Analyse rapport dd Air France-Klm

www.airfranceklm.com/fr, rapport annuel, document de référence), nous avons décidé d’inclure dans notre périmètre d’analyse le rapport DD et le document de référence. A noter qu’une version interactive du rapport est également accessible sur le site Interrnet. Nous notons qu’il existe une version française et anglaise. Toutefois, l’existence d’une version néerlandaise n’est pas précisée. (utile ?)

Ainsi, le rapport Développement Durable est un élément essentiel de la démarche de reporting d’AF-KLM, auxquels les sites du Groupe, comme ceux des entités séparées (AF et KLM) renvoient. Le document de référence contient quant à lui de nombreuses données sociales et environnementales, ce qui nous amène à l’inclure dans notre périmètre. Le rapport annuel AF -KLM ne mentionne le terme de développement durable que 4 fois. Il ne présente aucune partie dédiée et les éléments présentés restent d’un niveau stratégique et sont peu développés. Enfin, le contenu du site Internet reprend la structure issue du rapport DD (les 5 enjeux-clés) et ne présente pas d’informations supplémentaires mais un simple résumé en quelques lignes de la démarche du Groupe. Par conséquent, nous jugeons plus pertinent de baser notre analyse sur le rapport DD du Groupe AF-KLM ainsi que sur le document de référence.

Notre analyse est structurée autour de 3 axes principaux :

* Démarche éthique ou « Greenwashing » : sommes-nous en présence d’un rapport Développement Durable ou d’un outil de Communication ? Les mauvaises nouvelles sont-elles également rapportées ? Les politiques et pratiques sont-elles en cohérence avec les valeurs du Développement Durable ? Le périmètre des indicateurs est-il large ou au contraire restreint ?

* « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre » : AF – KLM, un Groupe exemplaire ? le Groupe adopte-t-il la démarche adéquate, Cf. 22 bonnes pratiques pour améliorer durablement votre rapport annuel, édité par KPMG. Le rapport alimente-t-il la réflexion DD et RSE du Groupe, ou est-ce l’inverse ? Quelles conclusions tirer de la comparaison avec les autres entreprises(GRI) ?

* « Document miroir » : Le reporting est-il révélateur de la stratégie d’entreprise ? Communique-t-il avec d’autres éléments ? La démarche globale est-elle cohérente ? Les performances passées ont-elles des conséquences sur les objectifs futurs ?

C’est dans le but d’apporter une réponse à ces questions que nous avons construit ce rapport. Nous vous invitons à en prendre connaissance dans les pages suivantes.

I – Démarche éthique ou « Greenwashing »

Il s’agit de savoir si nous sommes en présence d’un reporting développement durable ou d’un outil de communication. Déjà dit = place à gagner

Respect apparent des obligations légales

Si l’on déchiffre l’article 53 de la loi dite « Grenelle 1 » du 3 août 2009, le reporting est l’obligation pour les sociétés françaises cotées sur le marché, d’inclure dans leur rapport annuel « des informations sur la manière dont elles prennent en compte les conséquences sociales et environnementales de leur activité ». En ce sens, le rapport développement durable 2010-2011 d’AF-KLM, qui présente aussi bien les politiques que les pratiques mises en œuvre, semble répondre à cette obligation. Par exemple, l’objectif « Lutter contre le changement climatique », auquel répond notamment la politique de modernisation de la flotte (p. 23), en vue de limiter les émissions de CO2, est détaillé : entre autres, au niveau de Groupe, acquisition de 6 long-courriers et 18 moyen-courriers (p. 26).

Selon l’article 225 de la loi dite « Grenelle II » du 12 juillet 2010, « les institutions représentatives du personnel et les parties prenantes participant à des dialogues avec les entreprises peuvent présenter leur avis sur les démarches de responsabilité sociale, environnementale et sociétale des entreprises en complément des indicateurs présentés. ». Non seulement AF-KLM explique ses modes de dialogue avec ses parties prenantes (tableaux p. 62 et 63), mais elle laisse également un espace dédié, intitulé « Regards croisés », à la fin de chaque section, pour qu’une partie prenante puisse s’exprimer. Ce type de démarche place le Groupe dans les 63% du G250 (Global Fortune 250), qui utilisent une approche structurée pour dialoguer avec leurs parties prenantes (KPMG2, 2008). Evidemment, les propos des personnes interrogées sont positifs ; ou montrent les futurs axes de travaux et les défis à relever, comme c’est le cas de Hans Alders, Président de l’Alders Table (p. 37). Ces personnes sont donc sélectionnées dans une démarche de communication et de promotion de la politique de développement durable du Groupe. Il s’agit bien d’un rapport Développement Durable, mais c’est également un support de communication. Le titre « Ensemble, ouvert et engagé » et l’Editorial entrent dans une démarche d’argumentation et de persuasion. Pour conclure sur ce point, ce document répond à la fois aux obligations légales et à celles imposées par sa position de leader européen du trafic aérien.

Bonnes et mauvaises nouvelles : une syntaxe proche de la communication

Utilisant, certes, ce rapport DD en tant qu’outil de communication, le Groupe AF KLM n’en oublie pas pour autant de mentionner ses résultats négatifs. L’accent est mis davantage sur les contre-performances passées afin de renforcer les progrès enregistrés et la démarche d’amélioration continue. Ainsi, le taux de participation aux réunions du Conseil d’Administration est présenté bien qu’il soit perfectible, avec 88,1 %, celui-ci augmentant si l'on ôte les réunions extraordinaires, pour atteindre 92 %. Et ceci bien que le Groupe ait mis en place un règlement intérieur au Conseil d’Administration (consultable en ligne sur la page www.airfranceklm-finance.com) et une charte éthique, figurant en annexe. Toujours dans les mauvaises nouvelles, et au risque d’être accusée de misogynie, l’entreprise délivre la répartition hommes-femmes. Les femmes ne représentent que 13 % du Conseil d’Administration. 7,7 % du Comité Exécutif d’AF et 7,3 % de celui de KLM, 25, 7 % des cadres supérieurs et dirigeants (Cf. P. 52 du rapport). Ces chiffres particulièrement bas justifient bien entendu les actions menées en 2010 et matérialisées par les indicateurs de pilotage présentés ci-après et en page 48 du rapport.

AF / objectifs | Echéance | réalisations 2010-11 | statut |

Négocier et obtenir un accord sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes | 2010 | Signature à l’unanimité des syndicats de l’accord pour l’égalitéprofessionnelle entre les femmes et les hommes en octobre 2010 | |

Renouveler les mesures d’égalisation salariale | | 543 femmes ont bénéfi cié de la mesure d’égalisation salariale en 2010 | |

Atteint Ou dépassé Source : Rapport DD AF KLM 2010-2011

Les actions menées par le Groupe s’expliquent notamment par la signature de la charte de la Diversité en Septembre 2006, l’adhésion au Pacte Mondial des Nations Unies.

Faisant preuve de transparence, AF – KLM « dénonce » le pic d’accidents du travail enregistré en 2009 et les résultats non-conformes à ceux escomptés en 2010. Et ce « en dépit des efforts menés par l’entreprise » comme cela est indiqué en p. 50. L’entreprise n’en donne toutefois aucune explication. Dans le paragraphe suivant, AF KlM indique que les Directeurs Généraux des chacune des entités ont renouvelé leur engagement de réduction des accidents du travail. AF rappelle aussi que la sécurité au travail est l’une de ces priorités. Pourtant, elle ne va pas jusqu’à identifier ces documents d’information par un logo comme la compagnie concurrente British Airways. | |

Pour conclure, AF – KLM fait preuve de transparence quant aux mauvais résultats enregistrés dans certains domaines. Pour autant, le Groupe pouvait-difficilement faire autrement. Dans le cas contraire, il s’éloignerait des valeurs qu’il met en avant dans son rapport Développement Durable.

Indicateurs : pilotage global de la démarche ou extrait de données anecdotiques ?

Les objectifs stratégiques principaux d’AF-KLM, cités comme grands « enjeux-clés », structurent le rapport. Le rapport DD présente la déclinaison opérationnelle de cette stratégie, en se servant du rapport DD pour illustrer ses réalisations en accord avec ces indicateurs de pilotage / objectifs généralement peu définis et de l’ordre du déclaratif. A titre d’exemple, l’objectif de réduction de l’empreinte carbone des opérations est illustré tantôt par des exemples d’application chez AF (ex : plan carburant permettant une économie de 1,5% de la consommation d’AF), tantôt des exemples de KLM (ex : formation des pilotes KLM). Cette myriade d’exemples s’apparente souvent à de l’anecdote du fait d’un manque de définition des chiffres donnés (année de référence manquante, périmètre non clairement expliqué, représentation des pourcentages en valeur absolue, etc.). Bien que ces nombreux exemples donnent de la matérialité aux objectifs d’AF-KLM et permettent aux lecteurs de s’appuyer sur des faits concrets, cette démarche nous amène à croire que le rapport DD est essentiellement