Cléobis et Biton – réflexion

Autre avantage précieux aux yeux des Grecs : la mort arrive sans crier gare, ils n’ont pas le temps de la craindre. En effet, au printemps de sa vie, l’homme n’est pas encore susceptible de révéler les symptômes annonciateurs…

« Pas le temps »… cette expression est déjà revenue à plusieurs reprises. Et c’est bien là le problème : la vie est déjà tellement courte et le monde tellement grand… Si en plus elle est abrégée, comment vivre tout ce qu’un homme pourrait connaitre, voir, sentir ?

Et si jamais malheureusement la jeunesse se déroule mal ? Si elle est mal vécue ? L’homme n’aurait donc aucune chance de rectifier sa situation dans ses dernières années ? Trop tard me diriez-vous… Peut-être pas, s’il peut partir avec une image moins sombre de l’existence en profitant du temps qu’il a maintenant à sa disposition…

Et puis, un problème existentiel survient : si tout le monde mourait si jeune, la pérennité de la race serait-elle assurée ? Y aurait-il encore de beaux, forts et valeureux garçons comme Cléobis et Biton ?

Et quand bien même, admettant l’existence d’une descendance, qui transmettrait aux jeunes les connaissances et le savoir-faire ? Qui serait témoin de la vie et pourrait faire part de ses expériences ? Sans les anciens, une civilisation irait à sa perte. De plus, il est dommage de ne pas assister au fruit de son travail accompli au sein de la société. Décevant également de ne pas regarder grandir ses enfant et petits-enfants, de ne pas les voir poursuivre ce que l’on a entrepris. Un grand-père peut très bien éprouver la même joie que lorsqu’il était jeune en voyant son petit-fils jouir de la vie à son tour.

Preuve que la vieillesse apporte aussi des satisfactions, qui sont autres, certes, mais bien réelles. Moins évidentes et moins visibles, peut-être. A coup sûr, elle n’est pas uniquement synonyme de malheur. Si les personnes âgées étaient un peu plus écoutées, le jeune se rendrait peut-être compte qu’attraper des cheveux blancs n’est pas si terrible.

Enfin, il faut laisser le temps au temps. Dans un autre de ses textes, Solon disait lui-même que la sagesse s’acquiert au fil de toute une vie. Toute une vie, pas un morceau seulement ! Or, la sagesse est essentielle pour permettre à l’homme de s’épanouir complètement.

Pour conclure, nous citerons une expression latine intemporelle qui devrait libérer l’homme de tout souci et qui devrait le faire profiter des bonheurs quotidiens sans trop craindre son devenir :

« Carpe Diem »…