le précurseur de ce mal du siècle. L’expression lyrique du mal de vivre s’accompagne de nombreuses tentatives d’évasion pour échapper au présent ou aux murs du quotidien. Voyager apparaît donc comme la solution en réponse à l’insatisfaction du présent, ainsi que le thème majeur des romantiques qui est plus que présent dans Frankenstein. « Le héros a cette capacité de refuser les limites, de toucher chaque lecteur dans ce qu’il a de plus personnel. » Cette phrase prend sens par rapport à Victor Frankenstein, qui se refuse aux limites de la science.

        Dans Frankenstein, il y a souvent des hyperboles, qui cherchent à exagérer cette réalité, cherchant à faire ressentir plus intensément toute la vie, mais aussi la mort… Deux thèmes qui s’opposent mais qui sont indubitablement liés dans ce roman. Il y a souvent des amplifications mais pas de litotes. Le lyrisme est présent, c’est d’ailleurs l’expression d’une émotion personnelle intense, souvent caractérisé par l’utilisation de la première personne, ainsi que par l’utilisation d’un vocabulaire des émotions et sentiments. Nous pouvons citer Victor, « La vie et la mort m'apparaissaient comme des limites idéales que je devrais d'abord franchir pour répandre sur notre monde ténébreux un torrent de lumière. Une espèce nouvelle bénirait en moi […] de nombreuses natures et heureuses qui ne devraient la vie qu’à moi. » C’est une envolée lyrique qui suggère une fièvre du docteur, « pulsion épistémologique » comme pourrait l’évoquer Freud (le désir de savoir).

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