Dissertation sur les limites et possibilités des récits à caractère biographique
Dissertation : Dissertation sur les limites et possibilités des récits à caractère biographique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar coline32456 • 21 Mai 2020 • Dissertation • 1 848 Mots (8 Pages) • 504 Vues
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DISSERTATION FRANÇAIS
Sujet : Jean-Jacques Rousseau a écrit: "Nul ne peut écrire la vie d'un autre homme que lui-même".
En vous appuyant sur l’œuvre au programme, Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar ,sur les textes étudiés dans la cadre du parcours associé "Soi-même comme un autre" et sur la lecture cursive de L'Art de perdre d'Alice Zeniter, vous vous interrogerez sur les limites et les possibilités de tout récit à caractère biographique.
Un récit biographique est un récit de la vie d’une personne réelle, ayant existé, et fait par quelqu’un d’autre ; ou dans le cas d’une autobiographie, fait par lui-même. Il est rédigé sans objectif esthétique et dans une perspective documentaire le plus souvent, ou pour laisser une trace. Ainsi, de nombreux auteurs ont repris la vie d’une personne connue ou moins connue,pour en faire un récit et de ce fait approfondir ou simplement remettre au jour, l’histoire de cet individu. D’autres, se sont simplement placés à la première personne dans leur récit, et racontent en détail l’histoire de leur vie, et leurs ressentis. A ce sujet, Jean-Jacques Rousseau a écrit : "Nul ne peut écrire la vie d'un autre homme que lui-même" , phrase qui remet en cause le parcours « Soi-même comme un autre ». Ainsi, nous pouvons nous demander : quelles sont les limites et les possibilités de tout récit à caractère biographique ?
Nous traiterons d’abord les possibilités et les conditions d’écritures de telles œuvres, puis nous étudierons les limites imposées à ces écritures en nous appuyant sur les textes étudiés au sein du parcours.
Tout d’abord, il s’avère tout à fait possible d’écrire la vie d’un autre, ou la sienne. En effet, peu importe la personne choisie -pourvu qu’elle existe ou ait existé-, des traces, des archives historiques, des documents, sont laissés et permettent facilement de reconstruire l’histoire de cet individu. La simple connaissance de cette personne est tout à fait concevable pour écrire sa biographie, tant que l’on a des précisions importantes. Dans le roman D’autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère raconte la vie de sa belle sœur ainsi que celle d’une famille endeuillée, rencontrée au Sri-Lanka lors du tsunami de 2004. Ici, par exemple, il décide d’écrire un roman biographique à propos d’une autre famille. Un récit biographique se doit d’être réaliste, et d’utiliser des connaissances certaines, même si cette certitude est relative. Par exemple, l’une des biographies les plus connues, L’Ancien Testament, a utilisé des témoignages ainsi que des traces écrites ou encore des documents relatant de la vie et de l’époque durant laquelle a vécu Jésus de Nazareth. Tout ce qui y est exprimé n’est pas forcément vrai ou prouvé, mais il est libre à chacun de penser et de croire ce qu’il veut par rapport à cet homme. Cette indépendance créé par exemple ici une diversité, puisque la relativité dépend de chacun et personne ne peut affirmer que tous les évènements qui ont jalonné sa vie se sont produits, ou non. La biographie apparaît donc comme un roman qui peut à la fois se fonder sur des évènements historiques, et à la fois utiliser la fiction et l’imagination de l’auteur. La véracité des faits est alors à l’appréciation du lecteur. Dans le cas de l’autobiographie, c’est encore plus simple : la personne raconte les évènements principaux et fondateurs de sa vie, en détail et avec une exploitation de ses pensées, souvenirs et ressentis précise. Tout ce qui y est exprimé est théoriquement vrai, mais il demeure des incertitudes quant à la véracité de certains faits. Jules César par exemple, a écrit son autobiographie, celle d’une partie de sa vie, un journal de guerre saisissant dans lequel il fait part de ses idées politiques et de ses stratégies : La guerre des gaules. S’il est indéniable que ce texte est une source historique importante pour la connaissance de l’Empire Romain à cette époque, il est tout aussi clair que Jules César a, avec ce texte, justifié sa politique pour asseoir son pouvoir. Il s’est servi de son autobiographie comme d’une propagande à sa gloire. Or, une septicité règne quant à l’authenticité du déroulement des événements, ou même à la pensée qu’avait l’homme politique à ce moment-là.
Ensuite, toujours objectivement, un récit à caractère biographique a la possibilité de raconter une histoire vraie, d’inventer et d’utiliser des sentiments de l’auteur, de décrire une époque plus qu’une personne. En effet, Alice Zeniter a choisi la biographie pour écrire son roman historique l’art de perdre, dans lequel elle fait les Mémoires d’une époque. Elle s’associe au personnage, se présente elle, dans une autre, et lie ses souvenirs et son vécu avec l’histoire racontée de Naima. La biographie peut aussi bien utiliser des informations historiques et vérifiées et rester impérativement dans l’objectivité. C’est d’ailleurs le choix qu’a fait Marguerite Yourcenar dans son livre Mémoires d'Hadrien. Elle a décidé de reconstruire la vie d’un autre, mais à sa manière et en n’utilisant que des sources réelles. Sans toujours connaître l’entière vérité, et sans jamais avoir la prétention d’être certains de ce qu’ils avancent, les auteurs peuvent se référer à une époque, au contexte historique durant lequel vivait le personnage principal. Ainsi, ils peuvent déduire si des informations, mêmes dites vraies, le sont vraiment. La biographie se présente ainsi comme une forme de fiction, dans laquelle se dessine une incertitude, et nous pouvons en conclure que dans chaque fiction il y a une part de biographie. Ainsi, les possibilités dans l’écriture de récits à caractère biographique sont vastes, et peuvent se résumer à si l’on a la certitude des sources utilisées, si c’est une autobiographie précise et relatant de passages réels dans l’Histoire, si des documents ou des preuves historiques prouvent certains prétendus évènements, si l’on a connu personnellement l’individu... La piste de la biographie ou de l’autobiographie d’une personne n’ayant jamais existé est aussi envisageable. Malgré ces nombreuses possibilités, qui vont à l’encontre de l’affirmation de Rousseau, un récit à caractère biographique a aussi des limites.
Dans un second temps, comme l’a clairement exprimé Jean-Jacques Rousseau dans sa phrase "Nul ne peut écrire la vie d'un autre homme que lui-même", un récit à caractère biographique a manifestement des limites. L’écrivain a d’ailleurs consolidé ses dires puisqu’il apparaît en 1782 le Préambule de ses Confessions, qui est une autobiographie qui se veut témoignant de sa singularité par rapport aux autres, « je ne suis fait comme aucun » .Or, après avoir affirmé que son œuvre serait profondément sincère, les contraintes de l’incertitude de ses souvenirs viennent se mêler. Rousseau se présente ainsi comme certain qu’un tel récit doit impérativement être écrit par soi-même, mais se retrouve confronté, lui, au Temps et à l’écriture qui malgré tout, lui feront perdre de la sincérité dans son autobiographie. Mais quelles sont donc les limites de ces récits à caractère biographique ? Dans l’écriture d’une telle œuvre, peuvent se placer des incohérences et des incertitudes. Que ce soit une biographie, écrite par un autre, ou une autobiographie, écrite par soi-même, en fonction de l’époque racontée et des connaissances que l’on a sur la personne, l’authenticité des faits peut être faussée. Nul homme ne peut connaître les sentiments et les ressentis d’un autre, même s’il a vécu des évènements similaires ou s’il pense avoir des informations précises sur les pensées de la personne dont il peint la biographie. Nul homme ne peut avoir la prétention de dire qu’il sait ce qu’un autre éprouve. Les émotions retranscrites seront forcément faussées, un auteur de biographie ne pouvant affirmer que son sujet ressent tels ou tels sentiments . Il ne pourra que les déduire puis les décrire, plongeant inconsciemment le récit dans une sorte de fiction. Même s’il cherche la sincérité, l’auteur possède une mémoire, et celle-ci, oublieuse, peut le tromper.
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