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Analyse linéaire Incipit de l'étranger de Camus

Commentaire d'oeuvre : Analyse linéaire Incipit de l'étranger de Camus. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  24 Avril 2025  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 902 Mots (8 Pages)  •  5 Vues

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L’étranger – incipit

        Albert Camus, 1942, XXème siècle

Introduction :

Camus écrit l’Etranger en 1942, en pleine WW2. Cette œuvre sera marquée par cette guerre et le sentiment de l’absurdité du monde et du besoin de révolte face aux crimes commis par l’homme. Ce roman fait partie du « Cycle de l’absurde » qui transpose en roman la philosophie de l’absurde de Camus. Pour lui, l’existence n’a pas de sens et seuls la fatalité et le hasard guident nos pas.

L’Etranger est un roman en deux parties construit autour de trois morts (la mère, l’Arabe et Meursault). C’est pourquoi le héros Meursault se contente de décrire les évènements de manière distante et détachée, même la mort de sa mère dès l’incipit.    (Problématique – Lecture – Plan)

Plan:

  1. Un incipit à la fois traditionnel et déroutant

  1. Des caractéristiques classiques
  2. Son originalité : un décalage entre contenu et style

  1. Un personnage atypique
  1. En apparence complètement détaché
  2. Mais un personnage en réalité complexe
  1. Un personnage à condamner ?
  1. Une situation d’énonciation entre journal intime et compte rendu
  2. Les indices de l’attachement à sa mère

Conclusion:

C’est un personnage très ambigu qui est présenté dans cet incipit. Il semble très froid mais par certains indices, parait affecté par le décès

Ce début de roman annonce déjà le procès où l’incompréhension du jury sera à la hauteur de celle du lecteur face au comportement de Meursault dans l’incipit.

Dès celui-ci, le titre du roman prend son sens : Meursault est étranger au monde (il ne mesure pas la portée des évènements) et étranger à lui-même puisqu’il ne peut formuler ce qu’il ressent. C’est donc un début de roman …. Etrange.

Ouvertures:   . Dans l’Etranger : le meurtre de l’Arabe ou la fin du roman (montrer le renvoi entre l’incipit et le reste du texte)

. Le mythe de Sisyphe dont le début commence volontairement par des phrases sèches et provocantes sur le suicide.

Développement:

I – Un incipit à la fois traditionnel et déroutant.

L’incipit d’un roman a pour fonction de décrire le cadre spatio-temporel, il permet au lecteur d’être séduit et d’entrer dans l’histoire. Il définit le genre du roman. Cet incipit est à la fois traditionnel et déroutant.

  1. Des caractéristiques classiques.

Les premières lignes de l’incipit nous donnent un cadre spatio-temporel précis.

Des indications temporelles dès les le début : « Aujourd’hui », « demain », « à deux heures », « demain soir », « après-demain » … Elles sont nombreuses mais ne nous renseignent pas précisément sur la date des faits ni même la période. Le moment de l’énonciation change au fur et à mesure du texte.

Au 2ème paragraphe, nous apprenons que le narrateur se trouve à « Alger », à « quatre-vingts kilomètres » de « Marengo », endroit où sa mère est décédée.

Par ailleurs, cet incipit in medias res nous informe sur l’élément déclenchant l’histoire : la mort de la mère du narrateur. Nous apprenons qu’il va partir à Marengo pour l’enterrement de cette dernière suite à la réception d’un télégramme. Nous entrons donc au cœur de l’action.

  1. Son originalité : un décalage entre contenu et style.

L’incipit devient déroutant. Il est écrit à la 1ère personne, en focalisation interne. Le narrateur est donc personnellement concerné par les évènements (le décès de sa mère). Mais on remarque que le texte est marqué par l’absence totale d’un lexique psychologique, aucune émotion, aucun sentiment de la part du narrateur. Dans le passage, seul le mot « étourdi » entre dans le lexique mais c’est par la montée d’un escalier.

Le narrateur ne décrit aucun des personnages, des lieux et n’explique pas les évènements. Il évoque les prénoms des proches comme si nous les connaissions ou plutôt comme si le lecteur n’avait aucune importance.

Le texte est écrit à l’aide de phrases très simples (sujet – verbe – complément), et déclaratives, rappelant la forme des télégrammes. Il n’y a aucune mise en relief, aucune hyperbole. Dans cet extrait, il y a de nombreux passages informatifs et laconiques : « j’ai pris l’autobus à deux heures », « il faisait très chaud », « j’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. »

Camus utilise des propos d’une grande banalité. Il prend la peine de relever des détails et d’expliquer avec plusieurs arguments pourquoi il s’est endormi …. Mais à aucun moment ne transparait un sentiment de tristesse. Ces phrases courtes et banales contrastent avec la gravité de l’événement et cette originalité de narration joue le rôle d’accroche et intrigue le lecteur.

La bizarrerie de Meursault, son comportement, tout cela dérange dès les premières lignes et le lecteur se demande qui il est vraiment. Le lecteur, doit pallier les ellipses narratives sur le personnage, qui ont pour but de laisser de la place au lecteur pour s’investir dans le récit.

Tous les éléments du roman sont contenus dans cet incipit qui a une valeur proleptique.

II– Un personnage atypique.

  1. En apparence complètement détaché.

Meursault (son nom n’est pas encore cité à ce stade du récit) apparaît immédiatement comme détaché de l’événement. En surface du texte, c’est une voix sans émotion. Il n’emploie aucun euphémisme pour évoquer la mort de sa mère, ni le lieu dans lequel elle était.

A la lecture du télégramme, il décrète « Cela ne veut rien dire ». En réalité, le télégramme est très clair : sa maman est décédée. Il s’arrête à des détails « aujourd’hui » … « ou peut-être hier » mais évacue la mort de sa mère.

On a l’impression qu’il a hâte que cela soit terminé, « une affaire classée » pour que la vie reprenne son cours. Il semble bouleversé dans son quotidien. Du reste, il ne change pas ses habitudes « j’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. ». Ses rapports aux autres semblent restreints. Céleste lui répond par une lapalissade (vérité d’une évidence niaise) « on n’a qu’une mère », soulignant le manque de profondeur de leurs rapports.

La réaction de ses amis renvoie à son absence d’émotion. « Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi ». Il n’y a dans le texte aucun mot appartenant au champ lexical des sentiments sauf l’expression « sentiments distinguées » en conclusion du télégramme.

Dans tout cet extrait, Meursault apparaît comme un enfant. Il vit l’instant présent, utilise des phrases simples avec peu de connecteurs, il désigne sa mère par « maman », il fait la sieste dans le bus … il semble ne pas avoir vraiment conscience du monde qui l’entoure.

  1. Mais un personnage en réalité complexe.

En effet, sous ses airs indifférents, Meursault fait preuve de bonne volonté et se conforme aux codes de la société.

Il veut retrouver sa mère « Ainsi, je pourrai veiller … », il demande deux jours de congé à son patron et emprunte une tenue particulière pour marquer ce deuil. Il fait donc tout ce qu’on peut attendre de quelqu’un qui vient de perdre sa mère. Il veut même porter « une cravate noire et un brassard ».

Nous sentons par ailleurs la culpabilité de Meursault dans le passage relatant la conversation avec son patron « ce n’est pas de ma faute ». Il se sent obligé de se justifier même s’il le regrette juste après.

Malgré son détachement apparent et son absence d’émotion, le narrateur semble plus complexe que l’incipit veut bien nous le dévoiler.

III– Un personnage à condamner ?

  1. Une situation d’énonciation entre journal intime et compte-rendu.

L’utilisation de la 1ère personne du singulier (focalisation interne) et du passé composé donnent à ce début de roman la forme d’un journal. « j’ai reçu », « j’ai demandé ». Nous sommes sur un registre intime. Le narrateur relate les actions de sa journée selon un déroulement chronologique à l’aide de verbes d’action « j’ai pris l’autobus », « j’ai mangé », « je suis parti ». Nous découvrons donc l’histoire à travers SES mots et ce qu’IL choisit de dire, ce qui rend le lecteur dépendant du narrateur.

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