Un corps mangé de vers, Jean Baptiste Chassignet
Commentaire d'oeuvre : Un corps mangé de vers, Jean Baptiste Chassignet. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Tomily002 • 28 Juin 2017 • Commentaire d'oeuvre • 1 529 Mots (7 Pages) • 10 128 Vues
Un corps mangé de vers
Sa première œuvre connue a été écrite à vingt ans. Il s’agit d’un recueil de paraphrases de textes bibliques, Job ou de la fermeté. L’inspiration de Jean Baptiste Chassignet est donc essentiellement religieuse et morale. C’est un poète véritablement nourri par les textes bibliques, très influencé aussi par le courant stoïcien et par Montaigne. Sa marque propre serait le pessimisme, une foi sombre et passionnée.
Une esthétique du morbide poussée à l’extrême
A. Une mise en scène macabre
Les thèmes déroutants.
Ch. Lex.
- La mort : « mortel, charnier, mortuaire…
- La décomposit° : « mangé de vers, pourriture, glaire, décharné, dépulpé, puanteur… ». Syntaxe : préfixe privatif « de » -> ce qui enlève.
Organisat° spatiale : espace saturé par la mort & la décomposit°, plan d’ensemble : « un charnier -> un corps -> ventre -> nez -> visage… » La descript° progresse du général au particulier.
- Détails anatomiques : ch. Lex. Du corps : « os, nez, mains, visage … »
- Connecteurs spatiaux : adv. de lieu « dessous, où, ici, d’autres côtés, à l’envers, voisin… »
L’organisat° spatiale de la descript° enferme le lecteur dans une vis° circulaire qui créée une saturat° de l’espace qui donne l’impression qu’il n’y a pas d’échappatoire possible. Espace textuel saturé par la vis° macabre -> 3 strophes. Le visage est la dernière image, pourquoi ? -> signe de l’identité, reflet de l’âme.
B. Une description en hypotypose
Celle qui va contribuer à actualiser la réalité de cette scène aux yeux du lecteur. Pour rendre réel, sollicitat° des 5 sens du lecteur :
- Vue : + abondamment solliciter -> yeux
- Odorat : puanteur -> nez
- Toucher : mains, « dépulpé, décharné, ventre déchiré »
- Goût : « rongé de vers, vers goulus, mangé »
- Ouïe : « rongé, déchiré » : les allitérat° & les assonances produisent les don grouillant des vers.
L’actualisat° par le présent de l’indicatif :
- Présent de vérité générale : « tous corps enfoui sous terre sera mangé par des vers »
- Présent de descript° : délaissent
- Présent de l’énonciat°
C. Le plaisir baroque de l’écriture
- Voc recherché : v3.4 : registre de langue très soutenu. Travail de la nuance/ + paronomase
- Rythme : v3.4 : rapide au début puis + calme. Sonorité & rimes internes : v2.7.13.14 : cycle baroque, redondances & effets de style, pléonasme
- Tournures complexes : v13.14 : fonde : appui-toi
Fonde ………. Fragilité/vanité
Différent : ce qui explique le sonnet.
II. Un mémento mori
Un genre qui va évaluer, date de l’antiquité & on le trouve dans les Odes d’Horace -> le rappel de la fragilité humaine.
Une Épicure (Carpe Diem) : rappel à l’homme qu’il va mourir, mais il doit jouir des plaisirs. Morale chrétienne qui rappelle à l’homme qu’il est mortel, que la vie n’est qu’un passage. Ce concentrer sur la vie à venir.
A. Une torture physique & morale
- Morale : travail de dénigrement. Le 1er mot du 1er vers : « mortel », on désigne le lecteur, l’auteur va superposer le lecteur avec que qu’il l’attend après. L’auteur s’adresse à l’homme avec l’impératif (« pense, fonde ») avec des pronoms personnels (« ta, te ») -> intimité qui ne laisse pas d’échappatoire à l’homme, c’est l’homme qui est en train de pourrir sous ses propres yeux, spectateur de sa propre décomposit°. Martèlement de l’horreur : répétit° de son, pléonasme & redondances -> contag° pas contiguïté (près de) -> effet de fustrat° : décevoir le lecteur de ses attentes.
(1er vers : créé une attente agréable. 2ème vers : 1er hémistiche : pléonasme, on comprend quel est le sujet du poète)
- Physique : préfixes privatifs + ch. lex de l’abandon, voc de l’éphémère -> tout va se terminer. Dans l’ensemble du sonnet, le préfixe privatif vient, petit à petit enlever les partis du corps : la chair (les organes sensoriels disparaissent, les mains, les yeux -> perte de la vue qui même à la vue de la conscience, le ventre -> plaisir de la gourmandise réservée au vers, la gourmandise, péché capital, le nez : plaisir de l’odorat -> puanteur) & le visage (c’est le dernier atteint dans cette torture physique, comme cette représentat° avilie par l’usage des plaisirs terrestres).
B. Un rappel à Dieu
- Désespoir & avenir : le sonnet respect le cycle de la nature : manger & être mangé. L’homme est représenté comme une des maillons de la vie, dont il est une partie. Voc de la nourriture.
- Opposit° entre le corps terrestre & le corps céleste : il reste + rien dans le dernier tercet, l’horreur a disparu. « Fragilité » va résumer l’ensemble des organes qui ont disparus. « Savant & sage » : science/religion/philosophie : not° abstraites.
Conclusion :
La forme du sonnet ramassé & construite ce prête à la construct° d’un discours argumentatif : à travers une démonstrat° par l’exemple, Chassignet démontre qu’il n’est pas d’autres sens à l’existence humaine, que celui qui se fonde en Dieu.
Quand vous serez bien vielle
Amorce : Si la poésie lyrique peut permettre l’expression du sentiment amoureux ou la description de la passion, elle peut aussi être le lieu d’un discours de la séduction.Présentation et situation du texte : Ainsi, Pierre de Ronsard, poète de la Pléiade, s’efforce-t-il dans le sonnet XLIII du recueil Sonnets pour Hélène, publié en 1578, de persuader sa Belle, Hélène de Surgères, de répondre à ses avances et de lui offrir ses grâces. Il renouvelle pour ce faire le topos du carpe diem horatien.
I. Originalité de la demande amoureuse
1. Une image peu flatteuse de la femme courtisée
- Nombreux verbes au futur : Ronsard dépeint ce que sera Hélène quand elle sera vieille.
- Insistance sur la vieillesse : « bien vieille » -> cruauté du poète de présenter de cette façon la jeune femme.
- Beauté qui apparaît seulement à l'imparfait : passé.
- L'attitude d'Hélène face à Ronsard est regrettée (dédain face à l'amour offert).
- Vieillesse faite de souvenirs mélancoliques, Ronsard met Hélène dans sa situation future.
- Hélène est occupée par des tâches ménagères peu nobles « dévidant et filant ».
- De nombreux participes présents pour évoquer le caractère long et monotone des activités de Hélène quand elle sera vieille. L'assonance en [an], particulièrement audible dans le premier quatrain, ralentit la lectudre du poème montrant ainsi la monotonie de la vie d'Hélène.
2. La précision de la scène
- Circonstances : « au soir, à la chandelle ». Le soir évoque la fin de la vie d'Hélène au même titre que la fin de la journée.
- Évolution vers la familiarité « bien vieille » -> « une vieille » caractéristique unique.
- « Assise » -> « accroupie » : écho entre les vers.
- Rythme rapide remplace rythme cadencé.
- Seule avec une vie monotone (vers coupés à l'hémistiche, vie réglée).
3. La nostalgie
- thème de la fuite du temps.
- Sa beauté n'est pas énoncée au présent pour renforcer son caractère fugitif et donner à la poésie un caractère obligatoire.
- « belle » rime avec « chandelle » -> même caractère éphémère, et fragile.
4. Une image flatteuse du poète
- Ronsard est présent autant qu'Hélène en terme de nombre de vers.
- Présenté mort et non dans la vieillesse, mais très présent dans le poème grâce aux pronoms personnels à la première personne (je, mon…).
- Son nom est cité 2 fois contrairement à Hélène.
- Hélène est mise en valeur par la célébrité de Ronsard, on retrouve son orgueil.
- Référence à la mythologie grecque « ombres myrteux ».
-> Caractère narcissique du poète.
II. La célébration de la poésie
1. Une invitation au carpe diem
- Contrairement à bien des poésies, celle-ci peut s'interpréter comme une invitation à profiter de l'instant présent (carpe diem). Ainsi le dernier tercet apparaît comme une sorte de morale.
- Injonctions à profiter des instants présents, et donc implicitement à céder aux avances de Ronsard : « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ». Invitation à cueillir « les roses de la vie » = céder à la demande amoureuse de Ronsard, car sinon Hélène le regrettera quand elle sera vieille.
- La rose est le symbole de la beauté de laquelle il faut profiter : très belle, puis elle se fane rapidement.
2. Une mort très douce du poète
- Il apparait comme un fantôme encore au cœur des mémoires tandis qu'Hélène est « accroupie ».
- Tout le monde pense encore à lui « Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle… qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant ».
3. L'éloge de sa poésie
- Ronsard fait l'éloge de sa poésie : « chantant mes vers », « émerveillant ».
- Hélène sera louangée par les servantes uniquement parce qu'elle aura fait l'objet d'une poésie de Ronsard.
- Ainsi grâce à la poésie de Ronsard, Hélène accède à une sorte d'immortalité. « belle », dernier mot du premier quatrain, rime avec « immortelle » dernier mot du second quatrain. Par leur position, ces deux mots sont mis en exergue.
Conclusion
Dans ce sonnet Quand vous serez bien vieille, Ronsard utilise une stratégie de séduction originale par un portrait peu élogieux d'Hélène, le poète tente de la séduire. Il en profite pour faire son propre éloge, afin de convaincre Hélène.
Paradoxalement, dans cette poésie dans laquelle Ronsard souligne le caractère éphémère de la beauté de Hélène, il immortalise Hélène grâce à la poésie.
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