Amphytrion 38 - jean giraudoux
Commentaire de texte : Amphytrion 38 - jean giraudoux. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Emma Dvt • 3 Novembre 2016 • Commentaire de texte • 1 204 Mots (5 Pages) • 1 768 Vues
Commentaire
La légende d’Amphitryon, a suscité l’intérêt de beaucoup de dramaturges, tels que Molière ou Plaute et a été soumis à de nombreuses réécritures. Jean Giraudoux (1882-1944), lui aussi s’est inspiré du mythe d’Amphitryon pour en faire une pièce de théâtre intitulée : « Amphitryon 38 » (Selon lui, il aurait écrit la trente-huitième version d’Amphitryon.) L’extrait étudié est la première scène du troisième acte « d’Amphitryon 38 », scène où est révélée que l’usurpateur de l’identité d’Amphitryon est Jupiter qui, sous les traits du mari d’Alcmène, a passé une nuit avec elle. En quoi l’argumentation de la voix céleste, cache elle une critique de la société ? Dans un premier temps, nous allons nous pencher sur l’argumentation de la voix céleste avant d’aborder, dans une deuxième partie, la critique que Giraudoux fait de la société.
La voix céleste est une sorte d’oracle qui prédit les futurs exploits d’Hercule, pour impressionner la foule et Alcmène, et convaincre cette-dernière de céder aux avances de Jupiter : « Ô Thébains, le minotaure à peine tué, un dragon s’installe aux portes de votre ville » (l.26-27). Cependant, si la foule boit ses paroles : « Tais-toi ! La voix parle ! » (l.45) et écoute ces récits qui les tiennent « pantelants » (l.23), la voix céleste se trompe dans ses prédictions notamment en disant qu’Hercule va tuer le minotaure ce qui est faux puisque dans la mythologie, Thésée tue le minotaure ou encore en disant que « d’un arc à trente cordes » il percera « les trente têtes » (l.3-32) ce qui est également une erreur puisque c’est avec des flèches enflammées qu’Hercule va vaincre l’Hydre de Lerne. Ces erreurs montrent au lecteur averti que la voix céleste essaie d’impressionner par tous les moyens la foule pour pouvoir convaincre Alcmène. En effet, la pression sociale pourrait bien faire céder Alcmène qui est prise par les sentiments. La voix céleste, après avoir tenté de la convaincre par des prédictions impressionnantes, ne tarit pas d’éloges sur son futur fils et tente de séduire son instinct maternel car il « sait combien » elle « désire d’enfants » (l.36). Elle lui dresse donc le portrait d’Hercule pour qu’elle « se prenne à l’aimer et se laisse convaincre » (l.39). La voix fait appel à la raison d’Alcmène en lui faisant comprendre que le destin de son peuple est entre ses mains. Le registre pathétique : « Pauvre maîtresse ! » (l.40) accentue le fait qu’Alcmène est « oppressée » (l.40) par la pression sociale et qu’elle est consciente que tout repose sur ses épaules. L’hyperbole de Hercule : « ce fils gigantesque » (l.41) montre à quel point ce dernier est appelé à faire de grandes choses. Les rôles entre Alcmène et son futur fils sont inversés puisque « c’est lui qui la contient comme un enfant » (l.41-42). Cela prédit que son nom sera tellement grand qu’il effacera complètement celui de sa mère. Le trompette prouve une nouvelle fois que, la foule étant témoin, Alcmène n’a finalement pas le choix : « L’émoi d’Alcmène en serait accru » (l.44) La relation directe entre les dieux et les hommes est prouvée par la prise en compte du conseil du trompette : « À la place de Jupiter, je ferais parler Hercule lui-même » (l.43-44) par la voix céleste qui continu la persuasion d’Alcmène en faisant parler son fils, qui n’est qu’une projection du futur, directement. Hercule se décrit physiquement comme ayant « le ventre poli, le poil frisé » (l. 46-47) de Jupiter. Cette comparaison avec son père met en avant les atouts physiques de ce dernier pour qu’Alcmène soit charmée. La voix céleste termine son argumentation par la voix d’Hercule qui flatte sa mère en lui décrivant son « tendre et loyal regard » (l.51). Ces compliments ont pour but d’amadouer Alcmène.
Si l’argumentation de la voix céleste a pour but de convaincre Alcmène, cette scène cache une critique de la société de la part de Jean Giraudoux.
En effet, durant toute la scène, la société est critiquée par le dramaturge. Au début du texte, se trouve déjà une rivalité apparente entre Ecclissé et son mari Sosie : « Silence, te dis-je, écoute ! » (l.1). Les mots de ce début de dialogue sont souvent répétés mais tournés de sorte à ce qu’ils soient à l’avantage du personnage qui parle : « silence » (l.1-2) ; « inconnu » (l.5-6). C’est Sosie qui a le pouvoir dans cette scène de ménage puisqu’il interrompt sa femme à chaque fois et remet ses paroles en question. Cette dominance masculine est, de la part de l’auteur, une critique des inégalités homme-femme. La foule elle, est tournée au ridicule par le comique de répétition que provoque les onomatopées fréquents : « Oh ! Oh ! Oh ! » (l.29), qui sont, d’ailleurs, les seules paroles prononcées par cette dernière. Ces onomatopées montrent que la masse est totalement naïve et croit tout ce que la voix céleste lui prédit. Plus que naïve, elle est même admirative comme nous le montrent les nombreux points d’exclamation. Cette foule, qui « est massée au pied du palais » (l.18-19) montre l’importance des dieux pour ce peuple. La victoire des officiers par exemple est attribuée par la foule à Jupiter lui-même : « Soldats et Officiers ne peuvent attribuer qu’à cet heureux évènement notre victoire rapide » (l. 9-10). Tout dans ce texte est rapport au divin. L’ordre donné sèchement par Sosie : « tais-toi ! La voix parle ! » (l.45), montre à quel point une voix céleste à de l’influence sur la masse. Une voix sortie de nulle part à plus d’importance qu’un être humain. Sosie est le croyant « type », tourné en ridicule par Giraudoux, pour à travers lui, critiquer une société influençable par la maîtrise de la rhétorique et de belles promesses. Le vers qui montre l’aveuglement de Sosie, représentant le peuple est le vers ligne 56 : « Couper la parole à une voix céleste, elle exagère ! ». Les derniers vers sont péjoratifs et semblent indiquer la suite du texte. La « figure d’enterrement » et l’ « air maussade » (l.58-59) ne présagent rien de bon. À travers cet extrait, Jean Giraudoux critique la montée du fascisme des années 30 (la pièce ayant été écrite en 1929), et surtout les personnes qui se laissent aisément duper par de belles paroles sans fondements.
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