Du Bellay : « Sonnet CL » (150), Les Regrets
Commentaire de texte : Du Bellay : « Sonnet CL » (150), Les Regrets. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar eterrier • 28 Juin 2022 • Commentaire de texte • 1 013 Mots (5 Pages) • 2 374 Vues
Sé2. Du Bellay : « Sonnet CL » (150), Les Regrets, (orthographe modernisée) (1558)
INTRO : Au XVIe siècle, inspirée par la Renaissance italienne, la France vit une véritable effervescence artistique, qui remet à l’honneur la culture antique. De son côté, l’Humanisme place l’homme au centre des préoccupations de chacun et valorise l’activité intellectuelle. Dans ce cadre, les poètes de la Pléiade désirent promouvoir la toute jeune langue française tout en rendant hommage aux poètes de l’Antiquité qu’ils admirent. Joachim Du Bellay fait partie de ce groupe de poètes. En 1554, enthousiaste, il part à Rome où il espère s’enrichir au contact de l’héritage antique, mais il en revient déçu et amer : les monuments de Rome ne sont plus que des ruines mal entretenues et l’hypocrisie règne à la cour. De retour en France, il publie en 1558 Les Regrets, un recueil constitué de sonnets dans lesquels il exprime la nostalgie pour son pays natal, mais aussi son dégoût de certains comportements. Le sonnet étudié est le cent-cinquantième du recueil, qui en compte 191. Il s’agit d’un poème satirique, qui évoque la vie à la cour et qui critique la manière dont se comportent les puissants et ceux qui les courtisent. Le poète adopte un ton sévère et acerbe pour condamner l’hypocrisie et la superficialité qui dominent à la cour.
-> Nous nous demanderons comment Du Bellay dresse une satire virulente et féroce de la vie à la cour.
M1 : 1er quatrain : DuB annonce d’emblée le jugement négatif qu’il porte sur sa cible, péjorativement désignée comme « ces vieux singes de cour ».
M2 : 2e quatrain + 1er tercet : DuB décrit les courtisans dans différentes situations péjoratives
M3 : dernier tercet : DuB exprime ce qu’il ressent face à ces comportements et achève de ridiculiser les courtisans
MOUVEMENT 1 : Jugement négatif sur la cour
« Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil // Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire, » -> adresse explicite à Dieu. Ouverture avec P1 -> Implication du poète + condamnation immédiate et explicite dès le 1er vers avec métaphore animalisante. Les singes tentent d’imiter l’homme sans jamais y parvenir, si bien qu’ils en sont déshumanisés, sans qualités. Adj. « vieux » péjoratif. Hyperbole « rien faire » qui marque l’inutilité des courtisans et l’accentue.
« Sinon en leur marcher les princes contrefaire » -> les courtisans tentent de reproduire grossièrement en imitant. Le verbe a des connotations péjoratives
« Et se vêtir, comme eux, d’un pompeux appareil » : Les courtisans s’attachent à des détails secondaires, qui ne concernent que les apparences mais pas les qualités intellectuelles ou morales. « pompeux appareil » : montre la superficialité des courtisans et aussi des « princes ».
Dans ce premier mouvement, le poète condamne d’emblée explicitement les courtisans, présentés très péjorativement comme des personnes qui se contentent d’imiter maladroitement les « princes ».
MOUVEMENT 2 : Les courtisans placés dans diverses situations
« Si leur maître se moque […] S’il le reçoit mauvais, ils le montrent au doigt. » : 4 propositions subordonnées hypothétiques qui miment le caractère répétitif et mécanique du comportement des courtisans. L’anaphore « si » amplifie cet effet de répétition. Le « monarque » subit aussi une critique discrète bien qu’il ne soit pas explicitement critiqué ou moqué. Mais il utilise la parole en la détournant pour mentir ou arriver à ses fins. « Maître » : dépendance des courtisans face au monarque + animalisation.
« La lune en plein midi, à minuit le soleil » : chiasme lexical et grammatical qui mime l’enfermement des courtisans dans leur comportement absurde. Ils sont prêts à tout pour plaire au prince, qui ne sanctionne pas cela et laisse faire. Il n’est pas un modèle fiable.
« Si quelqu’un devant eux reçoit un bon visage » : Le personnage évoqué est très vague, sans personnalité réelle. L’emploi du substantif « visage » laisse entendre que chacun invente et travaille un visage pour chaque situation, tel un masque. La cour ne s’intéresse qu’aux apparences.
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