Parfum exotique / Baudelaire

Explication linéaire « Parfum exotique »

Le poème « Parfum exotique » paru dans la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal en 1857 est le premier à évoquer le thème de l’amour. Il ouvre d’ailleurs le cycle de Jeanne Duval qui fut sans doute la femme avec laquelle Baudelaire eut la liaison la plus passionnée et la plus sensuelle. Ce sonnet illustre d’ailleurs bien le pouvoir qu’eut celle qu’on surnommait la « Vénus noire » sur les sens et l’âme du poète : le parfum seul de Jeanne Duval lui permet de voyager dans un imaginaire paradisiaque.

Problématique : Dans quelle mesure la femme permet-elle l’émergence de la rêverie poétique ?

Deux mouvements :

La naissance de la rêverie (1 et 2e strophes)

La fusion des sens (3e et 4e strophe)

I. La naissance de la rêverie :

Dès la première strophe une atmosphère intimiste se dégage et procure une sensation de bien-être (extase) conduisant ainsi le poète dans la rêverie. Le groupe nominal “Les deux yeux fermés” (v1) présente le début de rêverie dans un milieu ambiant agréable comme le confirme le GN “en un soir chaud d’automne” (v1). Une image maternelle et érotique de la femme est évoquée au vers 2 avec la personnification “sein chaleureux” renforçant cette sensation d’extase et ainsi une relation amoureuse.

Dans les vers 2 et 3, une simultanéité des sens est mise en avant avec “Je respire” et “Je vois” créant un paradoxe : l’odorat lui permet de voir. La personnification “rivages heureux” (v 3) montre que le poète imagine un paysage marin, lieu agréable comme le souligne l’adjectif « heureux ». L’adjectif « monotone » au vers ‘ souligne la tranquillité du lieu.

Dans la strophe 2, nous pouvons y relever une personnification de « l’île paresseuse » dans le but de mettre ce paysage exotique en correspondance avec la femme. Les vers 6 et 7 sont caractérisés par des groupes nominaux « des arbres singuliers », « des fruits savoureux », rattachés à la proposition principale « je vois ». Leur énumération permet au poète de décrire le paysage exotique et les aspects de l’île plongeant le poète dans une rêverie profonde. L’île semble être luxuriante, nourricière, paradisiaque.

Au vers 7, les qualités physiques des hommes participant au paysage sont mises en avant avec la proposition relative « dont le corps est mince et vigoureux ». Elles sont associées aux qualités morales des femmes au vers suivant. Le poète est en effet surpris par la franchise du regard des femmes. Il montre que ce n’est pas commun. Manifestement, il est dans un lieu idéal, paisible.

II. La fusion des sens :

Au début de la troisième strophe, le participe passé “guidé” (v9) renforce l’importance des sens ; en effet le poète se laisse faire, emporté dans de “charmants climats” (v9) qui l’envoutent. La ressemblance syntaxique entre les vers 3 et 10 avec “Je vois” développé par des COD sert à renforcer la description ; le poète rêve et imagine en ayant les yeux fermés mais il arrive tout de même à voir. Il est ainsi passif et se laisse faire.

Cette correspondance des sens est caractéristique de Baudelaire, ce sont des synesthésies qui mettent en évidence un système de correspondance entre les sens.

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