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Quelles sont les différentes fonctions de cet incipit ?

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Par   •  7 Octobre 2015  •  Commentaire de texte  •  1 478 Mots (6 Pages)  •  1 785 Vues

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***Quelles sont les différentes fonctions de cet incipit ?

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*** L’incipit sert tout d’abord à faire entrer le lecteur dans un conte philosophique.

* Par quelques détails très précis, le récit est mis en place. Le lieu où débute l’histoire est connu : c’est « la baie de St-Malo ». Les indications temporelles sont très détaillées : « en l’année 1689, le 15 juillet au soir » ; on peut ainsi repérer facilement l’analepse concernant le voyage du frère du prieur au Canada en « 1669 ». Les personnages sont campés également en quelques détails de telle sorte que le lecteur peut bien les distinguer. On connait leurs noms –« abbé de Kerkabon », « Mademoiselle de Kerkabon » ou leur origine « Je suis Huron », leurs liens familiaux-les Kerkabons sont frères et sœur : « le prieur disait à sa sœur », leur statut social- «les Kerkabons sont nobles : « abbé de Kerkabon, prieur de Notre-Dame de la Montagne ».

* Ces détails sont annonciateurs de la suite du récit. Ainsi l’intrigue est mise en place en premier lieu avec le cadre spatial. L’histoire commence « dans la baie de la Rance », donc dans un lieu portuaire, c’est-à-dire un lieu d’interface (de contact) entre la Bretagne où habitent les Kerkabons et la mer. Ce lieu permet de mettre en scène l’arrivée du Huron qui aura un rôle essentiel dans l’intrigue. La date, « 1689 » parlait au lecteur cultivé de l’époque de Voltaire. Elle évoque l’époque de Louis XIV, monarque absolu ne respectant pas les libertés individuelles, notamment les libertés religieuses : « 1689 » c’est quatre ans après la révocation de l’édit de Nantes, qui rend illégale la pratique du culte protestant. Enfin l’incipit met en scène la rencontre entre des personnages contrastés. Les Kerkabons sont attachés à des règles de politesse stricte, étant nobles. Ils apprécient certaines manières du Huron –« tout cela d’un air si simple et si naturel que le frère et la sœur en fut charmé » ; « Mademoiselle de Kerkablon, étonnée et enchantée de voir un Huron qui lui avait fait des politesses » Mais le Huron ne connaît pas tous les codes : « il lui fit un signe de tête, n’étant pas dans l’usage de faire la révérence » ; l’insistance que l’auteur met la suite du récit dans la méconnaissance des codes de la société français et dans la remarque indique les problèmes que le Huron rencontrera dans la suite du récit.

*Enfin la diversité de registres indique que cet incipit est un début de conte philosophique. Le registre merveilleux est présent dans le premier paragraphe. La formule temporelle imprécise « un jour » et le personnage de saint « St-Dunstan » évoque un Moyen-âge très ancien. La référence à une montagne comme moyen de locomotion est une intrusion du surnaturel. Enfin la légende inventée par Voltaire pour expliquer l’origine du nom du prieuré de la Montagne appartient aussi au registre merveilleux. Dans la suite du récit, c’est le registre réaliste qui domine ; on le voit par le cadre spatio-temporel, les personnages, l’intrigue déjà évoqués. Enfin l’incipit montre que le conte a une vocation philosophique avec la présence du registre ironique. Celui-ci est présent dès les premières lignes avec l’expression « saint de profession » qui par l’effet de décalage enlève tout respect au personnage de St-Dunstan et permet la moquerie.

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***La deuxième fonction est d’intéresser le lecteur par des personnages attractifs. L’auteur les rend intéressant par le portrait qu’il en fait

* L’abbé de Kerkabon est le premier personnage présenté. L’auteur lui reconnaît de nombreuses qualités pour faire ressortir sa singularité. Mais il les exprime avec ironie. Ainsi avec l’hyperbole « le seul » à ne pas être soul, Voltaire insiste sur le fait que c’est rare chez les ecclésiastiques. De plus il est cultivé et ouvert. Avec l’adverbe « assez honnêtement » associé à connaître de la théologie Voltaire veut montrer qu’il est un religieux modéré, non dogmatique. Cela est confirmé par l’antithèse « las de St-Augustin » / « s’amusait avec Rabelais » qui montre l’étendue, la diversité de sa culture et de ses centres d’intérêt. Il a donc une bonne réputation, ce qui est confirmé par plusieurs expressions : « une grande considération », « du bien de lui ».

* Le deuxième personnage présenté est la sœur du prieur. Il en fait un personnage attachant malgré les contradictions qu’il souligne avec malice par un ensemble d’antithèses. La première indique que son état de vieille fille est subi : « …jamais mariée, quoiqu’elle eût grande envie ». La deuxième, qui peut être vue aussi comme un euphémisme, indique qu’elle conserve une jeunesse d’esprit en décalage avec son âge avancé : « conservait de la fraîcheur à l’âge de quarante-cinq ans » : à cet âge, au XVIII è siècle, on était très vieux car l’espérance de vie était peu élevée par rapport à notre époque. Enfin la troisième résume ce qu’il y a de contradictoire dans sa personnalité : elle est attachée aux traditions –« dévote »- et elle est aussi femme de son siècle par son caractère « bon et sensible » et ses goûts : « elle aimait les plaisirs »

*Le troisième personnage présenté est le Huron. On insiste sur ses différences pour marquer un effet de décalage avec la civilisation européenne incarnée par les Kerkabons. Il se distingue

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