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Paul SCARRON, Le Roman Comique, Chapitre XII, extrait : « Je suis trop homme d’honneur... ces très véritables et très peu héroïques aventures. »

Commentaire de texte : Paul SCARRON, Le Roman Comique, Chapitre XII, extrait : « Je suis trop homme d’honneur... ces très véritables et très peu héroïques aventures. ». Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  15 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 316 Mots (6 Pages)  •  2 257 Vues

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Paul SCARRON, Le Roman Comique, 1651-1657

Chapitre XII, « Je suis trop homme d’honneur… ces très véritables et très peu héroïques aventures. »

I/ L’avertissement au lecteur

a/ Une mise en garde sur la suite du roman

1/ La place du lecteur et du narrateur 


2/ Une entreprise de démystification

b/ L’ironie de l’auteur

II/ Le récit emboîté

a/ Le retour au récit

b/ Un « roman comique »

III/ Le but du roman

a/ Une visée moralisatrice ?

b/ La visée divertissante

I/ L’avertissement au lecteur

a/ Une mise en garde sur la suite du roman

1/ La place du lecteur et du narrateur 


=> Le texte s’ouvre sur l’intrusion du narrateur.

→ Le pronom « je » nous montre que l’auteur est le narrateur.

→ Il s’exprime au présent de l’Indicatif = présent d’énonciation = comme s’il conversait « en direct » avec le lecteur.

=> L’auteur-narrateur capte l’intention du lecteur par la bienveillance (captatio benevolentiae), il essaie de se montrer sympathique.

→ L’adjectif « bénévole » flatte le lecteur. Ainsi Scarron, dans son texte, assume avec humour ses choix tout en étant conscient que cela peut scandaliser le lecteur.

=> Le lecteur se trouve déstabilisé par la distance critique. Il est ainsi invité à réfléchir sur genre romanesque.

→ Il y a une réflexion sur la création romanesque, c’est-à-dire le jeu sur l’omniscience et l’omnipotence : il y a une interrogation sur la liberté du récit et sur le hasard.

→ Il y a une réflexion sur la place du lecteur = c’est lui qui doit choisir de poursuivre ou non sa lecture. Il est également celui qui doit tirer une leçon de ce qu’il lit.

2/ Une entreprise de démystification

=> L’auteur brise la forme traditionnelle du roman : il intervient, évoque sa position, provoque la réflexion du lecteur, revient au récit.

=> Pour évoquer le processus d’inspiration et de rédaction : au lieu de montrer une intention ferme, l’auteur se décrit comme passif :

- emploi du pronom« je » et du modalisateur « peut-être » = il nuance son emprise sur son travail, peut-être lui aussi est-il soumis à quelque chose qui le dépasse : « peut-être que j’en suis logé là aussi bien que lui ».

- comparaison avec les cavaliers qui laissent galoper leurs chevaux = cela nous fait penser que l’auteur se laisserait emporter par son invention qui déroulerait des événements du récit sans que l’écrivain n’intervienne.

=> L’auteur joue sur l’illusion romanesque car il rappelle systématiquement qu’il s’agit d’un roman. Scarron opère ainsi un équilibre qui consiste à la fois à dire au lecteur qu’il ne doit pas oublier qu’il s’agit d’une simple fiction et à prétendre que c’est par cette même fiction que l’on peut atteindre une forme de lecture sur la vérité humaine.

b/ L’ironie de l’auteur

=> Les trois premiers mots « homme d’honneur » ont un caractère moqueur, accentué par l’hyperbole « trop homme d’honneur » = c’est le signal de l’ironie car être homme d’honneur au XVIIè siècle est la vertu aristocratique par excellence.

=> Scarron s’amuse avec le contenu de son ouvrage, il essaie d’en désamorcer l’aspect provocant.

→ « badineries » = légèretés = choses osées ou bien choses divertissantes, sans gravité.

→ Nous sommes déjà au XIIè chapitre et Scarron invite le lecteur, si celui-ci en fait le choix, à n’« en lire pas davantage » => est-ce parce que le ton demeurera identique, et pas parce que le trait sera encore grossi ou les péripéties encore plus provocantes ? => l’auteur fait comme si le livre n’avait rien de nouveau à proposer passé ce XIIè chapitre.

=> Scarron se moque aussi de ses contemporains : référence à Artamène ou le Grand Cyrus de Madeleine de Scudéry (1649-1653), roman-fleuve, grand succès de l’époque, le plus long roman français jamais écrit : 13 095 pages dans son édition originale.

→ « aussi gros » = adjectif dévalorisant => l’œuvre de Mme de Scudéry ne sert de référence que pour son volume, son poids pas pour son contenu, sa qualité.

(Nous pouvons noter une autre référence à une œuvre célèbre de l’époque : Le Grand et Dernier Soliman, ou la Mort de Mustapha, tragédie du dramaturge Jean de Mairet (1637).

II/ Le récit emboîté

a/ Le retour au récit

=> Le retour au récit, à la l. 10, s’effectue comme un coup de force = l’auteur décide brutalement d’interrompre ses digressions pour revenir à son histoire.

→ Emploi de l’Impératif présent avec les verbes « finissons » et « reprenons », qui amplifie le retour au récit comme un coup de force.

→ Usage de l’adjectif possessif « nos » qui établit une certaine complicité avec le lecteur, alors que jusqu’à maintenant nous étions loin de la complicité.

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