Le personnage de roman.
Dissertation : Le personnage de roman.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar StriKe • 5 Avril 2017 • Dissertation • 1 769 Mots (8 Pages) • 1 519 Vues
Albert Camus déclare dans l’Homme révolté en 1951 que « Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau, ni plus édifiant que le nôtre. » Il existerait donc, pour Camus, un lien entre le héros et les lecteurs, un lien les unissant. Le mot personnage vient du latin persona, du verbe personare, que l’on peut interpréter comme « parler à travers ». Le personnage serait alors un moyen pour l’auteur de faire passer un message, une opinion. Dans l’Antiquité, un héros était le fils d’un dieu. Par glissement, il vient ensuite désigner un être hors du commun, capable de grandes actions et de bravoure. Dans l’univers plus spécifique du roman, le terme de « héros » renvoie au personnage qui occupe le rôle principal dans l’intrigue. Il est, le plus souvent, doté de qualités exceptionnelles. Cependant, au XIXème siècle en particulier, les romanciers modifient quelque peu cette image et choisissent pour personnages des êtres moins « héroïques », plus proches des lecteurs, parfois même maladroits voire ridicules. Ainsi, Emile Zola affirme, dans Deux définitions du roman (1866), que « le premier homme qui passe est un héros suffisant », et en effet, il empruntera ses personnages au monde qui l’entoure. Il apparaît alors l’image du anti-héros.
On en vient alors à se demander si le personnage de roman doit refléter les lecteurs et leur vision du monde afin de les aider à mieux se connaître et à prendre conscience d’eux-mêmes. Ce sujet nous appelle à faire un plan dialectique.
En effet, les personnages reflètent les lecteurs et leur vision du monde, mais ceux-ci permettent aussi de nous évader et de sortir de nous-mêmes, c’est-à-dire devenir quelqu’un d’autre le temps d’une lecture. En vérité, lire c'est apprendre à devenir quelqu'un, à s’interroger sur la nature de l’homme en général, non pas sur nous-même en tant qu’individu, mais sur « nous » en tant que relevant du genre humain.
Tout d’abord, le lecteur peut s’identifier au personnage principal. Il peut se mettre dans la peau de celui-ci, pour s’imagier ce qu’il ferait dans telle ou telle situation. Le lecteur s’interroge donc sur qui il est réellement, en se demandant comment agirait-il face à une situation rencontrée par le héros du roman. Par exemple, lorsque le lecteur va lire la Princesse de Clèves, de Madame de la Fayette, celui-ci va suivre les histoires de l’héroïne éponyme, et se mettre à sa place dans de nombreuses situations. On peut s’imaginer qu’à la mort de son mari, elle va pouvoir se dévouer à Mr de Nemours, avec qui elle partage une passion réciproque. Contrairement à l’idée reçue, la Princesse va refuser de vivre son amour avec le duc, et va se retirer dans un couvent jusqu’à la fin de ses jours. Le lecteur, qui s’était mis dans la peau du personnage, va sortir de cette lecture surpris, et ému par cette fin cruelle.
Ensuite, le lecteur, en suivant des histoires vécues par des personnages, les vit aussi de façon virtuelle. Le lecteur, à travers les aventures du personnage, va suivre les conséquences de ses actes. Il va être amené à réfléchir plus dans sa vie réelle, ainsi qu’aux actes qu’il va commettre, s’il ne veut pas en subir les mêmes conséquences que dans le roman. On peut citer le roman Bel-ami, de Guy de Maupassant, où il nous est conté l’histoire de Georges Duroy, un homme ambitieux et séducteur, étant l’image même de l’arriviste et de l’opportuniste. À travers les aventures du héros, le lecteur peut apprendre de ce roman. Les actes de Georges, bien qu’ils soient fait de bassesses et sans scrupules, va permettre au lecteur de tester un choix de vie, et lui montrer les faces cachées de la vie du personnage principale. Le lecteur vit donc par procuration.
Enfin, le lecteur s'interroge sur qui il est en voyant des personnages stéréotypés. Il va se questionner sur sa classe sociale, sur son rôle dans la société, s’il est dans les normes, ou s’il est plutôt rebelle face à celle-ci. Les personnages d'un roman obligent donc le lecteur à s'interroger sur le personnage qu'il est, le rôle qu'il accepte d'endosser dans la vie réelle. Par exemple, dans le roman Le Père Goriot d’Honoré de Balzac, le personnage de Rastignac représente le modèle type de l’ambitieux. Celui-ci lance un défi à Paris qu’il veut conquérir, en s’écriant à la fin du roman du haut des marches du Sacré Cœur « à nous deux Paris », affirmant les espoirs d’une jeunesse ambitieuse.
Ainsi, les personnages de romans reflètent le lecteur et leur vision du monde. Le lecteur peut se servir du héros comme modèle, et se comparer à lui. Les romans servent alors de parcours initiatique au lecteur, mais ils permettent aussi de nous évader et de sortir de nous-mêmes, c’est-à-dire de devenir quelqu’un d’autre le temps d’une lecture.
Premièrement, le lecteur devient un autre en se projetant dans le personnage. Il oublie qui il est réellement, il devient le personnage. Il se met dans la peau du héros, il prend son genre, son caractère, il pense comme lui. Par exemple dans le célèbre roman de Gustave Flaubert, Mme Bovary, le lecteur suit les aventures de Emma Bovary, femme du docteur Charles Bovary. Le lecteur se met dans la peau du personnage, qu’il soit un homme ou une femme, et il se sent dans la peau de l’héroïne. Il suit ses aventures tout au long du roman, et lorsque celle-ci s’ennuie, le lecteur s’ennuie lui aussi. Il est alors dans l’esprit du personnage.
Deuxièmement, le lecteur peut aussi oublier qui il est et ce qu'il vit en suivant un personnage, même s'il ne s'identifie pas. Le roman, à travers ses personnages, va ainsi le projeter dans un univers extraordinaire, dépaysant, ou bien le faire rire. Il va permettre au lecteur de s’évader et de se détacher de la vie réelle. On peut citer le roman d’aventure de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, où, à travers les aventures du Professeur Pierre Aronax, le lecteur s’évade, ainsi que son esprit. Il part dans un univers différent de celui auquel il est habitué, dans les profondeurs sous-marines, à bord du Nautilus. On peut également parler de la suite romanesque plus contemporaine, celle d’Harry Potter, de la romancière J. K. Rowling, constitué de plusieurs romans. Le lecteur, à travers chacun des romans, chavire dans un univers fantastique et insolite, dans le monde de la magie et de la sorcellerie, univers lui étant inconnu.
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