A une passante, Baudelaire
Commentaire de texte : A une passante, Baudelaire. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar yatsome • 14 Mars 2025 • Commentaire de texte • 1 459 Mots (6 Pages) • 25 Vues
TEXTE 10 : « A une passante », Les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », Baudelaire, 1857.
INTRO :
- Baudelaire, poète de la modernité, publie son recueil Les Fleurs du mal en 1857.
- Il n’appartient à aucun mouvement en particulier, il expérimente et mêle le romantisme, le Parnasse et le symbolisme.
- Il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet et popularise le poème en prose.
- Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept du Spleen (mélancolie et humeur dépressive)
- Le poème « A une passante » est un sonnet traditionnel qui propose une vision idéalisée de la femme. Ainsi, il boit un verre à la terrasse d’un café et observe une belle femme passer. Cet événement le transforme et lui procure un bouillonnement de sensations et d’émotions.
- Lecture de l’extrait.
- Pbtique : nous verrons comment à travers ce sonnet, Baudelaire nous livre son idéal féminin.
- Annonce de plan :
- 1er mouvement : Vers 1 à 5 de « la rue assourdissante » à « jambe de statue » : la description de la passante.
- 2ème mouvement : Vers 6 à 11 de « Moi, je buvais » à « dans l’éternité ? » : l’explosion des sensations et des émotions.
- 3ème mouvement : Vers 12 à 14 de « Ailleurs » à « Qui le savais ! » : La chute et le désespoir.
1er mouvement : Vers 1 à 5 de « la rue assourdissante » à « jambe de statue » : la description de la passante.
- V1 : « la rue » pose le décor, le cadre. « autour de moi » indique que nous avons affaire à un poème lyrique avec l’emploi de la 1ère personne.
- On ressent une impression de désordre et de violence à cause du bruit avec l’hyperbole et personnification « hurlait » qui, employées à l’imparfait donne une dimension qui dure et qui accentue l’aspect désagréable de ce bruit.
- => Ainsi, le poète est seul « autour de moi » comme étranger par rapport à l’environnement « la rue ».
- V2 : on passe d’un cadre urbain oppressant à une apparition extraordinaire, celle de la passante. Décrite physiquement d’abord avec une accumulation d’adjectifs « longue, mince » ensuite moralement avec une accumulation de groupes nominaux « en grand deuil, douleur majestueuse ». L’apparence sombre de la femme, sa douleur digne séduit le poète comme en témoigne le lexique mélioratif utilisé.
- V3 : le début du vers « Une femme passa » fait écho au titre « A une passante ». Le passé simple évoque la rapidité du mouvement. La description continue avec « d’une main fastueuse ». Le regard du poète se fait plus précis passant de la silhouette, à l’attitude, il finit par la main. Certainement qu’elle appartient à un rang social élevé tant elle est élégante. Les rimes très riches « majestueuses »/ « fastueuse » rend compte de la richesse de cette femme à tous les niveaux.
- V4 : le mouvement se poursuit avec un rythme ternaire « soulevant / balançant/ le feston/ et l’ourlet » rappelant la démarche de la femme qui semble suivre le rythme de la valse traduisant encore l’élégance de cette femme et annonçant déjà l’enivrement du poète provoqué par cette vision.
- L’allitération en (S) de ce quatrain « mince »/ « majestueuse »/ « passa »/ « fastueuse »/ « soulevant »/ « balançant »/ « feston » mime le bruit du froissement de la robe et révèle aussi toute la sensualité froide qui se dégage de cette femme.
- V5 : Les deux adjectifs mélioratifs « agile »/ « noble » résument l’impression globale que donne la femme. La description se termine avec une comparaison à une statue. Le poète est subjugué par la perfection de cette femme qui l’assimile à une d’œuvre d’art.
2ème mouvement : Vers 6 à 11 de « Moi, je buvais » à « dans l’éternité ? » : l’explosion des sensations et des émotions.
- V6 : Les vers suivants sont centrés sur Baudelaire comme en témoigne la forme emphatique « Moi » accentuée par la répétition de la 1ère pers « je ».
- La comparaison « crispé comme un extravagant » souligne l’opposition entre la femme en mouvement et le poète pétrifié, médusé, tétanisé. L’emploi de l’adjectif « extravagant » traduit cette explosion des sensations intérieures qui le sidère.
- V7 : le thème du regard apparaît. Le poète regarde ses yeux « dans ses yeux » que l’on devine bleus clairs avec la périphrase « ciel livide » et qui connote aussi un regard froid et distant par le choix de l’adjectif « livide ».
- L’antithèse « ciel livide » / « ouragan » révèle le caractère ambivalent de la femme selon le poète. En effet, derrière l’apparence contenue et maîtrisée, la passante paraît être un volcan d’émotions et de passions.
- V8 : cette ambivalence évoquée juste avant se révèle encore plus nettement dans ce vers où l’on trouve un parallélisme de construction avec 2 propositions subordonnées relatives « La douceur qui fascine/ le plaisir qui tue », une antithèse avec « plaisir »/ « tue ».
- => La passante, la femme en général est donc synonyme de douceur mais aussi de souffrance.
- V9 : le 1er tercet débute par un bouleversement « un éclair ». Le mot est évocateur. C’est une métaphore qui traduit la foudre et donc le « coup de foudre ». La vue de cette femme a éclairé un instant le poète mais les points de suspension annonce déjà « la nuit », c’est-à-dire la fin de tout espoir. L’adjectif « fugitive » accentue la fugacité (la vitesse) de l’événement.
- V10 : l’immédiateté et le caractère éphémère de la rencontre est de nouveau visible avec l’adverbe « soudainement ». « le regard » renvoie à la précédente strophe et évoque l’espoir avec l’emploi du verbe « renaître », de ne plus être seul dans cette « rue assourdissante ».
- Or le V11 mettra fin à cet espoir. La question « Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? » est rhétorique, il sait qu’il ne la reverra plus. Le terme « éternité » est une hyperbole et une métonymie qui désigne la mort. Le ton est plaintif et traduit le désespoir du poète.
3ème mouvement : Vers 12 à 14 de « Ailleurs » à « Qui le savais ! » : La chute et le désespoir.
- V12 : l’accumulation de phrases exclamatives et adverbiales « Ailleurs, bien loin d’ici ! Trop tard ! Jamais peut-être ! » donne un rythme saccadé et rend compte du désespoir du poète. Il est conscient que cet amour est impossible et qu’il n’a d’ailleurs jamais commencé. Le temps « trop tard »/ « jamais » et l’espace « ailleurs »/ « loin » les séparent à jamais.
- V13 : le parallélisme construit une fausse proximité « j’ignore où tu fuis / tu ne sais où je vais », il la tutoie alors qu’il ne la connaît pas. Elle ne fuit pas en réalité, elle ne fait que passer puisque c’est une passante. Quant à lui, il ne va nulle part, il est assis à une terrasse de café. La rencontre n’a pas eu lieu, c’est son imagination qui l’a créée. Le chiasme des pronoms « je « et « tu » dans « j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais » mime la séparation définitive.
- V14 : il finit son poème avec un ton tragique avec le « O » lyrique, le point d’exclamation et l’emploi du conditionnel passé et ose même émettre une critique de la femme qui, selon lui a compris ses attentes et l’a dédaigné. Or c’est Baudelaire lui-même qui a construit la relation, il l’a rêvée et fantasmée mais elle n’a jamais existé.
CONCLUSION :
Ce sonnet traite de la fascination et du Spleen du poète face à la beauté parfaite et froide d’une femme. Baudelaire crée une situation extraordinaire comme si l’amour venait de le frapper. Il idéalise une femme qui passe pour raconter ses attentes, pour décrire la femme qu’il aime. Or cette femme n’est qu’une projection et une construction mentale. A travers ce sonnet, on comprend sa vision de la femme : belle et froide, proche et inaccessible. On pourrait très bien le rapprocher du poème « Une allée du Luxembourg » issu du recueil Odelettes de Gérard de Nerval dans lequel il parle aussi d’une magnifique jeune fille qui passe … et dans lequel on retrouve aussi les thèmes de la beauté, de la solitude, du coup de foudre et de la nuit.
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