Au cinéma, ce qui marche bien, ce sont les scènes de rencontre. au théâtre, ce sont les scènes de rupture »

proviste, les unissant ensuite tout le long de l'histoire, ou bien d'autres cas.

Au théâtre, la scène de rupture, séparation de manière plus ou moins violente, peut se définir par une rupture dans les dialogues, une rupture spatiale, une fin d'intrigue ou une énigme, ou bien un dialogue de confrontation. Ces ruptures et dialogues, dits agonistiques, expriment une idée de lutte et de confrontation entre plusieurs personnes, amenant à cette notion de rupture. La rupture s'inscrit dans une unité de lieu, de temps et d'action précises, qui jouent toutes trois un rôle primordial dans la façon dont se déroule la rupture. Tout comme la rencontre, elle amène à un changement du fil directeur de l'histoire.

II -

Dans le cinéma, les scènes de rencontre sont utilisées pour leur nécessité à créer un élément perturbateur qui sera ici cette rencontre, ce qui permettra de poursuivre et de changer le fil de l'histoire grâce à ce changement qu'apportera la rencontre. Cette rencontre s'intégrera à l'histoire de façon à la rendre plus attrayante, de lui apporter un développement nouveau en changeant le cours des choses par rapport aux autres personnages, par exemple leur façon de penser, ou bien même leur façon d'agir. Dans tous les cas, cette rencontre apporte quelque chose de crucial. On note également que la façon dont s'exerce la rencontre dépend grandement de la disposition de cette scène, dont le cinéma arrive davantage à la mettre en valeur que le théâtre. En effet, on remarque que le changement d'angle, la capacité de voir chaque détail sur un grand écran ajusté en conséquence, permettant de mieux captiver le spectateur sur une scène qui en général ne se montre que peu active, du moins en comparaison avec la scène de rupture, se basant quant à elle sur une grande gestuelle et des exagérations dus à l'exigence qu'exige la capacité à attirer l'attention du public. Le cinéma possède une mise en scène beaucoup plus avantageuse pour cela : Tous décors possibles, pas la moindre faute d'acteurs ou de synchronisation lors de la scène, variation de la vue des angles pour créer un effet de mouvement, contrôle du cadre spatio-temporel, et autres maniements possibles afin de mettre en valeur ces scènes cinématographiques. La scène, de rencontre ou non, se trouve davantage convaincante, et ainsi, captivante. C'est pour cela que les scènes de rencontre sont plus faciles et mieux réalisées au cinéma, et non au théâtre, où il serait difficile de capter une réelle attention des spectateurs, en vue du peu de moyens mis à disposition.

Dans les pièces ou textes de théâtre, le succès de se baser au contraire sur la rupture s'explique par l'objectif que possède le théâtre à principalement amener à un drame, une tragédie, voire même à l'absurde, afin d'attirer l'attention du public. Effectivement, le réalisme est déformé et stylisé afin d'être efficace : Pour cela, le théâtre joue avec les gestes des personnages, leurs intonations, leurs caractère, leur langage corporel, leurs costumes extravagants. On peut citer l'exemple de l'égocentrique Mr Jourdain dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, un noble vaniteux, naïf et capricieux, que l'auteur a très bien réussi à mettre en avant de façon burlesque et amplifiée. Généralement, on trouve de nombreuses mimiques et exagérations de tout type, créant un effet d'amplification et d'emphase, cadre idéal pour la rupture. Les scènes qui intéresseront donc ce public seront les moments où il y aura rupture dans le quotidien de l'histoire, qui captiveront et feront réagir davantage les spectateurs. De plus, il faut prendre en compte qu'un spectateur de théâtre est loin de la scène, donc ne peut pas voir, par exemple, les expressions d'un visage. La mise-en-scène est donc chargée d'amplifier et de caractériser les sentiments par les costumes, la gestuelle, la voix, la disposition de la scène et du décor, l'éclairage etc. C'est aussi pour cette raison que les personnages sont plus caractérisés qu'au cinéma, comme par exemple Antigone et sa volonté de fer, et que le conflit entre eux est ainsi inévitable, dans la mesure où, très souvent, et du fait d'une caractérisation poussée, ce genre de personnages sont identiques et ne s'entendent guère. Cependant, on note que ces stéréotypes exagérés du théâtre visent la nature même de la réalité et de l'homme, et les scènes de rupture sont leur moyen de faire passer leur message, leur morale de l'histoire, comme par exemple les scènes de rupture dans L'avare de Molière, soulignant l'avarice en premier lieu, mais aussi la tyrannie domestique, l'égoïsme et ce qu'aujourd’hui on nomme le sexisme. Dans tous les cas, ces scènes de rupture sont indispensables à l'oeuvre.

Scene de rupture ) effet plus reel

III -

Textes et représentations concernés, le théâtre est visiblement un genre propre à exprimer le conflit (Amoureux, familiale, sociale, idéologique...) . Mais pour autant, la notion de rupture ne définit pas toujours le théâtre. Bien que l'on note que dans le genre théâtral, il y a en effet le risque qu'un sentiment de lassitude s'installe au fur et à mesure dans le public si les scènes ne sont pas attrayantes et n'attirent pas l'attention. Les scènes de rupture caractérisant le plus cette impression de mouvement, il est plus adapté de mettre en avant ces scènes de séparation brutales et poignantes. Néanmoins, on note aussi la présence de beaucoup d'autres parades attirant l'attention des spectateurs, notamment par le comique, le burlesque, la farce, ou encore le mélodrame et autres exagérations émotives.

Néanmoins, cette procédure de constantes scènes de ruptures amènent à se demander s'il est possible d'aboutir à une œuvre terminée et cohérente. Les scènes de rupture jouent bel et bien un rôle, voire le rôle le plus important, dans ce fil directeur, indispensables pour marquer un tournant et changer l'histoire. Fidèle à un registre propre à l'œuvre (Tragique, romantique, burlesque, etc.), la scène de rupture consiste à amener à ce registre de façon à répondre aux attentes des spectateurs. Par exemple, dans Don Juan de Molière, l'issue de la confrontation entre Don Juan et la statue est attendue de cette façon. L’affrontement entre Don Juan et le Pauvre appartient également au registre tragique, puisque chacun des deux protagonistes suit inexorablement sa destinée. Il est cependant indispensable de réaliser des scènes explicatives, par exemple entre Dom Juan et Sganarelle dans Don Juan, ou bien entre Alceste et Philinte ou Célimène dans le Misanthrope, afin de créer un fil directeur et ainsi une véritable histoire, au risque de paraître plus banal. C'est pourquoi beaucoup de scènes de ruptures sont présentes malgré tout.

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