Rhinocéros
Mémoires Gratuits : Rhinocéros. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires-----------------------------------
Acte I
Dans l'acte I, les rhinocéros en liberté provoquent tout d'abord l'étonnement et choquent les personnages. Jean ne parvient pas à croire que ce qu'il a vu était réel, il énonce même clairement « cela ne devrait pas exister ». Le patron du bar jette un cri de fureur (révolutionnaire) en voyant la ménagère partir avec son chat ensanglanté « Nous ne pouvons pas nous permettre que nos chats soient écrasés par des rhinocéros ou par n'importe quoi ! ». Comme à la montée de chaque mouvement politique extrême et totalitariste, les gens sont tout d'abord effrayés.
-------------------------------------------------
Acte II
Les habitants commencent à se transformer en rhinocéros et à suivre la rhinocérite. C'est là que l'on relève les premières oppositions clairement marquées, selon Botard c'est « une histoire à dormir debout ! », « c'est une machination infâme ». Ce dernier ne veut pas croire en la réalité de la rhinocérite (comme certains ont pu nier la montée des extrêmes). Mais pourtant lui aussi va se transformer en rhinocéros malgré ses préjugés, comme quoi même les plus résistants se font avoir par les beaux discours de la dictature. Les personnes commencent à se transformer en rhinocéros : c'est le cas de Monsieur Bœuf, rejoint ensuite par sa femme, « je ne peux pas le laisser comme ça » dit-elle pour se justifier. Les pompiers sont débordés, le nombre de rhinocéros augmente dans la ville. Ensuite, Jean, personnage si soucieux de l'ordre au départ et si choqué par la présence de rhinocéros en ville, se transforme lui-même en rhinocéros, sous les yeux désespérés de son ami Bérenger. On assiste ainsi à la métamorphose d'un être humain en rhinocéros. Jean est tout d'abord malade et pâle, il a une bosse sur le front, respire bruyamment et a tendance à grogner. Puis il verdit de plus en plus et commence à durcir, ses veines sont saillantes, sa voix devient rauque, sa bosse grossit de plus en plus pour former une corne. Jean refuse que son ami appelle un médecin, il parcourt sa chambre tel une bête en cage, sa voix devient de plus en plus rauque et Jean émet des barrissements. Selon lui, il n'y a rien d'extraordinaire au fait que Bœuf soit devenu rhinocéros, « Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous, qui ont le droit à la vie au même titre que nous ! », lui qui était si cultivé, si littéraire, il proclame soudain « l'humanisme est périmé ! Vous êtes un vieux sentimental ridicule. »
-------------------------------------------------
Acte III
Au dernier acte, tout le monde devient rhinocéros, même Daisy et Dudard (une collègue de travail et un « scientifique »). Bérenger est le seul à réagir humainement et à ne pas trouver cela normal. Il s'affole et se révolte contre la rhinocérite. Dudard minimise la chose puis devient rhinocéros car son devoir est « de suivre [ses] chefs et [ses] camarades, pour le meilleur et pour le pire ». Et Daisy refuse de « sauver le monde » pour finalement suivre les rhinocéros qu'elle trouve soudainement beaux, dont elle admire l'ardeur et l'énergie. Finalement, après beaucoup d'hésitations, Bérenger décide de ne pas capituler : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas ! »
Interprétation
Il s'agit d'une fable dont l'interprétation reste ouverte. Beaucoup y voient la dénonciation des régimes totalitaires (nazisme, stalinisme et autres) et celle du comportement grégaire de la foule qui suit sans résister. Ionesco dénoncerait ainsi plus particulièrement l'attitude des Français aux premières heures de l'Occupation, mais aussi le fait que tous les totalitarismes se confondent pour attenter à la condition humaine et transformer en monstre le meilleur des hommes, qu'il soit intellectuel (comme « le Logicien »), ou celui qui, comme Jean, est épris d'ordre. Bérenger, dont le spectateur découvre la mutation tout au long de la pièce est le seul à résister face à l'épidémie de « rhinocérite ». C'est le seul à avoir des réactions normales face à cette épidémie : « Un homme qui devient rhinocéros, c'est indiscutablement anormal ». Il représente la résistance qui, petit à petit, se forme lors de la Seconde Guerre mondiale. Ionesco utilise, dans son œuvre, l'absurde et le comique, pour accentuer son propos.
Une satire sur les comportements humains et leur influence face à la montée d’une idéologie :
Il ressort bien qu’un phénomène minoritaire mais violent entraîne l’incrédulité des habitants qui le rejettent dans un premier temps ; cependant ce rejet est suivi d’une indifférence quand le phénomène s’amplifie, les gens commençant à s’habituer à ce qui les repoussait. Un point crucial mis en avant par Ionesco est la passivité du peuple qui assiste à cette montée en puissance.
Par la suite un basculement important s’opère à savoir l’extension du mouvement qui rallie de plus en plus de personnes ; Ionesco souligne bien la capacité d’un tel phénomène à rallier des gens différents autour d’un thème central (ici la sauvagerie) et le fait qu’il profite des frustrations et autres déceptions de chacun.
Enfin, une fois le phénomène étendu, l’auteur suggère l’uniformité, la masse ayant adhéré en totalité, ne restant qu’une seule personne, celle dont justement on raillait la rêverie et l’inaction, pour résister et même s’opposer lucidement face à cette folie collective.
Originalité de l'œuvre
Le dérèglement du langage
Comme dans la plupart des pièces de Ionesco, l'auteur utilise, pour symboliser une dérive d'un mode de pensée, un dérèglement de la parole. Ce dérèglement apparait à plusieurs reprises dans la pièce, mais le passage le plus significatif est le discours du logicien au vieux monsieur. En effet ce passage est une série de faux syllogismes utilisés par le logicien pour persuader le vieux monsieur et le convaincre de la grandeur de la logique.
Un esprit de système
On peut rapidement remarquer que les personnages présents dans la pièce
...