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Victor Hugo (1802-1885), « J'aime l'araignée », Les Contemplations, Livre III, « Les luttes et les rêves », XXVII (1856)

Cours : Victor Hugo (1802-1885), « J'aime l'araignée », Les Contemplations, Livre III, « Les luttes et les rêves », XXVII (1856). Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  7 Mai 2022  •  Cours  •  1 718 Mots (7 Pages)  •  712 Vues

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LECTURE LINEAIRE :

Texte 19 : Victor Hugo (1802-1885), « J'aime l'araignée », Les Contemplations, Livre III, « Les luttes et les rêves », XXVII (1856).

INTRODUCTON

  1. Victor Hugo, (1802 – 1885)  est un poète, dramaturge romantique considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a joué un rôle majeur dans l’histoire du XIXe siècle. Opposant à Napoleon II, c’est lors de son exil qu’il publie son oeuvre : Les Contemplations, publiée en 1856.

C’est un ouvrage à dimension autobiographique où il tente de faire le deuil de sa fille Léopoldine tout en dénonçant la misère sociale.

  1. Ce poème issu du livre III « Les Luttes et les Rêves »

Il s'agit d'un poème composé de 7 quatrains (= 28 vers)  composé d'une alternance de décasyllabes : "J'aime l'araignée et j'aime l'ortie" et de pentasyllabes (5 syllabes) :  "Parce qu'on les hait",  aux rimes croisées ou alternées (abab)

Victor Hugo réhabilite dans ce poème un animal (l'araignée) et un végétal (l'ortie) généralement méprisés, dans lequel le poète fait l’éloge de la laideur.

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             LECTURE EXPRESSIVE DU TEXTE

  1. PROBLÉMATIQUE : Mais comment Victor Hugo, en exprimant une compassion paradoxale à l’égard de ces créatures, invite-t-il le lecteur à adopter une nouvelle vision de l’araignée et de l’ortie ?

Nous répondrons à cette question en nous concentrant tout d’abord sur l’expression de l’éloge paradoxal que dresse le poète de ces deux êtres rejetés, mal aimés ; puis en étudiant la manière avec laquelle il tente de convaincre le lecteur de les percevoir autrement, eux et tous ceux qui, pour lui, sont victimes de préjugés dans une société frappée d’inégalité.

  1. L’amour du poète pour ces 2 êtres et les raisons de cet amour

(strophe 1 à 4)

Strophe 1 :

V. 1 : Le poème s’ouvre sur une double déclaration d’amour surprenante : « J’aimel’araignée et j’aimel’ortie » Association animal / végétal, mise sur le même plan cf parallélisme

Anaphore du verbe aimer = effet d’insistance, volonté de convaincre.

V. 2 : raison de cet amour (cf locution conjonctive de cause) qui constitue un paradoxe : « Parce qu’on les hait » Paradoxe  (cause de cet amour dans le rejet des autres) que tt le poème va expliquer et qui provoque la surprise.  Noter la double antithèse : aime / hait et je / on (= opinion commune)

V. 3 et 4 : coordination qui relie une deuxième cause (et que) énoncée dans un nouveau parallélisme :  « Et que rien n’exauce et que tout châtie » Nouvelles antithèses : rien / toutet exauce / châtie et présent de vérité générale : triste sort commun réservé à ces deux êtres.

Personnification (cf souhait) qui renforce l’aspect pathétique de ces êtres (morne) qui apparaissent comme des victimes. Appel, ouverture dans la dernière strophe.

NB Alternance de décasyllabes et de pentasyllabes : volonté d’associer laid et beau, harmonieux et disharmonieux et une impression d’inégalité. Ouverture provocatrice sur le plan du fond, du contenu comme de la forme.

Dans cette première strophe, VH déclare son amour et se porte défenseurs de ces êtres vile en s’opposant à l’opinion publique.

 

Strophe 2 :

 

Strophe qui débute (comme ttes celles qui suivent dans le premier mouvement) par : parce que répété à chaque fois au vers 3 de chaque quatrain. Anaphore « parceque » = effet d’insistance.

L’araignée et l’ortie sont présentées comme des victimes :

Portrait péjoratif :  

adjectifs : « maudites (condamnation inéluctable), chétives » (laideur qui entraîne la répulsion, le dégoût, la terreur)) 

« noirs êtres rampants » : vision d’êtres maléfiques, sataniques (image du serpent)

+ allitération en r, accentue le sentiment de dégout.

+ GN : « tristes captives » : l’araignée utilise sa toile pour piéger sa proie, l’ortie piège le promeneur au moindre contact  mais ici Hugo les présente comme victimes elles-mêmes de leurs pièges, enfermées dans l’image qu’on se fait d’elles. Nouvel argument de défense v7-8 effet de compassion.

Prisonnieres d’une existence misérable.

NB assonance en i

NB personnification (chétives, captives) qui renforce le sentiment de compassion pour ces êtres fragiles

-> Insistance donc sur leur malheur et leur statut de victimes : volonté de redorer le blason de ces deuc éléments disgracieux.

 

Strophe 3 :

Même  idée de piège qui se referme sur elles, prisonnières de leur propre image de leur « œuvre » = toile de l’araignée et feuilles urticantes de l’ortie.

Mais il s’agit également d’une métaphore désignant le poète lui-même, enfermé dans son œuvre comme dans une toile.

S’ajoute ici la notion de fatalité, de destin : elles sont condamnées à ne pouvoir s’échapper de l’image négative qui leur est attachée.

Cf « ô sort » (Ô lyrique qui souligne cette dimension tragique), « Fatals nœuds »

+ exclamatives qui traduisent la douleur et l’indignation face à cette fatalité qui s’acharne contre ces êtres.

 Victor Hugo affirme qu’il se sent fraternel de ces créatures. Il se reconnaît dans leur condition douloureuse, comme l’expriment les exclamations solennelles du vers 10 qui témoignent de sa compassion : « Ô sort! fatals nœuds!».

 

Vers 11 et 12 : Noter l’animalisation de l’ortie en couleuvre (Couleuvre = aspect dangereux (reptile) mais animal inoffensif) : rapprochement végétal / animal qui introduit un élargissement du propos. 

Noter aussi la personnification de l’araignée en « gueux » : introduit l’idée de marginalité, de malheur. Personnification qui renforce la notion de compassion.

(gueux = misérables, individus au plus bas de l’échelle sociale. Rapprochement cette fois avec les individus misérables méprisés dans la société. )

Nb rime « nœuds » / « gueux » : lie ces 2 notions que sont la fatalité et la misère sociale.

-> A travers l’araignée et l’ortie, ce sont donc tous les réprouvés (dont l’artiste, les pauvres) qui sont évoqués.

 

Strophe 4 :

Dernière strophe de ce premier mouvement à mettre en relation avec la première où l’araignée et l’ortie étaient présentées comme objets de « haine » (vers 2) : elles sont devenues ici des « victimes » (vers 15). Renversement : de la haine à la compassion. 

Image des Enfers à travers « ombre des abîmes », « sombre nuit » 

  1. Le message du poète et invitation à l’amour

Strophe 5 :

Rupture marquée dans le poème : VH s’adresse au lecteur directement et l’apostrophe par l’expression « Passants, » qui établit une relation de confiance entre le narrateur et le lecteur. Pluriel qui nous implique dans le poème.

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