Commentaire linéaire Candide ou l'optimisme
Commentaire de texte : Commentaire linéaire Candide ou l'optimisme. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar ame_kc • 20 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 1 916 Mots (8 Pages) • 402 Vues
Au XVI ème siècle, l’auteur Thomas More dans son ouvrage Utopia, nous développe la notion que
nous appelons aujourd’hui « Utopie ». Etymologiquement, l’utopie représente le non-lieu. Ainsi, il
s’agit d’un lieu fictif qui se veut miroir du monde réel. Ce genre littéraire permet ainsi à tout auteur de
critiquer, de façon dissimulée, la société de son temps. Dans l’un de ses contes philosophiques publié
en 1759 intitulé Candide, Voltaire nous propose la vision d’une société utopique nommée
« Eldorado ». Ce non-lieu est présenté sous l’angle de l’idéal et fait écho aux combats menés par les
Lumières. Dans l’extrait proposé à notre étude, Candide découvre ce lieu et son fonctionnement. Dès
lors nous pourrions nous poser la question suivante : dans quelle mesure Candide nous décrit-il
l’Eldorado comme lieu parfait tant sur le plan esthétique que politique mais incomplet en l’absence de
Cunégonde ? Nous verrons ainsi dans un premier temps le décor et l’organisation de l’Eldorado (lignes
1 à 12). Ensuite la possibilité d’un lieu parfait (lignes 13 à 20). Finalement nous constaterons que ce
lieu demeure incomplet en l’absence de Cunégonde, l’amour de Candide (lignes 21 à 30).
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Pour commencer cette étude nous aborderons le décor et l’organisation de l’utopie de l’Eldorado.
L’extrait débute d’emblée sur une dimension hyperbolique avec « les édifices élevés jusqu’aux nues »
à la ligne 1. En effet, l’un des traits significatifs de l’utopie est le recours à l’exagération. Les lignes
suivantes vont quant à elles développer le décor du lieu. Des lignes 1 à 3 « Les édifices […] d’eau
rose » nous proposent une énumération de lieux et d’objets tous soumis au registre hyperbolique
développant ainsi l’aspect merveilleux de l’Eldorado. Dans le même registre, les lignes 4 à 6 « des
grandes cannes à sucre qui coulaient continuellement » et « une espèce de pierreries qui répandait une
odeur semblable au girofle ». Ces deux propositions subordonnées relatives possèdent deux rôles
distincts. La première est intéressante par la présence de l’adverbe « continuellement » qui permet
toujours de renforcer l’idée de la situation improbable avec une forme de flux infini, éternel. La
seconde proposition subordonnée relative engage davantage l’étonnement lié à la découverte du lieu.
En effet, un paradoxe semble se mettre en place dans la mesure où se sont les pierres qui dégagent une
odeur renforçant ainsi le merveilleux. In fine on notera l’usage de la comparaison « semblable au
girofle ». Ici Candide cherche à créer un rapprochement entre ce qu’il connait et ce qu’il découvre.
Dans la lancée de la découverte, Candide s’intéresse à l’organisation juridique de l’Eldorado, l’un des
Séquence 3 : « Voltaire, esprit des Lumières et auteur de contes »
Lecture analytique n°2 : Candide, chapitre XVIII, « L’Eldorado »
principes fondamentaux de l’organisation politique d’une cité et d’une société. On relève ainsi entre
les lignes 6 à 9 « Candide demanda à voir […] et on lui dit que non » un parallélisme de construction
entre le questionnement de Candide « demanda à voir la cour de justice » et « s’informa s’il y avait des
prisons », marqué ici par un système de mise en miroir entre l’usage des verbes « demanda » et
« s’informa » et des concepts « justice » et « prison », et les deux réponses négatives « ne…jamais » et
« non ». En cela, on observe que la société de l’Eldorado se repose sur une absence de la faute, de
l’erreur, ce qui renvoie à l’idée du monde parfait défendue par Candide et son maître de pensée
Pangloss.
Cependant la surprise de Candide ne s’arrête pas là. En effet, des lignes 9 à 10 « Ce qui le surprit
davantage, et qui lui fit le plus plaisir » on remarque que l’étonnement de Candide. L’utilisation du
verbe « surpris » qui, couplé à un adverbe d’intensité « davantage » souligne l’état dans lequel se
trouve le personnage. Par ailleurs, la proposition coordonnée développe la surenchère avec le
superlatif « le plus plaisir » qui met ainsi le complément d’objet direct du verbe « le palais des
sciences » en valeur. Ce dernier lieu proposé dans notre premier mouvement apparait comme une
apothéose dans les yeux de Candide. Celui-ci est développé des lignes 11 à 12 « Dans lequel on vit une
galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématiques et de physique ». Dans un
contexte qu’est celui du siècle de Lumières, Voltaire expose aux yeux de son personnage les merveilles
que représentent les outils scientifiques. Ainsi dans ce lieu, marqué par le complément circonstanciel
de lieu précédemment cité, l’usage de l’hyperbole est de rigueur : salle immense « deux mille pas » et
enrichie d’une multitude d’objets « pleine d’instruments ».
A présent nous allons nous intéresser au deuxième mouvement du texte qui propose une possibilité de
lieu idéal pour le personnage. Ce début de mouvement est marqué par une ellipse temporelle à la ligne
13 « Après avoir parcouru […] la millième partie de la ville ». A la frontière entre les deux premiers
mouvements, on constate une continuité dans l’usage de l’hyperbole « la millième partie de la ville »
marquant l’immensité géographique que représente l’Eldorado. S’en suit cependant un tournant dans
le récit en proposant à la ligne 14 « chez le roi » un changement de localisation passant de la ville à un
lieu important car demeure du pouvoir. Le déplacement chez le roi nous permet de rencontrer une
situation inédite où Candide se retrouve « entre » le roi et d’autres personnes comme on le voit avec
l’énumération présente des lignes 14 à 16 « Sa Majesté, son valet, Cacambo et plusieurs dames ».
Ainsi la préposition « entre » marque l’emplacement étonnant de Candide qui se situe au plus près du
Roi avec en complément un sentiment de convivialité et d’égalité. Aux lignes 16 à 17 « Jamais […] sa
Majesté », l’utilisation de l’adverbe de temps « Jamais » avec un usage de négation et repris en
anaphore, marque l’aspect exceptionnel de l’action en cours. Par ailleurs, Voltaire souligne une autre
fois cet aspect grâce au superlatif « meilleure » et à la comparaison de supériorité « plus d’esprit à
souper qu’en eut sa Majesté ». Ce qu’il faut déceler ici c’est la richesse des conversations entretenues
tout en respectant très honorablement son convive qu’est Candide. Toujours dans la perspective du lieu
idéal, on peut s’intéresser à la reprise du groupe nominal « les bons mots » des lignes 18 à 19. En effet,
ce groupe nominal pourvu de l’adjectif épithète antéposé « bon » n’est pas sans rappeler la philosophie
de l’Optimisme de Leibniz. Nous pouvons rappeler que cette pensée à pour objectif de proposer une
vision du « meilleur des mondes possibles ». En s’opposant logiquement aux « mauvais mots » on
comprend ici l’aspect entièrement positif des choses faisant ainsi écho à l’aspect total précédemment
évoqué où
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