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Bac blanc objet d'étude : le théâtre, texte et représentation

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ilaires quant à l’organisation de la forme du discours dramatique : ils sont construits sur des échanges de répliques entre plusieurs personnages qui s’opposent. Le théâtre est en effet le lieu où le conflit ne peut s’exprimer que par la prise de parole directe, puisqu’il n’y a pas de narrateur. ( de même que les sentiments, ce pourquoi nous avons un court monologue d’Egysthe).

Ces quatre textes ont également en commun leur thématique et la tonalité est dans l’ensemble plutôt dramatique. Dans le texte de Jarry, le roi est mort et les paysans voient apparaître un nouveau tyran, l’ Egistre de Sartre est hanté par le fantôme d’Agamemnon, Camus nous montre un Caligula proche de la folie et le roi Bérenger Ier tente encore de résister à l’idée de sa mort prochaine, pourtant inéducable et perd son pouvoir sur les êtres et la nature. Les personnages sont tous rois, des rois tyranniques, même quand ils sont affaiblis, comme Bérenger Ier, ils apparaissent despotiques, terrifiants, ( Ubu et Caligula), déchus, avilis, vides, en proie à une remise en cause angoissante ou à un aveuglement désespéré (Egisthe et Bérenger Ier). Un dernier point commun est que les quatre auteurs ont, pour construire ces figures théâtrales,puisé dans l’a-temporalité du mythe ou de l’histoire antique. Si cela est évident pour Egisthe ( mythologie grecque) et Caligula (histoire romaine), Ubu n’en a pas moins des traits du tyran moyenâgeux, alors que Bérenger Ier semble avoir bénéficier de pouvoirs divins. Ces quatre rois ne sont donc pas des figures réalistes et contemporaines du moment de l’écriture.

En conclusion, on peut penser que cette cohérence thématique et formelle témoigne d’une interrogation générale sur le rôle du pouvoir et sa légitimité individuelle ( ce que le pouvoir fait aux hommes). Les figures mises en représentation peuvent sonner comme des avertissements ou être mise en résonance avec une époque historique précise, trois des textes présentés ici étant liés historiquement aux bouleversements politiques et philosophiques qu’ont pu engendrés la période de l’occupation et les horreurs de la seconde guerre mondiale (figure du chef fasciste et nazisme)

2) La vision que nous donne ces quatre extraits s’inscrit dans une problématique a-temporelle tout en étant liée à des interrogations plus spécifiques engendrées par la situation politique du moment de leur publication et représentation. Ce qui fait que comme la thématique est constante, les images données du pouvoir se complètent plus qu’elles ne s’opposent. Critiques, les textes mettent en scène des rois tyranniques et violents, égocentriques et angoissants : des figures de la cruauté, de l’absurde, de la folie.

La cruauté morale est particulièrement évidente dans le personnage de Caligula : « un pauvre empereur que personne n’aimait. Lui, (…) il aimait Lepidus », ce pourquoi il « fit tuer son jeune fils » et il oblige ensuite le père à manger et à rire avec lui, tout en l’assurant de son amour ; « personne ne m’est plus cher que toi » et en le menaçant ouvertement : il faut que Lepidis rie « ne serait-ce que pour son plus jeune fils ». Caligula fait régner la terreur, impose ses caprices et ses ordres sont continuels « Rions ensemble », « Ecoute maintenant », « Levez-vous, riez ». Sa cruauté est particulièrement mise en évidence par son l’opposition avec une lucidité implacable : « Tout disparaît devant la peur ». Son cynisme éclate dans la valorisation de ce sentiment qui rend les hommes lâches et capables de toutes les compromissions : « ce beau sentiment, sans alliage, pur et désintéressé » est pour lui « un des seuls qui tire sa noblesse du ventre », niant ainsi toute dimension humaniste « Honnêteté, respectabilité (…), rien ne veut plus rien dire ». Caligula fait ici l’éloge de l’abandon des valeurs morales. La cruauté morale se double chez Ubu de celle des actes. Il vient d’accéder au trône et est déjà détesté. Ses premiers actes sont rapportés par un paysan : « j’ai vu emporter les corps de trois cents nobles et de cinq cents magistrats ». Lorsqu’il apparaît sur scène, ses premières paroles sont pour promettre mort et tortures : « ces messieurs te couperont les oneilles », « je tuerai tout le monde », « avec supplice et décollation du cou et de la tête. ». Egisthe, quant à lui, se décrit comme un tyran : « Je sais crier d’une voix forte, je promène partout ma grande apparence terrible et ceux qui m’aperçoivent se sentent coupables jusqu’aux moelles ». Il se défend de tout sentiment de culpabilité : « Tu vas me parler de tes remords (…) Moi je n’en ai pas. »

Ces figures sont aussi marquées par l’absurde. Le pouvoir vacille et fonctionne à vide, il n’a pas de sens politique, la tyrannie a vidé le pouvoir de sa validité. Il n’y a pas d’autres buts que l’exercice même de la puissance, pas d’humanisme. D’ailleurs, le peuple est absent de ces textes, sauf dans Ubu, mais il est alors impuissant face à la violence exercée contre lui. Il n’est qu’un objet ; « Je viens donc te dire (…) que tu aies à produire et à exhiber promptement ta finance, sinon, tu seras massacré ». Les décisions royales sont univoques et ne reposent que sur l’expression d’une volonté sans justification : « J’ai fait mettre dans le journal qu’on paierait deux fois les impôts ». Cette simple annonce a force de loi. Les inventions langagières de Jarry soutiennent ce décalage dans le non-sens : « les oneilles, les salopins des finances, le voiturin à phynances ». Chez Ionesco, l’absurde sous tend l’ensemble de la situation dramatique. Est mis en scène un roi qui ne peut accepter la perte de sa toute puissance et sa condition d’homme, simple mortel voué à disparaître. La répétition des ordres « j’ordonne » renvoie à l’autoritarisme du pouvoir, surdimensionné et peu réaliste : « J’ordonne que les arbres poussent du plancher ». Mais ces injonctions s’oppose le silence du monde : « pause » et le dérèglement de la logique arbitraire : « J’ordonne que tu restes (Juliette sort) » Bérenger semble symboliser les interrogations qu’a mis à jour le théâtre de l’absurde sur les pouvoirs de l’homme dans ses rapports au monde qui l’entoure et à lui-même : que maîtrise l’homme de son destin ? Bérenger donne à Marie des ordres comme on le ferait à un pantin : « Danse (…) tourne-toi, va vers la fenêtre », ordres auxquels elle ne peut obéir, comme une poupée désarticulée : « Mes bras retombent ». De même, Camus signale dans une didascalie : « Pendant toute la scène, les acteurs (…) pourront jouer comme des marionnettes ». Egisthe, quant à lui, se définit comme une coque vide, dans un monde sans transcendance, sans âme, sans but ni sens : « Il n’est si triste que le désert, l’innombrable néant des sables sous le néant lucide du ciel ». L’oxymore « néant lucide » met en évidence l’interrogation tragique.

Enfin, la folie guette ou mène ces quatre personnages, incarnations d’un pouvoir excessif, sans fondement humaniste.

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