Rhinoceros

Le XXe siècle est marqué par deux guerres mondiales, par les totalitarismes et par la décolonisation. À cette époque, l’humanisme est remis en question à cause des répercussions de Deuxième Guerre mondiale, et de la Guerre froide. Face cette histoire tragique, les écrivains existentialistes considèrent qu'ils doivent s'engager sur de questions politiques et sociales. Les existentialistes soutiennent le communisme symbole de la justice sociale, et dénoncent le totalitarisme symbole de la dictature. Durant cette période, le théâtre de l’absurde a apparu en essayant de traduire le non-sens de la vie et de l’homme qui en résultait. Ce genre de théâtre s’est inspiré de plusieurs genres littéraire comme le dadaïsme et le surréalisme. Eugène Ionesco est un auteur dramatique d’origine roumaine, qui fait partie du mouvement du théâtre de l'absurde. Dans sa pièce Rhinocéros, publiée en 1959, Eugène Ionesco dénonce le dangereux phénomène de massification de l’époque, par le biais de l’absurde. Pour démontrer cette affirmation, nous verrons d’abord que l’auteur invente une épidémie nommé "rhinocérite" pour présenter l’intrigue en suivant un mouvement de masse, puis nous démontrons que l’auteur dénonce le danger qui représente la conformisme et l'idéologie des régimes totalitaires.

Pour commencer, Ionesco invente une épidémie nommé "rhinocérite" pour présenter le phénomène de la massification. D’une part, on constate dans la pièce que les personnages ont la même réaction face à l’arrivée du premier rhinocéros. En effet, la répétition d’une série d’exclamations : Jean: «Oh! un rhinocéros!»/ le Logicien: «Oh! Un rhinocéros!»/ le Vieux Monsieur: «Oh! un rhinocéros!»/ la Serveuse: «Qu’est-ce que c’est? Oh! un rhinocéros!» / le Patron: «Qu’est-ce que c’est? / l’Épicier: «Oh! un rhinocéros!»/Jean: «Oh! un rhinocéros!», etc. (p.41-42), traduit de façon évidente que l’apparition du premier rhinocéros a provoqué une grande surprise chez les habitants de la ville. Tout le monde semble réagir de la même manière, comme un troupeau de moutons.

D’autre part, on peut aussi apercevoir que toute la population est contaminée par une épidémie nommé "rhinocérite". D’ailleurs, dans l’acte II, on assiste à une « contamination » qui propage la maladie très vite. Ce passage « on s’y habitue,… Plus personne ne s’étonne des troupeaux de rhinocéros parcourant les rues à toute allure. » (p.139), illustre bien la transformation progressive des habitants en rhinocéros, au sein de la société, est devenue une chose incontournable Toutefois, cette transformation de l’homme en rhinocéros symbolise la contagion totalitaire, la dépersonnalisation et le fanatisme contre lesquels l’autre s’est battu durant toute sa vie.

Ionesco dénonce le danger de la métamorphose absurde des gens en rhinocéros en exposant les conséquences de cette transformation sur la pensée et sur l’humanité. Tout d’abord, il présente Jean comme un monstre dangereux qui menace les valeurs humaines, contrairement à Bérenger, homme distingué qui défend les principes humains. La transformation physique de Jean suit celle de ses idées et de ses principes. Dans ce sens, les discours de Jean : «Parlons-en de la morale, j’en ai assez de la morale» (p.104), «Démolissons tout cela» (p. 105), « l'humanisme est périmé ! » (p. 106), démontrent que Jean rejette les valeurs humaines en exprimant indirectement son adhésion au troupeau de rhinocéros. Il a fait le choix