Marivaux
Fiche : Marivaux. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar margoulin • 13 Juin 2022 • Fiche • 1 576 Mots (7 Pages) • 451 Vues
Parcours 2
Entraînement à la dissertation
Selon Marcel Arland, auteur d’une étude sur Marivaux, celui-ci « n’a de cesse qu’il n’ait contraint le masque à tomber et qu’il
n’ait révélé, sous l’apparence, la vérité de l’homme. » Vous commenterez cette citation dans un développement structuré. Votre
travail prendra appui sur Les Fausses Confidences, sur les textes et documents que vous avez étudiés dans le cadre du
parcours « Théâtre et stratagème », ainsi que sur votre culture personnelle.
Remarques préliminaires
Ce type de sujet n’appelle pas une démarche dialectique (thèse, antithèse, synthèse), tant l’affirmation de Marcel Arland ne
peut guère être contestée. Il exige une démarche explicative, qui procède par approfondissements successifs.
Le masque, au théâtre, n’est pas seulement cet objet qui dissimule le visage, et que, par exemple, portait
Arlequin dans la tradition de la commedia dell’arte. Est masque tout ce qui cache la vérité : une apparence, un fauxsemblant, un alibi, un mensonge... Il est tout autant ce qui est caché aux autres que ce que l’on se cache à soi-même.
Marcel Arland voit dans cette double dissimulation - à soi et à autrui - une des caractéristiques du théâtre de Marivaux.
Dès lors, écrit-il, le dramaturge « n’a de cesse qu’il n’ait contraint le masque à tomber et qu’il n’ait révélé, sous
l’apparence, la vérité de l’homme. » Selon Marcel Arland, toute pièce de Marivaux propose un moyen pour faire
éclater la vérité des êtres. Il est vrai que dans Les Fausses Confidence, l’amour éclot peu à peu dans le cœur
d’Araminte : elle baisse petit à petit la garde devant les assauts de Dubois qui cherche à lui faire admettre l’amour
de Dorante, puis y répondre. Il convient alors de se demander comment cette vérité cachée d’Araminte se découvre
progressivement à mesure qu’elle renonce à mentir et à se mentir pour enfin accéder à une totale harmonie et
transparence. Nous verrons, dans un premier temps, quels sont les masques sous lesquels se cache Araminte, puis
quels sont les moyens employés pour lui faire fendre l’armure et enfin quelle est la vérité intérieure à laquelle elle
accède progressivement.
Dans un premier temps, voyons donc quels sont les masques d’Araminte : masque social, masque
familial, masque moral… Les femmes se doivent de suivre une norme, au XVIIIe siècle.
Le premier masque que revêt Araminte est celui des conventions sociales. En effet, il n’est pas question
pour une bourgeoise si fortunée de frayer avec un homme d’un autre statut. Cette règle est si bien établie qu’elle est
la raison première du stratagème imaginé par Dubois (acte I, scène 2) : jamais Dorante ne peut imaginer déclarer la
flamme à une femme de ce rang. Dorante est un petit bourgeois ruiné, Araminte est une riche femme du monde :
l’épouser serait pour elle une mésalliance. La logique voudrait qu’elle se marie avec le comte Dorimont, comme l’y
pousse sa mère. Son remariage la ferait rentrer dans le monde de l’aristocratie : ce serait une ascension sociale, et
non une déchéance. Voilà de quoi heurter toutes les conventions. Araminte les connaît et les respecte car sa première
pensée, lors de leur premier entretien, est de mentionner l’emploi d’intendant qui n’est pas à la mesure de son mérite
(acte I, scène 7). Cette conversation témoigne bien de son attention aux conventions sociales, même si la figure de
Dorante lui plaît. Le masque qu’Araminte porte, et qui sera le plus difficile à enlever, est celui de son milieu social.
Le deuxième masque que porte Araminte est celui de la fille docile. Riche et indépendante, Araminte ne
semble pas pressée de se remarier, malgré l’insistance de sa mère, Madame Argante : elle retarde autant qu’elle peut
son éventuelle union avec le Comte, par « indolence » selon Marton (acte I, scène 5), parce que sa « situation est si
tranquille et si douce » d’après Dorante. Pourtant, elle ne rejette pas complètement le comte et joue, en partie, le rôle
de la fille docile en public : malgré ses réticences, elle ne s’oppose pas frontalement à sa mère : elle négocie le procès
avec Dorante (acte I, scène 12) et envisage le mariage jusqu’au bout (à l’acte II, scène 1 notamment). Lors des
scènes autour des deux tableaux, à l’acte II, Araminte n’ose reconnaître que Dorante l’aime : elle veut garder les
apparences devant sa mère et le comte et cherche une échappatoire pour ne pas avoir à se compromettre. Ce n’est
que dans l’acte III, scène 13 que le mariage entre le comte et Araminte avorte vraiment, lorsque l’union avec Dorante
est sûre. Il faut du temps à Araminte pour oser s’affranchir de la tutelle de sa mère et assumer son amour.
Le dernier masque qu’Araminte porte, c’est celui de la décence et de la raison. En effet, elle apparaît comme
une femme mesurée, maîtresse d’elle-même, raisonnable : c’est la description que Dorante et Dubois en font d’elle
dans la deuxième scène de l’acte I. C’est cette raison qui la fait refouler l’attirance qu’elle ressent pour Dorante dès
qu’elle l’aperçoit sans même savoir qui il est et sans connaître les raisons de sa présence chez elle (acte I, scène 6).
Cette « surprise de l’amour », tout conspire à la nier, à la refouler et plus encore à l’admettre, même si elle apparaît
dans les incohérences de comportement de la jeune veuve. En effet, la raison voudrait qu’après la « fausse
Introduction I. Paragraphes
confidence » de Dubois (acte I, scène 14), Araminte renvoie Dorante, pour éviter au jeune homme de perdre la
raison, pour éviter les ennuis. Elle l’évoque d’ailleurs plusieurs fois, d’acte en acte « Il n’y a pas moyen Dorante ; il
faut se quitter. On sait que vous m’aimez, et l’on croirait que je n’en suis pas fâchée » (acte III, scène 12). Cependant,
troublée par Dorante, elle ne se résout pas à le congédier. Aussi s’invente-t-elle diverses raisons pour le garder, qui
sont autant de fausses excuses : par compassion, afin de ne pas complètement le désespérer (acte I, scène 14) ; par
souci de défendre son indépendance contre les pressions conjointes de sa mère et du Comte (acte II, scène 11, acte
III, scène 7). Sa mauvaise
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