Baudelaire, les fleurs du mal
Dissertation : Baudelaire, les fleurs du mal. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar uneeedz uneeedz • 15 Octobre 2021 • Dissertation • 1 669 Mots (7 Pages) • 3 667 Vues
Dissertation
A bien des égards, la poésie baudelairienne fut perçue comme orgiaque, sulfureuse, dénuée de toute forme morale, puisque portant l’apanage de la trivialité. L’académie en vient même à fustiger les insanités émanant de l’œuvre et condamne bon nombre de poèmes mimant l’ embourbement de la bienséance. Mais en dépit de l’ unanimité intellectuelle, d’autres penseurs voient en la singularité, le potentiel fleurissant que renferme les écrits de Baudelaire. En effet, au sortir de la parution du recueil les fleurs du mal en 1857, Théophile Gautier écrit « le poète que l’on cherche à faire passer pour une nature satanique avait l’amour du bien et du beau au plus haut degré. »
En quoi la boue et l’or est-elle une formule qui permet de rendre compte de l’esthétique du recueil de Baudelaire les fleurs du mal ?
Dans un premier temps, nous attacherons un intérêt à lever le voile sur la boue, le mal.
Puis nous mettrons en lumière la beauté que renferme le mal. Enfin, nous nous attacherons à démontrer à quel point dépasser la conscience d’un mal apparaît comme le ferment même de l’élévation poétique.
Nul ne le nie, le recueil les fleurs du mal est la peinture d’un mal odieux, l’esquisse même de la souffrance du poète, mais plus largement d’un mal qui a pris possession de l’Homme.
Dès lors, le titre illustre ce même aspect, Baudelaire dédie « ces fleurs » à Théophile Gautier, chaque poème serait alors une « fleur maladive » par laquelle s’exprime la souffrance du poète.
Par ailleurs, le titre renferme une relation de possession, par le sens local de la préposition « du », les fleurs appartiennent au mal, permettant à l’auteur d’initier son lecteur à l’utilité du mal, ferment même de la beauté, des fleurs. C’est dans cette même optique que le titre exprime la prépondérance d’un mal qui survole l’ensemble des poèmes aussi bien ceux hérités du spleen que de l’Idéal, le mal apparaît comme fondamental d’où son omniprésence dans l’art baudelairien.
Ainsi, l’auteur parvient à user de sa plume pour débusquer le mal. Celui ci se personnifie pour prendre les traits d’un sicaire qui meurtri ses ambitions. En effet, « semblable au prince des nuées » Baudelaire semble égaré dans un monde qui n’est pas le sien, pour ne pas dire « exilé sur [un] sol » vile et médiocre, en proie aux « huées ». Le poète s’apparente à l’être incompris, celui que les hommes tourne en risée, qu’ils « miment en boitant ».
L’errance du poète est tel qu’elle en vient à ouvrir la boîte de Pandore, d’autres facettes du mal en germent désormais . Une première facette est abrité sous l’ennui sempiternel, c’est le spleen. Celui ci est tel qu’il en ronge le poète et entrave, à bien des reprises, son chemin vers l’élévation. « L’esprit gémissant [d’un poète qui semble désormais] en proie aux longs ennuis ». S’ensuit alors la poursuite d’un mal métaphysique, Baudelaire est angoissé, il ne croit pas en une figure divine, mais plus en Satan. Dans les litanies de satan, le poète implore le diable et lui fait part de son mal , il dit « O Satan, prend pitié de ma longue misère », et se détourne de D, le diable étant selon lui, un être incarnant l’hégémonie « le plus savant ». De la même façon, Baudelaire mime le dévoiement des hommes, qu’il compare à « des aveugles », dont « la divine étincelle est partie ». Dans les sept vieillard, le mal physique est explicité, le lecteur entend la paralysie maladive du poète, son « âme [étant] déjà lasse » . En outre, les fleurs du mal
sont l’occasion pour l’auteur de dépeindre un mal moral, l’œuvre étant emprunte de l’orgie, le gôut pour l’immonde est clairement mis en relief, voire glorifiée. Lorsqu’il décrit la charogne, Baudelaire en vient à écrire « et le ciel regardait cette carcasse super comme une fleur s’épanouir ».
Comment cette omniprésence du mal peut être paradoxalement source de beauté ?
Dans une lettre adressée à sa mère, Baudelaire écrit « ce livre est revêtu,vous verrez, d’une beauté sinistre et froide ». Le lecteur est immédiatement plongé dans un trouble dualisme, oscillant entre le Mal et la Beauté, la boue et l’or, l’un et l’autre étant en fait, intimement mêlés. Dès lors, une démarche doit être entreprise pour dire la beauté d’un mal de prime abord abject. Pour s’y prendre, Baudelaire défini les caractéristiques de l’esthétique d’une telle thématique. D’après lui, « la sensibilité du cœur n’est pas favorable à la création poétique », le poète ne souhaite pas décrire la nature pour la figer dans l’éternité avec la peinture de ses émois, mais recherche la violence même du tragique, « l’ame puissante au crime ». Le refus du sentimentalisme apparaît ainsi comme primordiale dans sa quête vers l’Idéal. En outre, mimer les attributs de la beauté du mal prime sur le reste, quitte à heurter la morale de son temps. En effet, l’art baudelairien déroge au principe de bienséance, puisque l’art et la beauté étant selon l’auteur, deux champs inconciliables.
Les mots d’ordre désormais posés, c’est l’occasion pour le poète d’établir une dialectique entre l’or et la boue. Dans un premier temps, l’auteur parvient à percevoir l’or de la boue. Lorsqu’il fait le portrait d’une prostituée dans Allégorie, celle ci prend l’apparence d’une « femme belle et de riche encolure », si bien que sa beauté l’emporte sur la débauche, victoire de la beauté dans le monde du vice. A l’inverse, le poète œuvre de lucidité pour s’aventurer dans la face cachée de l’or, son côté « boueux ». Ainsi « voyage à Cythère » donne l’illusion d’un beau, révélant en fait l’omniprésence de la douleur et du macabre. Ceci lui permet d’aboutir à la mise en évidence d’une indissolubilité entre l’or et la boue. Dans « l’amour et la crâne », on voit l’amour tromper les hommes, endossant le rôle d’ un songe d’or tandis que la réalité en est tout autre : l’amour s’avère être un jeu « féroce et ridicule ». L’Amour étant de nature ambivalente puisque bien que destructeur, l’on ne peut négliger les instants dorés qu’il confère à l’humain.
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