Tristan Corbière : Le crapaud
Commentaire de texte : Tristan Corbière : Le crapaud. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar benj5469 • 18 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 830 Mots (8 Pages) • 1 374 Vues
Explication linéaire texte n°9
Introduction :
« Le crapaud » est un poème de Tristan Corbière paru en 1873 dans le recueil Les Amours jaunes. Tristan Corbière est en porte-à-faux avec les mouvements littéraires de son époque : Romantique et Parnasse. Son unique recueil, Les Amours jaunes, publié deux ans avant sa mort, passa complètement inaperçu. C’est Paul Verlaine qui, 10 ans plus tard, le fit découvrir en lui consacrant un chapitre dans son essai Les poètes Maudit de 1884. « Le crapaud » illustre bien l’expression de
« poète maudit » : Corbière y apparaît comme un poète incompris qui rejette les valeurs de la société et se conduit de manière provocante.
Mouvements :
Le premier mouvement du texte va jusqu’au vers 6, on a dans ce premier mouvement la description du lieu, de l’espace. Tandis qu’au vers 7, un nouveau mouvement apparaît, celui de l’entrée en scène du crapaud, ce mouvement commence du vers 7 et ce termine donc au vers 14.
Problématique :
Sous quel aspects le poète est-il représenté dans le poème ?
Explication linéaire :
Vers n°1 ( Un chant dans une nuit sans air… ) → Le lecteur se demande d’où provient de chant, assailli par des voix, brouillées, il y a donc une antithèse avec « Un chant » mais « sans air… », il y a une sensation d’étouffement, de pesanteur. On retrouve aussi se sentiment d’enfermement dans
« un chant dans une nuit », mis en relief par la préposition « dans » qui montre que le chant se trouve enfermé dans la nuit.
Vers n°2 ( - La lune plaque en métal clair ) → Le « - » tiret du vers opère une coupure pour décrire le cadre afin d’insister sur l’aspect incongru du chant. Nous constatons un décor romantique peint par les mots « chant », « nuit » et « lune », associé à une « plaque en métal claire » qui provoque une sensation de froid et d’atmosphère inquiétante. On remarque aussi une allitération en « L », qui renforce la musicalité.
Vers n°3 ( Les découpures du vert sombre. ) → Dans ce vers on voit le mot « vert » qui apparaît comme un nom commun et non comme un adjectif. On constate aussi un jeu d’homophonie, le vert du crapaud, la végétation s’apparente à du verre donc tranchante « découpures ». Il y a aussi une opposition entre « clair » et « sombre » et entre « métal » et « vert », il y a donc une antithèse entre « vert » et « sombre ».
Vers n°4 ( … Un chant ; comme un écho, tout vif ) → Les points de suspensions font comme si les vers 2 et 3 n’avaient été qu’une parenthèse et que le poète revenait à l’essentiel. Il y a une mise ne valeur du chant qui crée une phrase à lui tout seul, il remplit l’espace comme dans le vers 1. Comme le vers 1 « Un chant », article indéfini plus absence de qualificatif ou de complément du nombre, donc on ignore quel est le chant, ( Le chant d’un d’oiseau ? D’une femme ? ), ce qui renforce le mystère. Le crapaud coasse ( Crier en parlant de la grenouille, du crapaud ) « comme un écho ». On remarque que le chant devient l’unique préoccupation du poète.
Vers n°5 ( Enterré, là, sous le massif… ) → On constate de nombreuse pause, c’est ce qu’on appelle une aposiopèse. Le chant est qualifié de « tout vif » au vers d’avant et ensuite « Enterré », on a un enjambement, qui surprend le lecteur. « Enterré » est un mot relié à la mort, on continue donc dans l’atmosphère inquiétante.
Vers n°6 ( - Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre… ) → « Ça » et « c’est », sont des pronoms péjoratif qui informe au lecteur que ce que l’on va avoir n’a rien de beau, ensuite le verbe « taire » est employé, ce qui montre la fin du chant des premiers vers. L’utilisation de l’impératif nous apprend que l’auteur est proche du lecteur, on remarque aussi un dialogue entre une personne inconnue et l’auteur, ceci peut montrer un aspect théâtral. Lorsque l’auteur dit « viens là » cela apporte un aspect énigmatique car on ne sait pas de où parle l’auteur. De plus le mot « ombre » renvoie aux enfers, le poète se dissimule encore dans l’obscurité.
Vers n°7 ( - Un crapaud ! - Pourquoi cette peur, ) → La volta ( passage du tercet au quatrain ) met en valeur l’apparition du crapaud. On observe une phrase exclamative, ce qui éveille le lecteur. De plus le crapaud est une référence cataphorique, mauvaise réputation mais jamais vraiment négatif. Le crapaud est donc un animal maudit, et l’auteur refuse toute tradition littéraire, donc d’être dans les cadres et référence au prince charmant. Ensuite un véritable dialogue amoureux se met en place. Maintenant que le « crapaud » à été dit, le son [oi] se multiplie jusqu’à la fin du poème, minant le coassement.
Vers n°8 ( Près de moi, ton soldat fidèle ! ) → Ici, l’horreur du crapaud est atténué, il n’est pas dangereux « fidèle », par ailleurs « ton soldat fidèle » renvoie à l’idée de chevalier servant. Cela montre aussi que l’homme parle à une femme avec des aspects de courtoisies « fidèle ».
Vers n°9 ( Vois-le, poète tondu, sans aile, ) → Vers monstrueux, « boiteux », à l’image de Corbière ou du crapaud… Il comporte une syllabe de trop. Le poète est décrit par des images étonnantes, il apparaît comme un animal caractérisé par des manques « tondu », « sans aile ». La désignation
« poète tondu » assimile le crapaud à un poète, il y a donc un rapprochement de Corbière avec le crapaud. Le poète « sans aile », empêché de voler est une allusion à Baudelaire. Cher qui, l’idéal prend souvent la figure d’un oiseau, d’un envol, comme dans Élévation ou L’Albatros par exemple. Mais ici le poète ne peut atteindre l’idéal, il est plaqué au sol, enfoncé dans le sol « Enterré »,
« sous sa pierre. ».
Vers n°10 ( Rossignol de la boue… - Horreur ! - ) → L’oxymore « Rossignol de la boue » suggère un embourbement dans ce que Baudelaire appelle « la frange » ou « les miasmes sordides » de l’existence. Le poète ( Rossignol ) est voué au malheur, à la honte ( il reste dans la boue ). Cependant, la boue évoque le pouvoir du poète, lorsque l’on pense au vers de Baudelaire, « tu m’as donné la boue et j’en ai fait de l’or ». Le mot « Horreur » marque une gradation par rapport à « peur », ce qui accentue le dégoût ressenti par la femme.
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