Mme Bovary, la rencontre aux comices
Commentaire de texte : Mme Bovary, la rencontre aux comices. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar esor_aux • 13 Avril 2022 • Commentaire de texte • 1 144 Mots (5 Pages) • 535 Vues
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857
COMMENTAIRE LITTÉRAIRE
Gustave Flaubert publie Madame Bovary en 1857, ce roman qui appartient au registre pathétique fait d’abord polémique à sa sortie mais devient ensuite le symbole du réalisme et une inspiration pour les générations d’auteur.e.s suivantes. Cette œuvre s’inspire d’un fait divers réel. L’affaire d'une jeune femme à la recherche d’aventures sentimentales pour fuir son ennui et qui termine par se suicider en 1848 comme Emma Bovary à la fin du roman. Ainsi, Gustave Flaubert raconte l’histoire de cette femme du XIXème siècle qui rencontre Rodolphe, un séducteur qui décide de charmer Emma Bovary pendant les comices agricoles. C’est à un extrait de ce chapitre (II, 8) que nous allons nous intéresser. L’extrait dispose d’une structure particulière, il entremêle deux discours de séduction, celui de Rodolphe à Emma et celui du Conseiller à son auditoire du comice agricole. Dans quelles mesures Flaubert articule-t-il différents discours de séduction afin de dénoncer les discours mensongers ? Nous analyserons d’abord la scène de séduction singulière de cet extrait puis nous serons attentifs à la manière de Flaubert pour dénoncer les discours mensongers de la société.
Gustave Flaubert décrit dans l’extrait des comices agricoles, une scène de séduction. Il nous le fait comprendre en détaillant une scène où les personnages sont tous les deux dans un endroit légèrement isolé du discours du conseiller, Rodolphe remarque “qu’on pourrait l’apercevoir d’en bas”, cela montre qu’il est à l’écart du groupe pour séduire et discuter avec Madame Bovary. L’homme en profite pour la complimenter avec une métaphore indirecte à la lumière qui l’ébloui (ligne 47), une référence à l’émerveillement qu’elle lui procure. Le champ lexical de la vue est aussi très présent, Rodolphe “la regardait” et “elle le regarda” (ligne 44 et 24) avec envie, convoitise. Cette promiscuité prend la forme d’une symétrie du regard qui accentue la tension amoureuse entre Emma et Rodolphe.
Cependant, le contexte de cette scène est plutôt inapproprié. L’extrait est décrit pendant les comices agricoles, dans une mairie et Rodolphe Boulanger charme une femme mariée dans un endroit où elle-même s’est alliée à son époux. De plus ce dernier ne s’adresse pas directement à Emma, en utilisant la deuxième personne du pluriel généralement mais jamais à la jeune femme seulement, comme à la 41eme ligne où il insinue que le bonheur “Vous [fait sentir] le besoin de faire à cette personne la confidence de votre vie”. Rodolphe passe ensuite à la troisième personne du singulier pour complimenter Emma mais aussi lui-même en faisant une antithèse et une comparaison : “comme si l’on sortait des ténèbres à la lumière”. Il reste très vague en introduisant Emma Bovary dans sa déclaration.
Emma Bovary dans cet extrait est complimentée mais n’est pas complétement mise en valeur, elle ne parle quasiment pas, s’occupe de poser des questions pour relancer la conversation et laisser Rodolphe faire son monologue. Elle lui demande des précisions sur ses longues répliques ou le flatte son ego sous forme d’une hyperbole en lui disant qu’il se “calomnie” (ligne 4). Emma est à la recherche d’une aventure sentimentale car morte d’ennui, elle écoute donc Rodolphe tout le long du discours du Conseiller. Cependant, elle finit par retirer sa main de celle de son séducteur, car on peut supposer qu’elle réalise l’inattention qu'il lui porte. On remarque que à la fin de cette scène de séduction, le conseiller, lui, lit toujours comme pour signifier que cette histoire n’est pas finie. Emma hésite face aux flatteries de Rodolphe et à l’entente de la fin du discours du Conseiller qui énonce le “devoir” elle renonce à abandonner aux intentions de l’homme.
Gustave Flaubert en écrivant cette scène amoureuse légèrement bancale dénonce également les discours mensongers et la fausseté des deux discours superposés. Le discours du conseiller est rempli d’hyperbole qui accentue l’envie de se faire écouter, “vous hommes du progrès et de moralité” (ligne 34) il flatte les auditeurs et pose des questions rhétoriques, “qu’y vois-je ?” (ligne 9), afin de renforcer aussi son manque d’autorité envers le milieu agricole,
...