Amphitryon, Molière, acte I, scène 2

Lecture analytique n°6 - Amphitryon Molière, acte I, scène 2

→ dans quelle mesure cette scène se rattache-t-elle à la notion de théâtre dans la théâtre ?

1 - Au premier abord, cette scène apparaît surtout comme une scène comique traditionnelle, venue de l'Antiquité, plus que comme une scène de théâtre dans le théâtre

1) le comique de situation

a - une situation dramatique reprise à Plaute

Sosie, comme chez Plaute, est empêché de rentrer chez lui par Mercure qui prétend être le vrai Sosie, défendant son maître. Or, dans le hors-scène, Alcmène est à son insu dans les bras de Zeus → scène de confrontation directe où deux personnages sont seuls sur scène avec deux tirades qui se répondent.

→ cette reprise est classique (Molière a aussi reprit l'Avare) → on peut, au sens très large, parler de théâtre dans le théâtre → reprise de réplique (citations) → Plaute est dans Molière. C'est une forme d'intertextualité (l'auteur cite un autre auteur)

b - une situation fondée sur un rapport de force

Le spectateur a une longueur d'avance sur Sosie et sait aussi que le « faux » est un Dieu → combat dont l'issue est connue d'avance : un mortel ne peut pas battre un Dieu

→ Molière en fait une situation comique

*lère tirade: Sosie se défend avec des questions rhétoriques et des affirmations (1.1) +

impératif → Sosie s'arc-boute sur son identité → affirmations et injonctions → force

allitérations en [s] (1.2, 26)

interronégative qui se conclut par des interjections : il multiplie les arguments

*2ème tirade: Mercure s'impose par l'interjection « arrête» qui répond à l'impératif de

Sosie → il répond par une menace très concrète de coups (comique de force).

Accumulation de justification, de contre arguments → répond par plusieurs exclamatives forme emphatique (procédé qui permet de mettre en valeur des mots dans le texte) → c'est moi qui → progression de la versification: alexandrin → octosyllabe détails de plus en plus intimes (famille de Sosie)

→ Mercure répond par une longue phrase à l'inverse de Sosie qui répond par plein de phrase

Mercure est fort / Sosie est faible, fragile

c - des procédés propre au théâtre qui renforcent ce comique de situation

→ comique de farce : menace des coups

→ l'aparté final → passe de « tu » à « il », renonce à s'adresser à Mercure et s'adresse à lui-même et aux spectateurs

La scène se rapproche du théâtre dans la théâtre par la situation comique

2) le comique de caractère, appuyé sur le comique de mots

a - Sosie

valet : personnage type d'un comédie : 2 types → valet pugnace

→ valet poltron, lâche, peureux

Sosie est un valet poltron qui reconnaît sa lâcheté mais qui en fait un argument parle de lui comme « misérable »(1.25) → hyperbole « ta furie » (1.21) → accentue son côté peureux → contraire d'un héros: problèmes conjugaux → octosyllabe (rapide - 1.40)

personnage pas recommandable (problèmes avec la justice) + euphémisme (étrivière)

« sans en avoir jamais dit rien »(1.42) → honte → ironie (1.24) → « ciel » = Dieu = Mercure

b - Mercure

caractère opposé à celui de Sosie mais ce sont les mêmes sur scène → utilise un langage noble et soutenu : preuve de son assurance, au contraire de Sosie → langage tragique : courroux (1.28) → il reprend les arguments de Sosie avec un langage soutenu « commis à venir en ces lieux » (Sosie, 1.11) → « Amphitryon députe vers Alcmène » (1.31) « un récit » (1.14) → 1.33-34 → tragédie, mots nobles son persiflage (=se moquer de) + ironie finale dans dernier vers « trop homme de bien » (1.44)

Il - Mais cette scène est aussi une scène baroque qui utilise le jeu de théâtre dans la théâtre et nous fait aussi réfléchir sur le théâtre

1) le théâtre dans la théâtre

En fond de scène maison d'Amphitryon → lieu devant lequel ils joutent + acteurs et spectateurs

Mercure était A comédien déguisé de cette scène, qui prend l'identité d'un autre le temps de son spectacle

Sous le double regard de Sosie et des spectateurs Mercure représente exactement Sosie : « je vois qu'il a de moi taille, mine, action » (I. 50) → souligne la ressemblance absolue

→ Molière souligne cette ressemblance grâce à la diérèse « acti-ion » → mettre l'action sur le mot + assonance en al

*spectateur : Sosie qui voudrait bien agir mais est contraint au rôle de spectateur par Mercure → champ