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Baudelaire, « L’ennemi » (X), Les Fleurs du mal

Commentaire de texte : Baudelaire, « L’ennemi » (X), Les Fleurs du mal. Rechercher de 54 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Avril 2025  •  Commentaire de texte  •  1 565 Mots (7 Pages)  •  27 Vues

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« L’ennemi » (X), Les Fleurs du mal

Q1

V.1 Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,

Le déterminant possessif de première personne « Ma » nous oriente d’emblée vers la tonalité du lyrisme où l’énonciation revient à un locuteur-poète qui parle de sa vie.

Ce premier vers installe le registre du temps sous ses deux formes possibles :

  • la temporalité ;
  • la météorologie.

Il articule ces deux virtualités pour poser une comparaison entre sa jeunesse et un orage, jouant sur des échos du René de Chateaubriand (« Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ») qui sonnent comme un appel à une vie nouvelle.

On remarque également le temps du verbe « fut », conjugué au passé simple révolu qui postule que quelque chose a pris fin (voir aussi la formule restrictive négative « ne fut que »). La thématique du temps destructeur, assassin, s’installe.

v.2 Traversé çà et là par de brillants soleils ;

Le thème est filé :

  • thème du passage, du passager aussi, avec « Traversé » qui postule un dépassement
  • thème du beau temps avec « soleils », encore renforcé par « brillants », et multiplié par le pluriel qui postule un au-delà de l’orage

Le second vers vient donc modaliser, corriger le premier

La locution adverbiale « ça et là » véhicule une idée d’éparpillement, trahit quelque chose de sporadique, de non-maîtrisé qui confirme un rapport difficile, non linéaire au temps.

v.3 Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,

Retour à l’orage, décliné en deux de ses composants : « tonnerre » et « pluie ».

Le temps utilisé ici est le passé composé (« ont fait ») qui porte là encore une idée d’accompli, d’irréversible.

D’autant qu’« orage » (v. 1) trouve ici pour rime « ravage », qui peut prendre un sens matériel mais qui a très souvent aussi un sens métaphorique qui, en contexte, désigne les outrages du temps (« Pour réparer du temps l’irréparable outrage », Athalie, Racine).

v. 4 Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Avec le premier quatrain, la phrase s’achève.

Le temps utilisé (« reste ») est désormais le présent : l’énonciation semble avoir rattrapé l’énoncé.

Retour à l’adjectif possessif de première personne (« mon »), qui prédique désormais « jardin » qui fonctionne, en littérature, comme un équivalent du développement personnel, de la vie (« Il faut cultiver notre jardin », Candide, Voltaire).

Mais ici, sans être entièrement dépouillé, la récolte est bien maigre, comme le souligne à nouveau la formule restrictive « bien peu de ».

Mais le verbe « reste » est un verbe d’état. Il peint un état actuel mais ne signifie pas que le jardin du poète n’ait pas vu pousser des « fruits vermeils », connu des joies vives.

Il dit simplement que le temps les a moissonné(e)s.

Se refermant sur un bilan mitigé, ce premier quatrain décrit la force dévastatrice du temps.

Q2

v. 5 Voilà que j’ai touché l’automne des idées,

L’intuition que le poème traite du temps se confirme avec « l’automne », qui vient logiquement après la floraison.

Si la thématique du temps qui passe est un topos, le syntagme important ici est le complément de nom « des idées », qui vient préciser « automne », et donner un sens moins convenu à la déploration : l’angoisse n’est plus ici celle de vieillir mais celle de ne plus avoir rien de neuf à dire, ce qui serait la véritable mort.

Or, « Voilà que » semble actualiser cette crainte.

v. 6 Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux

Ce second vers du deuxième quatrain s’enchaîne au premier par coordination (« Et que... »). Il en résulte une énumération qui produit un effet d’accumulation.

Le poète file la métaphore du jardin, qui nécessite maintenant de grands travaux d’entretien (« pelle » et « râteaux »).

La périphrase modale « il faut employer », avec le semi-auxiliaire « faut » à valeur d’obligation semble ne pas souffrir d’exception.

v. 7 Pour rassembler à neuf les terres inondées,

Le vers précédent reçoit ici sa finalité : « pour rassembler à neuf les terres inondées... ».

Si l’on explicite la métaphore du jardin, la terre est le terreau où le grain lève, c’est le levain des « idées » (v. 5). L’eau, normalement nourricière, s’est déversée en trombes avec les orages et risque de noyer, donc de stériliser le jardin (le moi).

Il y a donc lieu de travailler son jardin pour en retrouver la fertilité.

La chose semble possible car le verbe (« rassembler ») n’est pas conjugué : on a ici affaire à une proposition infinitive qui indique le but à atteindre (« Pour ») : à savoir, le renouveau (« à neuf »).

v. 8 Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Fin du quatrain, fin de la phrase et fin tout court avec « tombeaux ».

De la métaphore du jardinier (lié au renouveau par son travail de la terre), on est passé à celle du fossoyeur (lié à la mort).

C’est le terme de « trous » qui assure le passage de l’un à l’autre.

T1

v. 9 Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve

Contrairement au « Et » du v. 6, qui avait une valeur de réduplication, ce « Et » à l’attaque du vers est un et de relance.

Après le choc du vers précédent, il vient relancer le processus de la vie, de la germination.

Une interrogative est lancée (« Et qui sait ») qui, pour la première fois, opère une projection dans le futur.

Ce vers alimente l’optimisme : « qui sait », « fleurs nouvelles », « rêve ».

C’est le motif traditionnel du regain, de la reverdie.

« Fleurs » est à mettre en rapport avec le titre du recueil où il désigne les poèmes, fruits du travail du poète.

v. 10 Trouveront dans ce sol lavé comme une grève

Le verbe de l’interrogative qui a pour sujet « les fleurs nouvelles que je rêve » (v. 9) est conjugué au futur, laissant planer l’espoir d’une renaissance.

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