Mme Bovary cas
Commentaire de texte : Mme Bovary cas. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Stéphanie Jaunet • 11 Avril 2016 • Commentaire de texte • 1 562 Mots (7 Pages) • 1 439 Vues
MME BOVARY 2
Madame Bovary est un roman éponyme écrit par Gustave Flaubert en 1857. Le roman Madame Bovary a pour sous- titre « Mœurs de province ». Par le biais de son personnage et de son roman Flaubert va dépeindre la société provinciale comme une société banale et ennuyeuse. Il utilise un narrateur observateur qui décrit minutieusement la vie et les sensations insignifiantes de la campagne afin d’exprimer le réalisme. Seul Emma qui deviendra un personnage littéraire ressent une insatisfaction de l’écart entre un idéal et la réalité, partagée entre le réalisme et le romantisme.
Ce roman réaliste est considéré comme un des romans les plus influents de tout le temps et qu’il a même commencé l’écriture moderne. Madame Bovary fait scandale à sa sortie. L'œuvre subira un procès pour immoralité. Flaubert sera relaxé.
Le passage étudié se situe au chapitre 12 de la seconde partie. Dans un premier temps nous verrons comment Emma se métamorphose lorsque son amant lui rend visite, puis dans un deuxième temps, nous analyserons le regard ironique du narrateur.
LA MÉTAMORPHOSE D’EMMA
La forme emphatique de départ « C’était pour lui qu’ » met l’accent sur les raisons de la métamorphose d’Emma. En effet, le pronom personnel « lui » ne fait aucun doute quant à l’identité de cet amant, Rodolphe. Son souci de lui plaire est illustré par le soin qu’elle prend à préparer son intérieur, à l’instar d’elle-même « elle emplissait de roses ses deux grands vases de verre bleu » et « se limait les ongles avec un soin de ciseleur […] il n’a avait jamais assez de cold-cream ». La proposition subordonnée conjonctive nous renseigne sans équivoque quant aux raisons d’un tel chamboulement : c’est parce qu’il doit venir qu’Emma procède à toutes ces transformations « Quand il devait venir ». L’imparfait a ici une valeur de répétition, renforcée par « tous les jours » : ce n’est donc par la première visite que « le prince » fait à sa « courtisane ». De fait, on assiste à une sorte de rituel au cours duquel Emma s’identifie aux héroïnes de ses romans.
Flaubert compare son personnage à « une courtisane » et les préparatifs de la jeune femme deviennent « professionnels », c’est pourquoi aucun détail n’est laissé au hasard. Elle va donc transformer son intérieur de manière à ce que son amant se sente désiré, tel un « prince ». Emma fleurit sa maison de « roses », fleur de l’amour par excellence. La rose rouge illustre parfaitement la passion qui anime Emma. Le verbe « entassait » montre que rien n’est trop beau pour son amant, et transforme son appartement en véritable boudoir, source de plaisir interdit. Là encore, l’imparfait nous renseigne quant à l’aspect répétitif de ses actions, les roses font partie de sa séduction, voire de sa sensualité. On perçoit un certain raffinement, mis en valeur à travers certains détails donnés par l’auteur «roses », « grand vases de verre bleu » « bracelets, de bagues, de colliers ». Emma recrée l’ambiance romantique des romans « à l’eau de rose ». Les hyperboles employés par l’auteur montrent combien ce rendez-vous est important pour Emma, sa raison d’être : « il n’y avait jamais assez de » « se chargeait ». Tout doit être parfait, à commencer par elle. L’énumération des bijoux dont elle se pare illustre son désir de séduction et sa sensualité à fleur de peau. « Jamais Mme Bovary ne fut aussi belle qu’à cette époque » : la négation restrictive met en valeur l’éclatante beauté d’Emma, beauté dont la source n’est autre que sa relation amoureuse avec son amant. Emma agit comme les héroïnes des romans qu’elle a dévorés, elle devient cette jeune femme dont le prince tombe amoureux. Emma vit un conte de fée, dont elle et son amant sont les protagonistes. Les groupes nominaux « de la joie, de l’enthousiasme, du succès » rappellent les raisons de cette éclatante beauté. « Elle n’a jamais été aussi belle » montre l’éloge fait à Emma. La beauté d’Emma prend toute son ampleur lorsqu’elle va voir son amant, « la joie, de l’enthousiasme, du succès ». En effet, le bonheur de vivre enfin les aventures de ses héroïnes l’épanouit de sorte que sa beauté transparait. La métaphore de la fleur épanouie (11) illustre cette femme sensuelle. Emma est transportée par cette aventure avec Rodolphe, il la ramène à la vie et de ce fait elle est éblouissante de beauté. Elle est heureuse, heureuse de pouvoir partager enfin le bonheur de ses héroïnes. La description évoque le physique d’une femme faite pour l’amour, c’est en effet le seul sentiment qui maintienne Emma en vie : 13-16. L’amour corrompt totalement Emma, elle devient provocatrice et terriblement sensuelle « nuque » « torsade de ses cheveux » « s’enroulaient » « les hasards de l’adultère qui les dénouait tous les jours ». Son physique s’apparente au fruit défendu, une tentation à peine dissimulée. L’image de la nuque et des cheveux longs rendent Emma extrêmement attirante, désirable. D’ailleurs « Jamais Mme Bovary ne fut aussi belle » montre qu’elle plait aux yeux qui la regardent. Elle est belle, sensuelle, tout son être évoque l’amour, la passion. Même sa voix semble participer à ce jeu de séduction dans lequel Emma la courtisane se lance sans complexe : « inflexions plus molles » = voix envoutante et enivrante. Tout son corps transpire la sensualité et le raffinement.
On perçoit ô combien Mme Bovary est emprunte de ses lectures romantiques, au point finalement de ne plus faire la différence entre réalité et fiction, soulignée par l’ironie du narrateur.
LE REGARD IRONIQUE DU NARRATEUR
On perçoit le regard ironique de l’auteur notamment à travers le lexique et les comparaisons dévalorisantes : « avec un soin de ciseleur » enlève toute spontanéité et révèle un effort pour atteindre la perfection, à l’instar de ces jeunes femmes issues des romans qu’elle dévore / « se chargeait » et « emplissait » offrent une connotation péjorative en ce sens qu’elle en fait trop. Son obsession pour que tout soit comme dans les romans qu’elle adore tant est clairement palpable. Elle veut à tout prix se mettre dans la peau de ses héroïnes qui bercent ses illusions. La comparaison « comme une courtisane qui attend un prince » dévoile clairement l’ironie du narrateur qui voit en Emma une jeune femme totalement empruntes des lectures « à l’eau de rose » dont elle se veut être la protagoniste. L’ironie de Flaubert se traduit à travers les hyperboles « il n’y avait jamais assez de » et « elle se chargeait », et la métaphore de la fleur épanouie sous l’effet du « fumier » l. 11. En effet, cette métaphore porte à sourire tant le terme est dévalorisant. Finalement ne serait-ce pas l’adultère qui rend belle Emma ? Là aussi on perçoit l’ironie du narrateur qui fait l’éloge de sa beauté tout en suggérant certaines moqueries à travers quelques expressions. En outre, dans le roman, Charles est dupe car il trouve sa femme « délicieuse » et « irrésistible » (l. 22) et ne comprend pas que ce charme ne se déploie pas pour lui…la troisième personne du singulier très présente dans le premier paragraphe désigne Rodolphe, l’amant d’Emma et le contraste avec le rappel de Charles à la ligne 22 est cruellement ironique. Le regard que porte le narrateur sur Emma s’avère ironique quant à la méprise d’Emma entre réel et fiction. Elle se prend pour la courtisane sensuelle de ses lectures sentimentales (l. 19-21), elle confond Rodolphe, vil séducteur avec « un prince » (l. 6). Finalement, Madame Bovary imagine sa vie comme une suite d’événements romanesques afin de fuir une existence triste, décevante car routinière. En effet, Emma transpose les aventures des héroïnes qu’elles affectionnent dans la vie pratique. Emma est sous l’emprise du romanesque (se prend pour une courtisane, Rodolph devient un prince) et ne peut s’éloigner du monde idéal de ses anciennes lectures. On peut dire qu’Emma Bovary est naïve étant donné que pour elle, rêve est synonyme de réalité : une confusion fatale qui aura plus tard de terribles répercussions sur son propre avenir et même celui de sa famille.
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